[78,6] καὶ γὰρ Σκύθας καὶ
Κελτούς, οὐ μόνον ἐλευθέρους ἀλλὰ καὶ δούλους, καὶ ἀνδρῶν καὶ
γυναικῶν ἀφελόμενος, ὡπλίκει καὶ περὶ αὑτὸν εἶχεν, ὡς καὶ μᾶλλον
αὐτοῖς ἢ τοῖς στρατιώταις θαρσῶν· τά τε γὰρ ἄλλα καὶ ἑκατονταρχίαις
σφᾶς ἐτίμα, λέοντάς τε ἐκάλει. καὶ δὴ καὶ τοῖς πρέσβεσι
τοῖς οἱ ἐκ τῶν ἐθνῶν αὐτῶν πεμπομένοις καὶ διελέγετο πολλάκις
μηδενὸς ἄλλου πλὴν τῶν ἑρμηνέων παρόντος, καὶ ἐνετέλλετο ὅπως,
ἄν τι πάθῃ, ἔς τε τὴν Ἰταλίαν ἐσβάλωσι καὶ ἐπὶ τὴν Ῥώμην ἐλαύνωσιν
ὡς καὶ εὐαλωτοτάτην οὖσαν· καὶ ἵνα δὴ μηδὲν ἐξ αὐτῶν ἐς
ἡμᾶς ἐκφοιτήσῃ, τοὺς ἑρμηνέας εὐθὺς ἐφόνευεν. οὐ μὴν ἀλλὰ τοῦτό
τε ἀπ´ αὐτῶν τῶν βαρβάρων ὕστερον ἐμάθομεν, καὶ τὸ τῶν φαρμάκων
παρὰ τοῦ Μακρίνου· πολλὰ γὰρ καὶ ποικίλα παρὰ τῶν ἐν
τῇ ἄνω Ἀσίᾳ ἀνθρώπων τὰ μὲν μετεπέμψατο τὰ δὲ καὶ ἐπρίατο,
ὥστε ἑπτακοσίας καὶ πεντήκοντα μυριάδας ἐς αὐτὰ ἀριθμηθῆναι,
ἵνα καὶ παμπόλλους, ὅσους ἂν ἐθελήσῃ, καὶ διαφόρως δολοφονήσῃ.
καὶ ἐκεῖνα μὲν ἐν τῷ βασιλικῷ μετὰ ταῦθ´ εὑρεθέντα κατεκαύθη·
τότε δὲ οἱ στρατιῶται καὶ διὰ τοῦτο, καὶ πρὸς τοῖς ἄλλοις τῷ
τοὺς βαρβάρους σφῶν προτιμᾶσθαι δυσχεραίνοντες, οὔτ´ ἄλλως
ἔτ´ ὁμοίως ἔχαιρον αὐτῷ, καὶ ἐπιβουλευθέντι οὐκ ἐβοήθησαν.
τοιούτῳ μὲν τέλει ἐχρήσατο βιούς τε ἔτη ἐννέα καὶ εἴκοσι καὶ
ἡμέρας τέσσαρας (τῇ γὰρ τετράδι τοῦ Ἀπριλίου ἐγεγέννητο) καὶ
αὐταρχήσας ἔτη {τε} ἓξ καὶ μῆνας δύο καὶ ἡμέρας δύο.
| [78,6] 6. Antonin, en effet, avait donné des armes à des Scythes et à des Celtes, tant libres qu'esclaves, qu'il avait enlevés à leurs enfants et à leurs femmes, et il les tenait autour de sa personne, ayant plus de confiance en eux que dans les soldats ; aussi, entre autres faveurs, il leur accordait des grades de
centurion et les appelait des lions. Il donnait souvent audience aux ambassadeurs envoyés par des
nations étrangères, sans que, à l'exception des interprètes, il y eût d'autres assistants que ces gardes,
et il leur donnait pour instruction, au cas où lui arriverait quelque chose, de marcher sur Rome, dont,
selon lui, il était très facile de s'emparer, et, pour que rien de cela ne transpirât jusqu'à nous, il faisait
tuer sur-le-champ les interprétes. Malgré cette précaution, nous avons appris, dans la suite, ce fait de
la bouche des barbares eux-mêmes, et de celle de Macrin ce qui avait rapport aux poisons ; car
Antonin s'en était, soit par réquisition, soit par achat, procuré auprès des habitants de la Haute-Asie
une si grande quantité et une si grande variété, que l'on compta sept millions cinq cent cinquante
mille drachmes dépensés pour cela, dans l'intention de faire périr en secret et de manières diverses,
un aussi grand nombre de personnes qu'il le voudait. Plus tard ces poisons, ayant été trouvés dans le
palais, furent tous brûlés ; {pour le moment, les soldats, irrités de cet état malheureux, et, entre
autres motifs encore, de ce qu'on leur préférait les barbares, cessèrent de porter au prince une vaine
affection, et, lorsqu'un complot s'ourdit contre lui, ils ne le secoururent pas}. Ainsi finit Antonin,
après une vie de vingt-neuf ans quatre jours (il était né le 4 avril), et un règne de six ans deux mois
et deux jours.
|