[65,3] καὶ ἐγένετο ὁ χρόνος ὁ τῆς ἀρχῆς
αὐτοῦ σύμπας οὐδὲν ἄλλο ἢ μέθαι τε καὶ κῶμοι· πάντα τε
γὰρ τὰ τιμιώτατα καὶ ἀπ´ αὐτοῦ τοῦ ὠκεανοῦ, ἵνα μηδὲν εἴπω
πλέον, καὶ ἐκ τῆς γῆς καὶ ἐκ τῆς θαλάσσης συνήγετο, καὶ πολυτελῶς
οὕτως ἐσκευάζετο ὥστε Οὐιτελλιανὰ καὶ νῦν ἐξ ἐκείνου καὶ
πέμματα καὶ ἄλλα τινὰ βρώματα ὀνομάζεσθαι. καὶ τί ἄν τις καθ´
ἕκαστον αὐτῶν καταλέγοι, ὁπότε πρὸς πάντων ὁμοίως ὡμολόγηται
δύο τε αὐτὸν μυριάδας μυριάδων καὶ δισχιλίας πεντακοσίας ἐν τῷ
τῆς ἀρχῆς χρόνῳ ἐς τὰ δεῖπνα δεδαπανηκέναι. ἐπέλιπέ τε γὰρ
πάντα τὰ πολυτίμητα δι´ ὀλίγου, καὶ ἔδει πάντως αὐτὰ εἶναι. μίαν
γοῦν ποτε λοπάδα πέντε καὶ εἴκοσι μυριάδων ἐσκεύασε, γλώττας τε
καὶ ἐγκεφάλους καὶ ἥπατα καὶ ἰχθύων καὶ ὀρνίθων τινῶν ἐμβαλών.
καὶ ἐπειδὴ ἀδύνατον ἦν κεραμεᾶν τηλικαύτην γενέσθαι, ἀργύρου
τε ἐποιήθη καὶ ἔμεινε πολὺν χρόνον ὥσπερ τι ἀνάθημα, μέχρις οὗ
Ἀδριανὸς αὐτὴν ἰδὼν συνεχώνευσεν.
| [65,3] 3. Le temps du règne de Vitellius ne fut autre chose qu'une ivresse et
une orgie perpétuelles ; on allait, pour n'en pas dire davantage, jusqu'à
l'Océan, chercher ce qu'il y a de plus précieux sur la terre et sur la mer, et
sa table était servie avec une telle somptuosité qu'aujourd'hui encore des
gâteaux et quelques autres plats s'appellent, de son nom, des mets
Vitelliens. Pourquoi, d'ailleurs, entrer dans le détail de chacun d'eux,
lorsqu'il est avéré pour tous également qu'il dépensa deux millions deux
mille cinq cents drachmes en festins durant son règne ? Les choses les
plus précieuses ne tardèrent pas, en effet, à s'épuiser toutes, et, malgré
cela, il lui en fallait n'importe de quelle manière. Ainsi, il se fit apprêter un
jour un plat composé de langues, de cervelles et de foies de poissons et
d'oiseaux, qui lui coûta deux cent cinquante mille drachmes. Comme ce
plat, à cause de sa grandeur, ne pouvait être en terre, on le fabriqua en
argent, et il subsista longtemps comme une offrande aux dieux, jusqu'au
règne d'Adrien qui, l'ayant vu, le fit mettre à la fonte.
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