[65,12] κἀκ τούτου καὶ ἴση καὶ ἀντίρροπος οὐκ ἐν τῇ ἡμέρᾳ μόνον
ἀλλὰ καὶ ἐν τῇ νυκτὶ ἡ μάχη αὐτῶν ἐγένετο. καὶ γὰρ νὺξ αὐτὴν
ἐπέλαβε, καὶ οὐδὲ ἐκείνη σφᾶς διέλυσε· τοσαύτῃ που καὶ ὀργῇ καὶ
προθυμίᾳ, καίπερ καὶ γνωρίζοντες ἀλλήλους καὶ λαλοῦντες σφίσιν,
ἐχρήσαντο. ὅθεν οὔθ´ ὁ λιμὸς αὐτοὺς οὔτε ὁ κάματος οὔτε τὸ
ψῦχος οὔθ´ ὁ σκότος, οὐ τὰ τραύματα, οὐχ οἱ φόνοι, οὐ τὰ λείψανα
τῶν προτέρων νεκρῶν, οὐχ ἡ μνήμη τοῦ πάθους, οὐ τὸ πλῆθος
τῶν μάτην ἀπολομένων ἐπράυνε· τοιαύτη τις μανία ἀμφοτέρους
ὁμοίως κατέσχε, καὶ οὕτως ἐπεθύμουν, καὶ ἐξ αὐτῆς τῆς
τοῦ χωρίου μνήμης παροξυνόμενοι, οἱ μὲν καὶ τότε νικῆσαι, οἱ δὲ
μὴ καὶ τότε ἡττηθῆναι, ὥσπερ ἀλλοφύλοις τισὶν ἀλλ´ οὐκ οἰκείοις
πολεμοῦντες, καὶ μέλλοντες ἐξ ἑκατέρου πάντες ὁμοίως ἢ αὐτίκα
ἀπολέσθαι ἢ μετὰ ταῦτα δουλεύειν. οὔκουν οὐδὲ τῆς νυκτὸς ἐπελθούσης,
ὥσπερ εἶπον, ἐνέδοσαν, ἀλλὰ καὶ ἐκκαμόντες, καὶ διὰ τοῦτο
πολλάκις καὶ ἀναπαυόμενοι καὶ ἐς λόγους ἀλλήλοις ἰόντες, ὅμως
ἠγωνίζοντο.
| [65,12] 12. A partir de ce moment, la lutte devint égale, et le succès balancé,
non seulement durant le jour, mais aussi pendant la nuit. La nuit survînt,
en effet, mais ne sépara pas les combattants, tant, quoique se
connaissant les uns les autres et se parlant entre eux, ils avaient d'ardeur
et d'acharnement. Aussi, ni la faim, ni la fatigue, ni le froid, ni l'obscurité,
ni les blessures, ni le sang versé, ni les restes de leurs camarades morts
précédemment, {ni le souvenir de leur défaite, ni le nombre de ceux qui
avaient inutilement péri}, ne purent les apaiser : tant fut grand le délire qui
s'empara des deux armées à la fois, {tant le souvenir même du lieu
excitait le désir, chez les uns, de remporter, cette fois encore, la victoire,
chez les autres, de ne pas, cette fois encore, essuyer une défaite ;
comme si la lutte eût été entre des étrangers et que de son issue eût
dépendu pour tous pareillement ou la mort sur-le-champ, ou la servitude
dans l'avenir. Aussi, la nuit qui survint, comme je l'ai dit, ne les fit pas
céder ; loin de là, bien que la fatigue les forçât plusieurs fois de se
reposer, non sans se parler les uns aux autres, ils ne laissèrent pas de combattre.}
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