[64,14] τοιαῦτα μὲν Ὄθων εἶπεν· οἱ δὲ δὴ στρατιῶται, ἐξ ὧν ἤκουον,
καὶ ἐθαύμαζον ἅμα καὶ ἠλέουν εἴ τι πείσοιτο, καὶ δάκρυσί τε
ἔκλαιον καὶ ἐθρήνουν, πατέρα τε ἀνακαλοῦντες καὶ παίδων καὶ
γονέων φίλτερον ὀνομάζοντες. "ἐν σοί" τε "καὶ ἡμεῖς σωζόμεθα"
ἔλεγον, "καὶ ὑπὲρ σοῦ πάντες ἀποθανούμεθα". καὶ ταῦτα μὲν
οὕτως ἐπὶ πλεῖστον τῆς ἡμέρας ἐλέχθη, τοῦ τε Ὄθωνος τελευτῆσαι
δεομένου καὶ ἐκείνων μὴ ἐφιέντων αὐτῷ τοῦτο ποιῆσαι, πρὶν δὴ
σιγάσας αὐτοὺς ἔφη "ἐγὼ μὲν οὐκ ἔστιν ὅπως χείρων τοῦ στρατιώτου
τούτου γενήσομαι, ὃν αὐτοὶ ἑωράκατε ὅπως ἑαυτὸν διὰ τοῦτο
μόνον ἀπέσφαξεν, ὅτι τὴν ἧτταν τῷ ἑαυτοῦ αὐτοκράτορι ἤγγειλεν·
ἀλλ´ ἀκολουθήσω πάντως αὐτῷ, ἵνα μηδὲν ἔτι τοιοῦτον μήτε ἴδω
μήτε ἀκούσω. ὑμεῖς δέ, εἴπερ ὄντως φιλεῖτέ με, ἐάσατέ με ἀποθανεῖν
ὡς βούλομαι, καὶ μή με ζῆσαι ἄκοντα ἀναγκάσητε, ἀλλὰ
πρός τε τὸν κεκρατηκότα ἄπιτε καὶ ἐκεῖνον κολακεύετε".
| [64,14] 14. Tel fut le discours d!Othon; les soldats, en entendant ces paroles
de leur chef, se sentaient pris d'admiration en même temps que de pitié
pour son malheur; ils fondaient en larmes et faisaient éclater leurs
sanglots, lui prodiguant le nom de père et protestant qu'il leur était plus
cher que leurs enfants et que leurs parents. {« C'est sur toi, disaient-ils,
que repose notre salut, nous mourrons tous pour toi. »} Ces discours
durèrent ainsi la plus grande partie du jour, Othon demandant la
permission de mettre fin à sa vie et les soldats ne lui permettant pas de le
faire. Après qu'il eut obtenu le silence, il leur dit : « Je n'aurai pas moins
de cœur que ce soldat que vous avez vu se tuer lui-même sans en avoir
eu d'autre sujet que d'avoir apporté à son empereur la nouvelle de sa
défaite; je le suivrai de toute façon pour m'affranchir de voir ou
d'entendre désormais rien de pareil. Quant à vous, si vous m'aimez
véritablement, laissez-moi mourir comme je le veux et ne me forcez pas
de vivre malgré moi ; allez trouver le vainqueur et le flattez. »
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