[62,29] ὁ δὲ Νέρων ἄλλα τε γελοῖα ἔπραττε, καί ποτε καὶ ἐπὶ τὴν
τοῦ θεάτρου ὀρχήστραν ἐν πανδήμῳ τινὶ θέᾳ κατέβη καὶ ἀνέγνω
Τρωϊκά τινα ἑαυτοῦ ποιήματα· καὶ ἐπ´ αὐτοῖς θυσίαι πολλαί,
ὥσπερ καὶ ἐπὶ τοῖς ἄλλοις ἅπασιν οἷς ἔπραττεν, ἐγένοντο. παρεσκευάζετο δὲ ὡς
καὶ τὰς τῶν Ῥωμαίων πράξεις ἁπάσας συγγράψων ἐν ἔπεσιν,
καὶ περί γε τοῦ πλήθους τῶν βιβλίων, πρὶν καὶ
ὁτιοῦν αὐτῶν συνθεῖναι, ἐσκέψατο, παραλαβὼν ἄλλους τε καὶ
Ἀνναῖον Κορνοῦτον εὐδοκιμοῦντα τότε ἐπὶ παιδείᾳ. καὶ αὐτὸν
ὀλίγου μὲν καὶ ἀπέκτεινεν, ἐς νῆσον δ´ οὖν ἐνέβαλεν, ὅτι τινῶν
τετρακόσια ἀξιούντων αὐτὸν βιβλία γράψαι, πολλά τε αὐτὰ εἶναι
ἔφη καὶ μηδένα αὐτὰ ἀναγνώσεσθαι, καί τινος εἰπόντος "καὶ μὴν
Χρύσιππος, ὃν ἐπαινεῖς καὶ ζηλοῖς, πολὺ πλείω συνέθηκεν"
ἀπεκρίνατο ὅτι "ἀλλ´ ἐκεῖνα χρήσιμα τῷ τῶν ἀνθρώπων βίῳ
ἐστίν". ὁ μὲν οὖν Κορνοῦτος φυγὴν ἐπὶ τούτῳ ὦφλεν, ὁ δὲ δὴ
Λουκανὸς ἐκωλύθη ποιεῖν, ἐπειδὴ ἰσχυρῶς ἐπὶ τῇ ποιήσει ἐπῃνεῖτο.
| [62,29] 29. Néron, entre autres extravagances, descendit enfin sur
l'orchestre du théâtre en présence de tout le peuple et y lut un poëme,
dont il était l'auteur, sur la ruine de Troie; à cette occasion, on offrit,
comme pour toutes les autres choses qu'il faisait, de nombreux sacrifices.
Il se disposait aussi à écrire en vers l'histoire entière de Rome; il songeait,
préalablement à toute composition, au nombre des livres, assisté, entre
autres, d'Annaeus Cornutus, personnage alors estimé pour son savoir.
Peu s'en fallut pourtant qu'il ne le fît mourir; il le relégua dans une île,
parce que, plusieurs estimant que Néron devait écrire quatre cents livres,
il avait dit que c'était beaucoup, et que personne ne les lirait ; puis,
comme on lui eut répliqué : « Cependant Chrysippe, que tu loues et que
tu cherches à imiter, en a composé bien davantage, » il avait répondu :
« Oui, mais ces livres sont utiles à la vie de l'homme. » Cornutus donc fut
puni de cette réponse par l'exil; quant à Lucain, défense lui fut faite de
cultiver la poésie, à cause des grands éloges que ses vers lui attiraient.
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