[72,6] Κονδιανὸς δὲ Σέξτος ὁ τοῦ Μαξίμου υἱός, φύσει τε καὶ παιδείᾳ τῶν
ἄλλων διαφέρων, ἐπειδὴ ᾔσθετο καὶ τῆς ἐς αὐτὸν φερούσης θανατηφόρου
ψήφου (διέτριβε δὲ ἐν Συρίᾳ), αἷμα λαγὼ ἔπιε,
καὶ μετὰ τοῦτ´ ἐπί τε ἵππον ἀνέβη καὶ κατέπεσεν ἀπ´ αὐτοῦ ἐπίτηδες, τό
τε αἷμα ἤμεσεν ὡς ἴδιον, καὶ ἀρθεὶς ὡς καὶ παραχρῆμα
τελευτήσων ἐς οἴκημα ἐκομίσθη, καὶ αὐτὸς μὲν ἀφανὴς ἐγένετο,
κριοῦ δὲ σῶμα ἐς λάρνακα ἀντ´ αὐτοῦ ἐμβληθὲν ἐκαύθη. καὶ ἐκ
τούτου ὁ μὲν ἀμείβων ἀεὶ τὸ σχῆμα καὶ τὴν ἐσθῆτα ἄλλοτε ἄλλῃ
ἐπλανᾶτο, διαδοθέντος δὲ τοῦ λόγου τούτου (οὐ γὰρ οἷόν τ´ ἐστὶ
τὰ τηλικαῦτα ἐπὶ πολὺν χρόνον λανθάνειν) ζήτησις αὐτοῦ μεγάλη
πανταχοῦ ὁμοίως ἐγένετο, καὶ πολλοὶ μὲν ἀντ´ αὐτοῦ δι´ ὁμοιότητα
πολλοὶ δὲ ὡς καὶ συνεγνωκότες τι αὐτῷ ἢ καὶ ὑποδεδεγμένοι πῃ
αὐτὸν ἐκολάσθησαν, ἔτι δὲ πλείους οὐδὲ ἑορακότες ποτὲ ἴσως αὐτὸν τῶν
οὐσιῶν ἐστερήθησαν. καὶ ὁ μὲν εἴτε ὄντως ἐσφάγη (πλεῖσται γὰρ κεφαλαὶ
ὡς ἐκείνου οὖσαι ἐς τὴν Ῥώμην ἐκομίσθησαν)
εἴτε καὶ ἀπέφυγεν, οὐδεὶς οἶδεν· ἕτερος δέ τις ἐτόλμησε μετὰ τὸν
τοῦ Κομμόδου θάνατον Σέξτος τε εἶναι φῆσαι καὶ πρὸς ἀνάληψιν
τοῦ τε πλούτου καὶ τοῦ ἀξιώματος αὐτοῦ ὁρμῆσαι. καὶ πολλά γε
ὑπὸ πολλῶν ἀνακριθεὶς ἐκομψεύσατο, ὡς μέντοι καὶ τῶν Ἑλληνικῶν τι
αὐτὸν ὁ Περτίναξ, ὧν ἐκεῖνος διεπεφύκει, ἀνήρετο, πλεῖστον
ἐσφάλη, μηδὲ συνεῖναι τὸ λεγόμενον δυνηθείς. οὕτω που τὸ μὲν
εἶδος ἐκ φύσεως καὶ τἆλλα ἐξ ἐπιτηδεύσεως αὐτῷ ἐῴκει, τῆς δὲ δὴ
παιδείας αὐτοῦ οὐ μετεσχήκει.
| [72,6] Pour ce qui est de Sextus Condianus, fils de Maximus, jeune homme
distingué entre tous par ses qualités naturelles et par son éducation,
quand il apprit l'arrêt de mort porté contre lui aussi (il était alors en
Syrie), il but du sang de lièvre, monta à cheval et se laissa tomber à
dessein ; il vomit ce sang comme si c'eût été le sien ; relevé alors comme
un homme sur le point d'expirer, il fut transporté dans sa demeure, puis
il disparut, et ce fut un bélier dont le cadavre fut brûlé dans le
cercueil, où on le mit à sa place. Depuis lors, changeant sans cesse
d'équipage et d'habits, il erra de contrée en contrée ; mais, le bruit
s'en étant répandu (une chose de ce genre ne saurait demeurer longtemps
cachée), on fit de grandes recherches en tous lieux à la fois, et beaucoup
furent en sa place, soit à cause de leur ressemblance, soit à cause de
leur prétendue complicité, soit sous prétexte de l'avoir secrètement reçu,
livrés au supplice ; un plus grand nombre encore, qui peut-être ne
l'avaient jamais vu, furent dépouillés de leurs biens. Quant à Sextus,
fut-il tué véritablement (on apporta à Rome plusieurs têtes comme étant la
sienne), ou s'échappa-t-il, c'est ce que personne n'a su ; toujours est-il
qu'après la mort de Commode, il se trouva un homme qui osa prendre le nom
de Sextus et essayer de s'emparer de ses biens et de ses dignités. Dans
les nombreuses épreuves auxquelles il fut soumis par nombre de gens, il en
imposa par son assurance ; mais Pertinax lui ayant adressé une question en
grec, langue dans laquelle Sextus avait été, pour ainsi dire, bercé, cet
imposteur fit plusieurs fautes, sans même pouvoir comprendre ce qu'on lui
disait. Voilà jusqu'à quel point la nature lui avait donné l'extérieur,
et l'étude les autres ressemblances avec Sextus ; mais, pour la science,
il n'avait rien de commun avec lui.
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