[72,14] Κόμμοδος δὲ ἀπὸ τῶν εὐθυμιῶν καὶ παιδιῶν ἀνανεύων ἐφόνα
καὶ τοὺς ἐπιφανεῖς ἄνδρας διεχειρίζετο· ὧν ἦν καὶ Ἰουλιανὸς ὁ
ἔπαρχος, ὃν καὶ δημοσίᾳ περιελάμβανέ τε καὶ κατεφίλει καὶ πατέρα
ὠνόμαζεν, Ἰούλιός τε Ἀλέξανδρος, οὗτος μὲν ὡς καὶ λέοντα ἀπὸ
τοῦ ἵππου κατακοντίσας· ὅστις ἐπειδὴ καὶ τοὺς σφαγέας παρόντας
ᾔσθετο, ἐκείνους τε τῆς νυκτὸς ἐφόνευσε, καὶ τῶν Ἐμεσηνῶν, ὅθεν
ἦν, τοὺς ἐχθροὺς τοὺς ἑαυτοῦ πάντας προσκατεχρήσατο, ποιήσας
δὲ ταῦτα ἵππον τε ἀνέβη καὶ πρὸς τοὺς βαρβάρους ὥρμησε. κἂν
ἐξέφυγεν, εἰ μὴ παιδικά τινα συνεπῆκτο· αὐτὸς μὲν γὰρ κράτιστα
ἵππευε, τὸ δὲ μειράκιον καμὸν οὐχ ὑπέμεινε καταλιπεῖν, ἀλλ´ ὡς
κατελαμβάνετο, ἀπέκτεινε καὶ ἐκεῖνον καὶ ἑαυτόν. ἀνῃρέθη δὲ καὶ
Διονύσιος πρὸς τοῦ Κομμόδου, ὁ ἐπὶ τοῦ σίτου ταχθείς.
γέγονε δὲ καὶ νόσος μεγίστη ὧν ἐγὼ οἶδα· δισχίλιοι γοῦν πολλάκις
ἡμέρας μιᾶς ἐν τῇ Ῥώμῃ ἐτελεύτησαν. πολλοὶ δὲ καὶ ἄλλως
οὐκ ἐν τῷ ἄστει μόνον ἀλλὰ καὶ ἐν ὅλῃ ὡς εἰπεῖν τῇ ἀρχῇ ὑπ´
ἀνδρῶν κακούργων ἀπέθανον· βελόνας γὰρ μικρὰς δηλητηρίοις τισὶ
φαρμάκοις ἐγχρίοντες ἐνίεσαν δι´ αὐτῶν ἐς ἑτέρους ἐπὶ μισθῷ τὸ
δεινόν· ὅπερ που καὶ ἐπὶ τοῦ Δομιτιανοῦ ἐγεγόνει.
| [72,14] Commode, pour respirer après les plaisirs et les divertissements,
versait le sang et mettait à mort des citoyens illustres : parmi eux fut
Julianus, préfet du prétoire, qu'il serrait dans ses bras et embrassait en
public, et à qui il donnait le nom de père ; ainsi que Julius Alexander
(ce dernier pour avoir, du haut d'un cheval, tué un lion à coups de
javelot). Quand Alexander comprit que les meurtriers venaient à lui, il
profita de la nuit pour les tuer et mettre à mort tous ceux des Emésiens,
ses compatriotes, qui étaient ses ennemis, puis, cela fait, il sauta sur
un cheval et s'enfuit chez les barbares. Il eût échappé sans un mignon qui
l'embarrassa ; il était bon cavalier, mais il ne supporta pas d'abandonner
l'enfant fatigué ; une fois pris, il se tua, lui et son compagnon.
Dionysius, intendant de l'annone, fut également mis à mort par Commode. Il
survint aussi la plus terrible des maladies dont j'aie eu connaissance :
deux mille personnes mouraient souvent à Rome dans un seul jour... Un
grand nombre d'autres personnes périrent encore, non seulement dans la
ville, mais clans toute l'étendue, pour ainsi dire, de l'empire, victimes
de scélérats, qui, armés de petites broches enduites d'un poison mortel,
lançaient ainsi, moyennant salaire, le mal sur d'autres, ce qui avait eu
lieu déjà sous Domitien. Mais leur mort n'était comptée pour rien.
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