[72,11] ὅτι τῷ Οὐικτωρίνῳ πολιαρχήσαντι ἀνδριὰς ἔστη.
ἀπέθανε δὲ οὐκ ἐξ ἐπιβουλῆς, καὶ δή ποτε πολλῆς μὲν φήμης
πολλῶν δὲ καὶ λόγων ὡς εἰπεῖν περὶ τοῦ ὀλέθρου αὐτοῦ
γιγνομένων ἀπεθρασύνατο, καὶ πρὸς τὸν Περέννιον προσελθὼν
"ἀκούω" ἔφη "ὅτι με ἀποκτεῖναι ἐθέλετε· τί οὖν
μέλλετε; τί δὲ ἀναβάλλεσθε, ἐξὸν ὑμῖν ἤδη καὶ τήμερον αὐτὸ δρᾶσαι;"
ἀλλ´ οὐδὲν οὐδὲ ἐκ τούτου δεινὸν ὑπ´ ἄλλου τινὸς ἔπαθεν,
ἀλλ´ αὐτομάτῳ θανάτῳ ἐχρήσατο, καίπερ καὶ ὑπὸ τοῦ Μάρκου
ἐν τοῖς πάνυ τιμηθείς, καὶ τῇ τῆς ψυχῆς ἀρετῇ καὶ τῇ τῶν λόγων
παρασκευῇ οὐδενὸς τῶν καθ´ ἑαυτὸν δεύτερος γενόμενος. ἀμέλει δύο
ταῦτ´ εἰπὼν πάντα τὸν τρόπον αὐτοῦ δηλώσω. τῆς τε
Γερμανίας ποτὲ ἄρχων τὸ μὲν πρῶτον οἴκοι καθ´ ἑαυτὸν ἐπειράθη
τὸν ὑποστράτηγον πεῖσαι μὴ δωροδοκεῖν, ἐπεὶ δ´ οὐκ ἐσήκουεν
αὐτοῦ, ἀνέβη τε ἐπὶ τὸ βῆμα καὶ σιωπὴν τῷ κήρυκι κηρῦξαι προστάξας
ὤμοσε μήτ´ εἰληφέναι δῶρά ποτε μήτε λήψεσθαι, ἔπειτα
καὶ ἐκεῖνον ὀμόσαι ἐκέλευσεν, ὡς δ´ οὐκ ἠθέλησεν ἐπιορκῆσαι, ἐκέλευσεν
αὐτὸν ἀπαλλαγῆναι τῆς ἀρχῆς· καὶ μετὰ τοῦτο τῆς Ἀφρικῆς ἡγεμονεύσας
ἕνα τῶν παρέδρων ὁμοιότροπόν πως ἐκείνῳ ὄντα
τοῦτο μὲν οὐκ ἐποίησεν, ἐπὶ πλοῖον δέ τι ἐπιθεὶς ἐς τὴν Ῥώμην
ἀπέπεμψεν.
| [72,11] Une statue fut érigée à Victorinus, qui avait été préfet de Rome.
Victorinus ne fut pas victime d'un complot : un jour, comme il circulait
beaucoup de rumeurs et, pour ainsi dire, de propos annonçant sa perte, il
fit un acte hardi ; allant trouver Pérennis : «J'apprends, lui dit-il, que
vous voulez me mettre à mort ; pourquoi donc hésiter ? pourquoi différer,
puisqu'il vous est loisible de le faire dès aujourd'hui ?» Malgré cela,
Victorinus n'eut aucun mal à souffrir de la part de qui que ce fût ; il
mourut de mort naturelle, bien qu'il eût été un de ceux qui avaient reçu
de Marc-Antonin le plus d'honneurs et qu'il ne le cédât à personne de son
siècle en force d'âme et en éloquence. Deux exemples me suffiront pour
montrer son caractère tout entier. Dans le temps qu'il commandait en
Germanie, il essaya, d'abord seul à seul en particulier, de persuader à
son lieutenant de ne pas se laisser corrompre par présents ; celui-ci ne
lui ayant pas obéi, il monta sur son tribunal, et, faisant faire silence
par le héraut, il jura qu'il n'avait jamais reçu de présents et qu'il
n'en recevrait jamais ; puis il ordonna à son lieutenant de jurer à son
tour ; celui-ci n'ayant pas voulu faire un faux serment, il le destitua de
toutes ses dignités. {Plus tard, dans son gouvernement d'Afrique, au lieu
d'agir de même à l'égard d'un de ses assesseurs qui tenait une conduite
semblable à celle de ce lieutenant, il l'envoya à Rome sur un vaisseau.}
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