[69,6] ἦγε δὲ καὶ τὸν δῆμον τῶν Ῥωμαίων ἐμβριθῶς μᾶλλον ἢ θωπευτικῶς·
καί ποτε ἰσχυρῶς αἰτοῦντί τι ἐν ὁπλομαχίᾳ οὔτε ἔνειμε,
καὶ προσέτι ἐκέλευσε τοῦτο δὴ τὸ τοῦ Δομιτιανοῦ κηρυχθῆναι
"σιωπήσατε". οὐκ ἐλέχθη μὲν γάρ· ὁ γὰρ κῆρυξ ἀνατείνας τὴν
χεῖρα καὶ ἐξ αὐτοῦ τούτου ἡσυχάσας, ὥσπερ εἰώθασι ποιεῖν (οὐ
γὰρ ἔστιν ὁπότε ὑπὸ κηρύγματος σιγάζονται), ἐπειδὴ ἐσιώπησαν,
ἔφη "τοῦτ´ ἐθέλει". καὶ οὐχ ὅτι τινὰ ὀργὴν τῷ κήρυκι ἔσχεν, ἀλλὰ
καὶ ἐτίμησεν αὐτὸν ὅτι τὴν δυσχέρειαν τοῦ κελεύσματος οὐκ ἐξέφησεν.
ἔφερε γὰρ τὰ τοιαῦτα, καὶ οὐκ ἠγανάκτει εἴ τι καὶ παρὰ
γνώμην καὶ πρὸς τῶν τυχόντων ὠφελοῖτο. ἀμέλει γυναικὸς παριόντος
αὐτοῦ ὁδῷ τινι δεομένης, τὸ μὲν πρῶτον εἶπεν αὐτῇ ὅτι "οὐ
σχολάζω", ἔπειτα ὡς ἐκείνη ἀνακραγοῦσα ἔφη "καὶ μὴ βασίλευε",
ἐπεστράφη τε καὶ λόγον αὐτῇ ἔδωκεν.
| [69,6] Il menait le peuple romain avec plus de sévérité que de courtoisie. Un
jour, où, dans un combat de gladiateurs, on lui demandait une grâce avec
instance, il ne l'accorda pas, et, de plus, donna l'ordre au héraut de
répéter le mot de Domitien : "Faites silence". Cette parole ne fut pas
prononcée, car le héraut ayant étendu la main et obtenu le calme par ce
seul geste, comme c'est la coutume (quelquefois, en effet, l'intervention
du héraut est nécessaire pour obtenir le silence), dit, lorsque le silence
régna : «Voilà ce que veut l'empereur». Adrien, loin de témoigner de la
colère contre le héraut, lui sut gré de n'avoir pas fait sentir ce que
l'ordre avait de fâcheux. Il supportait, en effet, ces libertés, et ne
s'irritait pas que n'importe qui lui rendit service contre son sentiment.
Ainsi, une femme lui ayant adressé une demande dans une rue où il passait,
il lui répondit d'abord. «Je n'ai pas le temps» ; ensuite, celle-ci lui
ayant réparti d'un ton élevé : «Ne sois donc pas empereur», il se retourna
et lui donna audience.
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