[68,14] Τραϊανὸς δὲ διὰ ταύτης τῆς γεφύρας τὸν Ἴστρον περαιωθείς,
καὶ δι´ ἀσφαλείας μᾶλλον ἢ διὰ σπουδῆς τὸν πόλεμον ποιούμενος,
σὺν χρόνῳ καὶ μόλις ἐκράτησε τῶν Δακῶν, πολλὰ μὲν αὐτὸς στρατηγίας
ἔργα καὶ ἀνδρίας ἐπιδειξάμενος, πολλὰ δὲ καὶ τῶν στρατιωτῶν
αὐτῷ κινδυνευσάντων καὶ ἀριστευσάντων. ἔνθα δὴ καὶ
ἱππεύς τις κακῶς πληγεὶς ἐξήχθη μὲν ἐκ τῆς μάχης ὡς καὶ θεραπευθῆναι
δυνάμενος, αἰσθόμενος δὲ ὡς ἀνιάτως ἔχοι ἔκ τε τοῦ
σκηνώματος ἐξεπήδησεν (οὐ γάρ πω τὸ κακὸν αὐτοῦ καθῖκτο) καὶ
ἐς τάξιν αὖθις καθιστὰς ἑαυτὸν ἀπέθανε, μεγάλα ἐπιδειξάμενος.
Δεκέβαλος δέ, ὡς καὶ τὸ βασίλειον αὐτοῦ καὶ ἡ χώρα κατείληπτο
σύμπασα καὶ αὐτὸς ἐκινδύνευεν ἁλῶναι, διεχρήσατο ἑαυτόν, καὶ
ἡ κεφαλὴ αὐτοῦ ἐς τὴν Ῥώμην ἀπεκομίσθη· καὶ οὕτως ἡ Δακία
Ῥωμαίων ὑπήκοος ἐγένετο, καὶ πόλεις ἐν αὐτῇ ὁ Τραϊανὸς κατῴκισεν.
εὑρέθησαν δὲ καὶ οἱ τοῦ Δεκεβάλου θησαυροί, καίτοι ὑπὸ
τὸν ποταμὸν τὸν Σαργετίαν τὸν παρὰ τοῖς βασιλείοις αὐτοῦ κεκρυμμένοι.
διὰ γὰρ αἰχμαλώτων τινῶν τόν τε ποταμὸν ἐξέτρεψε
καὶ τὸ ἔδαφος αὐτοῦ ὤρυξε, καὶ ἐς αὐτὸ πολὺν μὲν ἄργυρον πολὺν
δὲ χρυσόν, τά τε ἄλλα τὰ τιμιώτατα καὶ ὑγρότητά τινα ἐνεγκεῖν
δυνάμενα, ἐμβαλὼν λίθους τε ἐπ´ αὐτοῖς ἐπέθηκε καὶ χοῦν ἐπεφόρησε
καὶ μετὰ τοῦτο τὸν ποταμὸν ἐπήγαγε· καὶ ἐς τὰ σπήλαια
διὰ τῶν αὐτῶν ἐκείνων τά τε ἱμάτια καὶ τὰ ἄλλα τὰ ὁμοιότροπα
κατέθετο. ποιήσας δὲ ταῦτα διέφθειρεν αὐτούς, ἵνα μηδὲν ἐκλαλήσωσι.
Βίκιλις δέ τις ἑταῖρος αὐτοῦ, τὸ γεγονὸς εἰδώς, ἑάλω τε
καὶ κατεμήνυσε ταῦτα.
κατὰ δὲ τὸν αὐτὸν τοῦτον χρόνον καὶ Πάλμας τῆς Συρίας
ἄρχων τὴν Ἀραβίαν τὴν πρὸς τῇ Πέτρᾳ ἐχειρώσατο καὶ Ῥωμαίων
ὑπήκοον ἐποιήσατο.
| [68,14] 14. Franchissant donc l'Ister sur ce pont, et menant la guerre avec plus
de prudence et de sûreté que d'ardeur, Trajan, avec le temps et non sans
peine, vainquit les Daces, après maint prodige de sa part et comme général
et comme homme, après maint danger affronté ou fait d'armes accompli par
ses soldats. Un d'eux, un cavalier, grièvement blessé, fut emporté du
combat comme s'il eût été possible de le guérir ; mais, ayant reconnu que
sa blessure était sans remède, il s'élança de sa tente (le mal n'était pas
encore arrivé à son terme), et, se remettant lui-même à son rang, il
mourut après des prodiges de valeur. Quant à Décébale, comme sa résidence
royale et son royaume tout entier étaient au pouvoir des vainqueurs, et
qu'il courait lui-même le risque d'être pris, il se donna la mort, et sa
tête fut portée à Rome. C'est ainsi que la Dacie fut réduite sous
l'obéissance des Romains, et Trajan y colonisa plusieurs villes. Les
trésors de Décébale furent trouvés, bien que cachés sous le fleuve
Sargétia, qui baigne la résidence royale. Décébale, en effet, avait, avec
l'aide de captifs, détourné le fleuve ; il en avait creusé le fond, et,
après y avoir enfoui quantité d'argent et d'or et tout ce qu'il avait de
précieux pouvant jusqu'à un certain point souffrir l'humidité, mis des
pierres et entassé de la terre par dessus, il avait ensuite ramené le
fleuve dans son lit ; il avait aussi fait mettre en dépôt, par ces mêmes
captifs, dans des cavernes des vêtements et autres objets de la sorte.
Puis, cela fait, il avait égorgé les captifs, afin de les empêcher de rien
révéler. Mais Bicilis, un de ses intimes amis, qui avait connaissance de
ce qui s'était passé, fut pris et révéla le secret. Vers ce même temps
aussi , Palma, gouverneur de Syrie, s'empara de la partie de l'Arabie qui
environne Pétra, et la réduisit sous l'obéissance des Romains.
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