HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre LVII

Chapitre 20-21

  Chapitre 20-21

[57,20] ἐπεὶ δὲ Τιβέριος τὴν ὕπατον ἀρχὴν ἦρξε μετὰ τοῦ Δρούσου, εὐθὺς οἱ ἄνθρωποι τὸν ὄλεθρον τῷ Δρούσῳ ἐξ αὐτοῦ τούτου προεμαντεύσαντο· οὐ γὰρ ἔστιν ὅστις τῶν ὑπατευσάντων ποτὲ μετ´ αὐτοῦ οὐ βιαίως ἀπέθανεν, ἀλλὰ τοῦτο μὲν Οὐᾶρος Κυιντίλιος, τοῦτο δὲ Πίσων Γναῖος τε Γερμανικὸς αὐτὸς βιαίως καὶ κακῶς ἀπώλοντο. τοιούτῳ τινί, ὡς ἔοικε, διὰ βίου δαίμονι συνεκεκλήρωτο. ἀμέλει καὶ Δροῦσος τότε καὶ Σεϊανὸς μετὰ ταῦτα συνάρξαντές οἱ ἐφθάρησαν. ἐκδημοῦντος δὲ τοῦ Τιβερίου Γάιος Λουτώριος Πρίσκος ἱππεύς, ἄλλως τε μέγα ἐπὶ ποιήσει φρονῶν καὶ ἐπιτάφιον ἐπὶ τῷ Γερμανικῷ ἐπιφανῆ συγγράψας, ὥστε καὶ χρήματα δι´ αὐτὸν πολλὰ λαβεῖν, αἰτίαν ἔσχεν ὡς καὶ ἐπὶ τῷ Δρούσῳ ποίημα παρὰ τὴν νόσον αὐτοῦ συντεθεικώς, καὶ ἐκρίθη τε διὰ τοῦτο ἐν τῇ βουλῇ καὶ κατεδικάσθη καὶ ἀπέθανεν. οὖν Τιβέριος ἀγανακτήσας, οὐχ ὅτι ἐκεῖνος ἐκολάσθη ἀλλ´ ὅτι τις ὑπὸ τῶν βουλευτῶν ἄνευ τῆς ἑαυτοῦ γνώμης ἐθανατώθη, ἐπετίμησέ τε αὐτοῖς, καὶ δόγματι παραδοθῆναι ἐκέλευσε μήτ´ ἀποθνήσκειν ἐντὸς δέκα ἡμερῶν τὸν καταψηφισθέντα ὑπ´ αὐτῶν, μήτε τὸ γράμμα τὸ ἐπ´ αὐτῷ γενόμενον ἐς τὸ δημόσιον ἐντὸς τοῦ αὐτοῦ χρόνου ἀποτίθεσθαι, ὅπως καὶ ἀποδημῶν προπυνθάνηται τὰ δόξαντά σφισι καὶ ἐπιδιακρίνῃ. [57,20] Lorsque Tibère fut consul avec Drusus, on tira aussitôt de ce fait même l'augure de la perte de Drusus; car il n'est pas un seul de ceux qu'il eut pour collègues dans le consulat qui ne soit mort de mort violente : ici c'est Quintilius Varus; là c'est Cn. Pison et Germanicus lui-même, qui perdent la vie par la violence et d'une façon misérable. Cela était dû vraisemblablement à l'influence d'un génie attaché par le sort à Tibère durant sa vie. Ce qui est certain, c'est que Drusus, alors son collègue, et Séjan, qui le fut plus tard, périrent de la sorte. Pendant l'absence de Tibère, un chevalier, Cn. Lutorius Priscus, poète d'un grand talent et auteur de vers où il avait déploré avec succès le trépas de Germanicus, et pour lesquels il avait reçu de César une gratification, fut accusé d'avoir également composé un poème pour célébrer Drusus pendant sa maladie : il fut jugé pour ce fait dans le sénat, condamné et exécuté. Tibère, qu'irrita non le châtiment de Lutorius, mais la mise à mort d'un citoyen par ordre du sénat sans sa participation, fit des réprimandes aux sénateurs, et les obligea de porter un règlement en vertu duquel aucun de ceux qu'ils auraient condamnés ne serait exécuté qu'après un délai de dix jours, et que le décret de condamnation ne serait déposé au trésor public qu'après même délai; il voulait pouvoir, même absent, prendre auparavant connaissance de leur résolution, et prononcer en dernier ressort.
[57,21] καὶ μετὰ τοῦτο ἐξελθούσης αὐτῷ τῆς ὑπατείας ἔς τε τὴν Ῥώμην ἦλθε, καὶ τοὺς ὑπάτους συναγορεύειν τισὶν ἐκώλυσεν, εἰπὼν ὅτι "εἰ ὑπάτευον, οὐκ ἂν ἐποίησα τοῦτο." ἐπειδή τε τῶν στρατηγούντων τις αἰτίαν, ὡς καὶ ἀσεβές τι ἐς αὐτὸν εἰρηκὼς καὶ πεποιηκώς, λαβὼν ἐξῆλθέ τε ἐκ τοῦ συνεδρίου, καὶ τὴν ἀρχικὴν στολὴν ἐκδὺς ἐπανῆλθέ τε καὶ κατηγορηθῆναι παραχρῆμα ὡς καὶ ἰδιωτεύων ἠξίωσε, δεινῶς τε ἤλγησε καὶ οὐκέτ´ αὐτοῦ ἥψατο. τοὺς δὲ ὀρχηστὰς τῆς τε Ῥώμης ἐξήλασε καὶ μηδαμόθι τῇ τέχνῃ χρῆσθαι προσέταξεν, ὅτι τάς τε γυναῖκας ᾔσχυνον καὶ στάσεις ἤγειρον. ἄλλους μὲν δὴ οὖν καὶ πολλούς γε τῶν τελευτώντων καὶ ἀνδριᾶσι καὶ δημοσίαις ταφαῖς ἐτίμα, τὸν δὲ δὴ Σεϊανὸν ζῶντα ἐν τῷ θεάτρῳ χαλκοῦν ἔστησε. κἀκ τούτου πολλαὶ μὲν ὑπὸ πολλῶν εἰκόνες αὐτοῦ ἐποιήθησαν, πολλοὶ δὲ καὶ ἔπαινοι καὶ παρὰ τῷ δήμῳ καὶ παρὰ τῇ βουλῇ ἐγίγνοντο, ἔς τε τὴν οἰκίαν αὐτοῦ οἵ τε ἄλλοι οἱ ἐλλόγιμοι καὶ οἱ ὕπατοι αὐτοὶ ὑπὸ τὸν ὄρθρον συνεχῶς ἐφοίτων, καὶ τά τε ἴδια αὐτῷ πάντα, ὅσα τινὲς ἀξιώσειν παρὰ τοῦ Τιβερίου ἔμελλον, καὶ τὰ κοινά, ὑπὲρ ὧν χρηματισθῆναι ἔδει, ἐπεκοίνουν. καὶ συνελόντι εἰπεῖν οὐδὲν ἔτι χωρὶς αὐτοῦ τῶν τοιούτων ἐπράττετο. κατὰ δὲ τὸν χρόνον τοῦτον καὶ στοὰ μεγίστη ἐν τῇ Ῥώμῃ, ἐπειδὴ ἑτεροκλινὴς ἐγένετο, θαυμαστὸν δή τινα τρόπον ὠρθώθη. ἀρχιτέκτων γάρ τις, οὗ τὸ ὄνομα οὐδεὶς οἶδε (τῇ γὰρ θαυματοποιίᾳ αὐτοῦ φθονήσας Τιβέριος οὐκ ἐπέτρεψεν αὐτὸ ἐς τὰ ὑπομνήματα ἐσγραφῆναι), οὗτος οὖν ὅστις ποτὲ ὠνομάζετο, τούς τε θεμελίους αὐτῆς πέριξ κρατύνας ὥστε μὴ συγκινηθῆναι, καὶ τὸ λοιπὸν πᾶν πόκοις τε καὶ ἱματίοις παχέσι περιλαβών, σχοίνοις τε πανταχόθεν αὐτὴν διέδησε, καὶ ἐς τὴν ἀρχαίαν ἕδραν ἀνθρώποις τε πολλοῖς καὶ μηχανήμασιν ὀνευσάμενος ἐπανήγαγε. τότε μὲν οὖν Τιβέριος καὶ ἐθαύμασεν αὐτὸν καὶ ἐζηλοτύπησε, καὶ διὰ μὲν ἐκεῖνο χρήμασιν ἐτίμησε, διὰ δὲ τοῦτο ἐκ τῆς πόλεως ἐξήλασε· μετὰ δὲ ταῦτα προσελθόντος οἱ αὐτοῦ καὶ ἱκετείαν ποιουμένου, κἀν τούτῳ ποτήριόν τι ὑαλοῦν καταβαλόντος τε ἐξεπίτηδες καὶ θλασθέν πως συντριβὲν ταῖς τε χερσὶ διατρίψαντος καὶ ἄθραυστον παραχρῆμα ἀποφήναντος, ὡς καὶ συγγνώμης διὰ τοῦτο τευξομένου, καὶ ἀπέκτεινεν αὐτόν. [57,21] Ensuite Tibère, son consulat fini, revint à Rome, et défendit que les consuls se chargeassent de la cause d'aucun accusé, ajoutant : « C'est chose que, si j'étais consul, je ne ferais pas..!" Un des préteurs, accusé de s'être rendu coupable de lèse-majesté par paroles ou par actions, étant sorti de la curie, puis, après avoir déposé sa toge de magistrat et être rentré dans l'assemblée, ayant demandé à répondre sur-le-champ à l'accusation comme un simple particulier, Tibère fut saisi d'une vive douleur, et cessa de le poursuivre. Il chassa aussi les histrions de Rome et ne leur permit nulle part l'exercice de leur art, parce qu'ils déshonoraient les femmes et suscitaient des séditions. Il accorda après leur mort à plusieurs citoyens des statues et des sépultures aux frais de l'État, et fit ériger à Séjan, durant sa vie, une statue d'airain dans le théâtre. A la suite de cela, une foule de statues furent élevées au favori par une foule de gens, et une foule d'éloges de lui furent récités devant le peuple et dans le sénat. Les hommes les plus considérables et les consuls eux-mêmes se rendaient assidûment le matin à sa demeure et lui communiquaient et toutes les grâces particulières qu'ils avaient intention de demander à Tibère et les affaires publiques sur lesquelles le prince devait prononcer. Bref, rien ne se faisait plus sans lui. Vers cette époque, à Rome, un grand portique qui penchait d'un côté fut redressé d'une façon merveilleuse. Un architecte, dont personne ne sait le nom (jaloux de sa merveilleuse habileté, Tibère ne permit pas de le mettre dans les Actes), cet architecte, dis-je, quel que soit son nom, après avoir solidement appuyé tout à l'entour les fondements de manière qu'ils ne fussent pas ébranlés avec l'édifice, et avoir enveloppé tout le reste de toisons et d'étoffes épaisses, attacha le portique de toutes parts avec des cordes, et, lui imprimant une secousse à l'aide de bras nombreux et de machines, le ramena à son ancienne assiette. Tibère, pour le moment, se contenta d'admirer cet homme et de lui porter envie : il le récompensa d'une somme d'argent, parce qu'il l'admirait, et le chassa de la ville par jalousie; mais, plus tard, lorsqu'étant venu le trouver et lui présenter une requête, cet architecte eut laissé tomber à dessein une coupe de verre qui se déforma ou se brisa, et la lui eut, en la pétrissant dans ses mains, sur-le-champ présentée intacte, dans l'espoir d'obtenir ainsi son pardon, il le fit mourir.


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Dernière mise à jour : 26/05/2006