|
[56,44] εἰ γάρ τινες καὶ τῶν προτέρων τῶν ἐν τοῖς ἐμφυλίοις πολέμοις
γενομένων ἐμνημόνευον, ἐκεῖνα μὲν τῇ τῶν πραγμάτων ἀνάγκῃ
ἀνετίθεσαν, τὴν δὲ δὴ γνώμην αὐτοῦ ἐξ οὗ τὸ κράτος ἀναμφίλογον
ἔσχεν ἐξετάζειν ἠξίουν· πλεῖστον γὰρ δὴ τὸ διάφορον ὡς ἀληθῶς
παρέσχετο. καὶ τοῦτο μὲν καθ´ ἕκαστον ἄν τις τῶν πραχθέντων
ἐπεξιὼν ἀκριβώσειε· κεφάλαιον δὲ ἐφ´ ἅπασιν αὐτοῖς γράφω
ὅτι τό τε στασιάζον πᾶν ἔπαυσε καὶ τὸ πολίτευμα πρός τε τὸ
κράτιστον μετεκόσμησε καὶ ἰσχυρῶς ἐκράτυνεν, ὥστε εἰ καὶ βιαιότερόν
τι, οἷα ἐν τοῖς παραλόγοις φιλεῖ συμβαίνειν, ἐπράχθη, δικαιότερον
ἄν τινα αὐτὰ τὰ πράγματα ἢ ἐκεῖνον αἰτιάσασθαι. οὐκ
ἐλάχιστον δ´ οὖν αὐτῷ πρὸς εὐδοξίαν καὶ τὸ πολυχρόνιον τῆς ἡγεμονίας
συνήρατο. τῶν μὲν γὰρ ἐκ τῆς δημοκρατίας ἀνδρῶν καὶ
οἱ πλείους καὶ οἱ δυνατώτεροι ἀπωλώλεσαν· οἱ δ´ ὕστεροι ἐκείνης
μὲν οὐδὲν εἰδότες, τοῖς δὲ παροῦσι μόνοις ἢ καὶ μάλιστα ἐντραφέντες
οὐ μόνον οὐκ ἤχθοντο αὐτοῖς ἅτε καὶ συνήθεσιν οὖσιν,
ἀλλὰ καὶ ἔχαιρον, καὶ βελτίω καὶ ἀδεέστερα αὐτὰ ὧν ἤκουον
ὁρῶντες ὄντα.
| [56,44] Si quelques-uns se souvenaient de ses premiers
actes, c'est-à-dire de ceux qu'il avait accomplis pendant
les guerres civiles, ils les attribuaient à la nécessité des
choses, et prétendaient n'examiner ses sentiments qu'à
partir du jour où il avait eu seul le pouvoir sans conteste;
car il se montra véritablement bien différent. C'est
ce qu'on reconnaîtra, si l'on se rend un compte exact
de chacune de ses actions. En résumé, je dis qu'il
a mis fin à toutes les séditions, réformé et fortifié le
gouvernement en l'asseyant sur des bases solides, de
sorte que, si des actes de violence ont eu lieu, comme
c'est l'ordinaire dans les révolutions inopinées, il est plus
juste d'en accuser les circonstances que lui. Ce qui n'a
pas peu contribué non plus à sa gloire, c'est la durée de
son règne. La plupart et les plus puissants citoyens du
temps de la république avaient péri ; ceux qui vinrent
après, ne l'ayant pas connue, et élevés, sinon complétement,
du moins en grande partie, sous le régime nouveau,
non seulement ne lui étaient pas opposés, attendu
qu'ils en avaient l'habitude, mais même lui étaient favorables,
voyant qu'il valait mieux et offrait plus de sûreté
que celui dont ils entendaient parler.
| [56,45] ταῦτα δὲ ἠπίσταντο μὲν καὶ ζῶντος αὐτοῦ, ἐπὶ πλεῖον δ´ ὅμως
μεταλλάξαντος ἔγνωσαν· καὶ γὰρ φιλεῖ πως τὸ ἀνθρώπειον οὐχ
οὕτω τι εὐπαθοῦν τῆς εὐδαιμονίας αἰσθάνεσθαι ὡς δυστυχῆσαν
ποθεῖν αὐτήν. ὅπερ που καὶ τότε περὶ τὸν Αὔγουστον συνέβη·
τοῦ γὰρ Τιβερίου μετ´ αὐτὸν οὐχ ὁμοίου πειραθέντες ἐκεῖνον ἐζήτουν.
καὶ ἦν μὲν καὶ παραχρῆμα τὴν μεταβολὴν τῆς καταστάσεως
τοῖς ἔμφροσι τεκμήρασθαι· ὅ τε γὰρ ὕπατος ὁ Πομπήιος ἐξορμήσας
ὡς καὶ τοῖς τὸ τοῦ Αὐγούστου σῶμα ἄγουσιν ἀπαντήσων τό
τε σκέλος ἐπλήγη καὶ μετ´ αὐτοῦ φοράδην ἀνεκομίσθη, καὶ βύας
αὖθις ὑπὲρ τοῦ συνεδρίου ἐν αὐτῇ τῇ πρώτῃ τῆς βουλῆς μετὰ τὸν
θάνατον αὐτοῦ ἕδρᾳ ἱδρύθη καὶ πολλὰ καὶ οὐκ αἴσια ἐπεφθέγξατο.
τοσοῦτον δ´ οὖν τὸ σύμπαν ἀλλήλων διήνεγκαν ὥστε τινὰς καὶ ἐς
τὸν Αὔγουστον ὑποπτεῦσαι ὅτι ἐξεπίτηδες τὸν Τιβέριον, καίπερ εὖ
εἰδὼς ὁποῖος ἦν, διάδοχον ἀπέδειξεν, ἵνα αὐτὸς εὐδοξήσῃ.
| [56,45] Beaucoup le savaient du vivant d'Auguste, mais
ils le reconnurent bien mieux encore, lorsqu'il fut mort;
car il est ordinaire à l'homme de moins sentir son bonheur
lorsqu'il est heureux, qu'il ne le regrette lorsqu'il
est malheureux. Les événements le montrèrent bien
alors, à propos d'Auguste ; après avoir fait l'épreuve de
Tibère, qui lui succéda sans lui ressembler, les Romains
redemandaient le premier. Les hommes d'expérience
purent immédiatement conjecturer le changement qui
allait s'opérer : le consul Pompée, sorti pour aller à la
rencontre de ceux qui rapportaient le corps d'Auguste,
reçut un coup à la jambe et fut ramené en litière avec
lui; un hibou vint, le premier jour où il y eut assemblée
du sénat après la mort du prince, se percher de
nouveau sur la curie et fit entendre pendant longtemps
des cris lugubres. Au reste, la différence fut en tout si
grande entre les deux empereurs, que quelques historiens
ont soupçonné Auguste d'avoir à dessein choisi
Tibère pour son successeur, bien que connaissant parfaitement
son caractère, afin de se faire mieux apprécier
lui-même.
| | |