[52,6] καὶ ἵνα γε ἀπὸ πρώτου τοῦ βραχυτάτου ἄρξωμαι, χρήματά
σοι πολλὰ καὶ πανταχόθεν ἀναγκαῖον ἔσται πορίζειν· ἀδύνατον γὰρ
τὰς νῦν οὔσας προσόδους πρός τε τἆλλα καὶ πρὸς τὴν τῶν στρατιωτῶν
τροφὴν ἐξαρκέσαι. τοῦτο δὲ ἔστι μὲν καὶ ἐν ταῖς δημοκρατίαις·
οὐ γὰρ οἷόν τε πολιτείαν τινὰ ἄνευ δαπάνης συστῆναι.
ἀλλ´ ἐν μὲν ἐκείναις μάλιστα μὲν ἑκόντες πολλοὶ πολλὰ ἐπιδιδόασιν,
ἐν φιλοτιμίας μέρει τὸ πρᾶγμα ποιούμενοι καὶ τιμὰς ἀντ´ αὐτῶν
ἀξίας ἀντιλαμβάνοντες· ἂν δέ που καὶ ἀναγκαῖαι παρὰ πάντων
ἐσφοραὶ γένωνται, ἑαυτούς τε πείθοντες καὶ ὑπὲρ ἑαυτῶν συντελοῦντες
ἀνέχονται. ἐν δὲ δὴ ταῖς δυναστείαις τό τε ἄρχον πάντες
μόνον ὡς καὶ ὑπερπλουτοῦν ἀξιοῦσι δαπανᾶσθαι, τὰς μὲν προσόδους
αὐτοῦ ἑτοίμως ἐξερευνώμενοι, τὰ δ´ ἀναλώματα οὐκέθ´ ὁμοίως
ἐκλογιζόμενοι· καὶ οὔτ´ ἰδίᾳ ἡδέως ἢ καὶ ἑκόντες ἐπιδιδόασί τι, οὔτε
τὰς κοινὰς συντελείας αὐθαιρέτους ποιοῦνται. ἐκεῖνο μὲν γὰρ οὔτ´
ἂν ἐθελήσειέ τις (οὐδὲ γὰρ οὐδ´ ὁμολογήσειεν ἂν ῥᾳδίως πλουτεῖν)
οὔτε συμφέρει τῷ κρατοῦντι γίγνεσθαι· αὐτίκα γὰρ ἂν δόξαν παρὰ
τοῖς πολλοῖς ὡς καὶ φιλόπολις ἔχων ὀγκωθείη καὶ νεωτερίσειε. τὸ
δ´ ἕτερον πάνυ τοὺς πολλοὺς βαρύνει, καὶ μάλισθ´ ὅτι τὴν μὲν ζημίαν
αὐτοὶ ὑπομένουσι, τὸ δὲ δὴ κέρδος ἕτεροι λαμβάνουσιν. ἐν
μὲν γὰρ ταῖς δημοκρατίαις καὶ στρατεύονται ὡς πλήθει οἱ τὰ χρήματα
συνεσφέροντες, ὥστε τρόπον τινὰ αὖθις αὐτὰ ἀπολαμβάνουσιν·
ἐν δὲ ταῖς μοναρχίαις ἄλλοι μὲν ὡς τὸ πολὺ καὶ γεωργοῦσι
καὶ δημιουργοῦσι καὶ ναυτίλλονται καὶ πολιτεύονται, παρ´ ὧνπερ
καὶ αἱ λήψεις μάλιστα γίγνονται, ἄλλοι δὲ τὰ ὅπλα ἔχουσι καὶ τὸν
μισθὸν φέρουσιν.
| [52,6] « Pour commencer par le premier motif, par celui
qui est le moins important, il te faudra nécessairement
chercher de tout côté de grandes ressources d'argent,
car il est impossible que les revenus actuellement
existants suffisent aux autres services et à la nourriture
des soldats. Cela existe sans doute aussi dans les
gouvernements populaires, car il est impossible qu'un
Etat se maintienne sans rien dépenser. Oui, mais
dans ces États, beaucoup de citoyens payent volontairement
de fortes sommes, s'en faisant un point
d'honneur et recevant en retour les charges qu'ils ont
méritées : si une contribution de la part de tous les
citoyens devient nécessaire, comme ils obéissent à leur
propre mouvement et ne la payent que pour leurs
propres intérêts, ils la supportent sans peine. Sous un
gouvernement monarchique, au contraire, tout le
monde croit que le chef, de même qu'il doit être plus
riche que les autres, doit seul supporter la dépense,
attendu que l'on est disposé à examiner scrupuleusement
ses revenus, sans tenir pareil compte de ses frais;
d'ailleurs les particuliers ne donnent rien avec plaisir ni
volontairement, et ce n'est pas de leur plein gré qu'ils
acquittent l'impôt commun. Personne, en effet, n'y
saurait consentir, puisque même on aurait peine à
avouer qu'on est riche, et il n'est pas non plus dans
l'intérêt de celui qui a le pouvoir que la chose se fasse;
car un homme de ce caractère, acquérant aussitôt
parmi la foule la réputation de bon citoyen, s'en enflerait
et serait porté aux révolutions. Une autre chose
encore, qui est pour la multitude un pesant fardeau,
c'est qu'elle supporte la peine et que d'autres en
recueillent les profits. Dans un gouvernement populaire,
ceux qui servent dans les armées sont, pour la
plupart, ceux qui payent des contributions en argent,
lesquelles font en quelque sorte retour à eux. Dans
les monarchies, au contraire, autres sont, la plupart
du temps, ceux qui cultivent la terre, qui exercent
un métier, qui s'adonnent à la marine, qui occupent
les emplois civils, tous gens sur lesquels surtout se
prélèvent les contributions; autres ceux qui portent
les armes et touchent pour cela un salaire.
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