[52,34] πάνθ´ ὅσα τοὺς ἀρχομένους καὶ φρονεῖν καὶ πράττειν βούλει,
καὶ λέγε καὶ ποίει. οὕτω γὰρ ἂν μᾶλλον παιδεύσειας αὐτοὺς ἢ
ταῖς ἐκ τῶν νόμων τιμωρίαις δειματώσειας· τὸ μὲν γὰρ ζῆλον τὸ
δὲ φόβον ἔχει, καὶ ῥᾷόν τις μιμεῖται τὰ κρείττω, ὁρῶν ἔργῳ γιγνόμενα,
ἢ φυλάττεται τὰ χείρω, ἀκούων λόγῳ κεκωλυμένα. καὶ αὐτὸς
μὲν ἀκριβῶς πάντα πρᾶττε, μηδεμίαν συγγνώμην σεαυτῷ νέμων,
ὥστε καὶ εὖ εἰδὼς ὅτι παραχρῆμα πάντες καὶ ὅσα ἂν εἴπῃς καὶ
ὅσα ἂν ποιήσῃς μαθήσονται. καθάπερ γὰρ ἐν ἑνί τινι τῆς ὅλης οἰκουμένης
θεάτρῳ ζήσῃ, καὶ οὐχ οἷόν τέ σοι ἔσται οὐδὲ βραχύτατον
ἁμαρτόντι διαλαθεῖν· οὔτε γὰρ κατὰ μόνας ποτὲ ἀλλὰ καὶ μετὰ
συχνῶν ἀεί τι πράξεις, καὶ πολυπραγμονοῦσί πως τὰ ὑπὸ τῶν ἀρχόντων
γιγνόμενα καὶ οἱ λοιποὶ πάντες ἥδιστα, ὥστ´ ἂν ἅπαξ καταμάθωσί
σε ἄλλα μὲν αὐτοῖς προαγορεύοντα ἄλλα δὲ αὐτὸν ποιοῦντα,
οὐ τὰς ἀπειλάς σου φοβηθήσονται ἀλλὰ τὰ ἔργα μιμήσονται. τὸν
δὲ δὴ τῶν ἄλλων βίον ἐπισκόπει μέν, μὴ μέντοι καὶ χαλεπῶς ἐξέταζε,
ἀλλ´ ὅσα μὲν ἂν ὑφ´ ἑτέρων τινῶν ἐσάγηται, κρῖνε, ὅσα δ´ ἂν
ὑπὸ μηδενὸς αἰτιάζηται, μηδὲ προσποιοῦ εἰδέναι, ἔξω τῶν ἐς τὸ
δημόσιον πλημμελουμένων. ταῦτα μὲν γὰρ τῆς προσηκούσης ἐπιστροφῆς,
κἂν μηδεὶς ἐγκαλῇ, τυγχάνειν ὀφείλει· τὰ δὲ ἄλλα τὰ
ἰδιωτικὰ ἴσθι μέν, ἵνα μὴ καὶ σφαλῇς ποτε ἀνεπιτηδείῳ τινὶ ὑπηρέτῃ
πρός τι χρησάμενος, μὴ μέντοι καὶ ἐξέλεγχε. πολλὰ γὰρ ἡ
φύσις καὶ παρὰ τὸν νόμον πολλοὺς ἁμαρτάνειν ἐξάγει, οἷς ἂν μὲν
ἀκριβῶς τις ἐπεξίῃ, ἤ τινα ἢ οὐδένα ἂν αὐτῶν ἀτιμώρητον καταλίποι,
ἂν δ´ ἀνθρωπίνως τὸ ἐπιεικὲς τῷ νενομισμένῳ παραμιγνύῃ,
τάχ´ ἂν καὶ σωφρονίσειεν αὐτούς. ὁ μὲν γὰρ νόμος, καίτοι ἰσχυρὰ
τὰ κολάσματα ἀναγκαίως ποιούμενος, οὐ δύναται τῆς φύσεως ἀεὶ
κρατεῖν· τῶν δ´ ἀνθρώπων τινὲς λανθάνειν μὲν δόξαντες ἢ καὶ
μετρίως πως νουθετηθέντες ἀμείνους γίγνονται, οἱ μὲν αἰσχυνόμενοι
ἐλεγχθῆναι οἱ δὲ αἰδούμενοι πάλιν σφαλῆναι, φανερωθέντες δὲ καὶ
ἀπερυθριάσαντες ἢ καὶ πέρα τοῦ μετρίου κολασθέντες τά τε νενομισμένα
πάντα συγχέουσι καὶ καταπατοῦσι, καὶ μόναις ταῖς τῆς φύσεως
ὁρμαῖς δουλεύουσι. κἀκ τούτου οὔτε τὸ πάντας αὐτοὺς κολάζειν ῥᾴδιον,
οὔτε τὸ περιορᾶν φανερῶς τινας ἀσελγαίνοντας εὐπρεπὲς γίγνεται.
τὰ μὲν δὴ οὖν ἁμαρτήματα τῶν ἀνθρώπων τοῦτόν σοι τὸν
τρόπον, πλὴν τῶν πάνυ ἀνηκέστων, μεταχειρίζεσθαι παραινῶ, τὰ
δ´ ὀρθῶς ὑπ´ αὐτῶν γιγνόμενα καὶ ὑπὲρ τὴν ἀξίαν τῶν ἔργων
τιμᾶν· οὕτω γὰρ ἂν μάλιστα ποιήσειας αὐτοὺς τῶν τε χειρόνων
ἀπέχεσθαι, τῇ φιλανθρωπίᾳ, καὶ τῶν βελτιόνων ἐφίεσθαι, τῇ μεγαλοδωρίᾳ.
μὴ γάρ τοι καταδείσῃς μήθ´ ὅτι ἐπιλείψει σέ ποτε ἢ
χρήματα ἢ τἆλλα οἷς τοὺς ἀγαθόν τι ποιοῦντας ἀμείψῃ (πολὺ γὰρ
μᾶλλον ἔγωγε ἐλάττους αὐτῶν τοὺς εὖ τι παθεῖν ἀξίους οἶμαι γενήσεσθαι,
τοσαύτης σοῦ καὶ γῆς καὶ θαλάττης ἄρχοντος), μήθ´ ὅτι
τινὲς εὐεργετηθέντες ἀχαρίστως τι πράξουσιν· οὐδὲν γὰρ οὕτω καὶ
δουλοῖ καὶ οἰκειοῦταί τινα, κἂν ἀλλότριος κἂν ἐχθρὸς ὢν τύχῃ, ὡς
τὸ μήτ´ ἀδικεῖσθαι καὶ προσέτι καὶ εὖ πάσχειν.
| [52,34] Tout ce que tu veux qui soit dit et fait par ceux
qui sont sous ton commandement, dis-le et fais-le
toi-même. Tu réussiras, en les instruisant ainsi, mieux
qu'en cherchant à les enchaîner par la contrainte des
lois : la première manière inspire l'émulation, l'autre,
la crainte ; et on imite plus facilement le bien que
l'on voit pratiquer, qu'on ne se garde du mal simplement
défendu en paroles. Fais tout exactement sans
aucune indulgence pour toi-même, bien convaincu
que tous connaîtront sur-le-champ et ce que tu auras
dit et ce que tu auras fait. Tu vivras, en effet, sur
une sorte de théâtre qui sera l'univers tout entier,
et il ne te sera pas possible de cacher la moindre
faute : jamais tu ne seras seul, car tu auras toujours
de nombreux témoins de tes actions, et tout le monde
aime à s'enquérir de ce que font les chefs; de sorte
que, si une fois on apprend qu'autres sont tes paroles,
autres tes actions, au lieu de craindre tes menaces,
on se réglera sur tes oeuvres. Surveille les moeurs des
citoyens, sans cependant les examiner d'une manière
importune ; juge tous les cas qui seront portés par
d'autres devant toi; quant à ceux pour lesquels il ne
se présente aucun accusateur, fais semblant de ne
pas t'en apercevoir, hormis les délits contre l'intérêt
public. Ceux-là doivent, lors même que personne ne
les dénoncerait, être l'objet d'une surveillance convenable.
Quant aux affaires privées, sache-les, afin de ne
pas être exposé un jour à commettre des fautes en
employant un ministre qui ne serait pas convenable ;
néanmoins n'en divulgue rien. Il y a, en effet, mainte chose
contraire aux lois que la nature pousse bien des hommes
à commettre ; les poursuivre avec rigueur serait
t'exposer à ne laisser qu'une ou deux personnes à l'abri
de la punition; tandis qu'entremêler, comme le réclame
l'humanité, la clémence aux exigences de la loi,
peut être un moyen de les amener à résipiscence. La
loi, en effet, bien que prononçant nécessairement des
punitions sévères, ne peut pas toujours être plus forte
que la nature ; et, parmi les hommes, quelques-uns,
s'ils croient rester ignorés ou si on les reprend avec
mesure, s'améliorent : les uns, par honte d'être accusés,
les autres, par crainte de retomber en faute
de nouveau ; au lieu que, si on les traîne au grand
jour, si on les fait rougir, ou bien encore, si on les
punit sans ménagement, ils bouleversent, ils foulent
tout aux pieds, et se laissent asservir par les instincts
de la nature. Aussi n'est-il ni facile de punir tout
le monde, ni convenable de souffrir que quelques-uns
se livrent ouvertement à leurs passions. Voilà donc
le traitement que je te conseille d'appliquer aux
fautes des hommes, hormis celles qui sont tout à fait
sans remèdes; quant à leurs belles actions, il faut
les récompenser, même au-delà de ce qu'elles méritent.
De cette manière, tu trouveras dans la clémence
la voie la plus sure d'éloigner les citoyens du
mal; dans ta munificence, celle de leur inspirer le
désir du bien. Garde-toi de craindre ou que l'argent
ni les autres moyens de rémunérer ceux qui font quelque
chose de bien viennent à te manquer (selon moi,
ceux qui seront dignes d'éprouver tes bienfaits seront
en bien petit nombre, eu égard à l'étendue de
terre et de mer à laquelle tu commanderas), ou,
qu'après avoir reçu tes bienfaits, ils se conduisent avec
ingratitude. Rien ne nous asservit et ne nous concilie
autant un homme, même quand il nous est étranger,
même quand il nous est hostile, que non seulement
de ne lui faire aucune injustice, mais encore de le
combler de bienfaits. »
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