[52,33] δίκαζε δὲ καὶ αὐτὸς ἰδίᾳ τά τε ἐφέσιμα καὶ τὰ ἀναπόμπιμα,
ὅσα ἂν παρά τε τῶν μειζόνων ἀρχόντων καὶ παρὰ τῶν ἐπιτρόπων,
τοῦ τε πολιάρχου καὶ τοῦ ὑποτιμητοῦ καὶ τῶν ἐπάρχων τοῦ τε
τὸν σῖτον ἐπισκοποῦντος καὶ τοῦ νυκτοφυλακοῦντος, ἀφικνῆται·
μήτε γὰρ αὐτόδικος μήτ´ αὐτοτελὴς οὕτω τις τὸ παράπαν ἔστω
ὥστε μὴ οὐκ ἐφέσιμον ἀπ´ αὐτοῦ δίκην γίγνεσθαι. ταῦτά τε οὖν
κρῖνε, καὶ περὶ τῶν ἱππέων τῶν τε ἑκατοντάρχων τῶν ἐκ τοῦ καταλόγου
καὶ τῶν ἰδιωτῶν τῶν πρώτων, ὅταν περὶ θανατώσεως ἢ καὶ
ἀτιμίας τινὸς ἀγωνίζωνται. σοὶ γὰρ δὴ τὰ τοιαῦτα μόνῳ προσκείσθω,
καὶ μηδεὶς ἄλλος περὶ αὐτῶν αὐτὸς καθ´ ἑαυτόν, δι´ ἅπερ
εἶπον, δικαζέτω. μετὰ γὰρ δὴ σοῦ ἀεὶ μὲν οἱ ἐντιμότατοι καὶ τῶν
βουλευτῶν καὶ τῶν ἱππέων, ἤδη δὲ καὶ ἕτεροί τινες ἔκ τε τῶν
ὑπατευκότων καὶ ἐκ τῶν ἐστρατηγηκότων ἄλλοι ἄλλοτε διαγιγνωσκέτωσαν,
ἵνα σύ τε τοὺς τρόπους αὐτῶν ἀκριβέστερον ἐν τούτῳ
προκαταμανθάνων ὀρθῶς σφισιν ἔχῃς χρῆσθαι, καὶ ἐκεῖνοι προσυγγιγνόμενοι
τοῖς τε ἤθεσι καὶ τοῖς βουλεύμασί σου οὕτως ἐς τὰς
τῶν ἐθνῶν ἡγεμονίας ἐξίωσι. τὰς μέντοι γνώμας αὐτῶν μὴ φανερῶς,
ὅσαι γε καὶ ἐπισκέψεως ἀκριβεστέρας δέονται, διαπυνθάνου,
ἵνα μὴ τοῖς προήκουσί σφων ἐφεπόμενοι κατοκνῶσι παρρησιάζεσθαι,
ἀλλ´ ἐς γραμματεῖα γραφομένας, οἷς αὐτὸς μόνος ἐντυχών, ὑπὲρ
τοῦ μηδενὶ ἄλλῳ ἐκδήλους αὐτὰς γίγνεσθαι, εὐθέως αὐτὰς ἀπαλείφεσθαι
κέλευε· οὕτω γὰρ ἂν μάλιστα τὴν ἑκάστου γνώμην διακριβώσειας,
εἰ ἀνέλεγκτον αὐτὴν παρὰ τοῖς ἄλλοις πιστεύσειαν
ἔσεσθαι. καὶ μέντοι καὶ πρὸς τὰς δίκας τάς τε ἐπιστολὰς καὶ τὰ
ψηφίσματα τῶν πόλεων τάς τε τῶν ἰδιωτῶν ἀξιώσεις, καὶ ὅσα ἄλλα
τῇ τῆς ἀρχῆς διοικήσει προσήκει, συνεργούς τέ τινας καὶ ὑπηρέτας
ἐκ τῶν ἱππέων ἔχε· ῥᾷόν τε γὰρ οὕτως ὡς ἕκαστα διαχωρήσει, καὶ
σὺ οὔτ´ αὐτογνωμονῶν σφαλήσῃ οὔτ´ αὐτουργῶν ἐκκαμῇ. τήν τε
παρρησίαν παντὶ τῷ βουλομένῳ καὶ ὁτιοῦν συμβουλεῦσαί σοι μετὰ
ἀδείας νέμε· ἄν τε γὰρ ἀρεσθῇς τοῖς λεχθεῖσιν ὑπ´ αὐτοῦ, πολλὰ
ὠφελήσῃ, ἄν τε καὶ μὴ πεισθῇς, οὐδὲν βλαβήσῃ. καὶ τοὺς μὲν
τυχόντας τῆς γνώμης καὶ ἐπαίνει καὶ τίμα (τοῖς γὰρ ἐκείνων ἐξευρήμασιν
αὐτὸς εὐδοκιμήσεις), τοὺς δ´ ἁμαρτόντας μήτ´ ἀτιμάσῃς
ποτὲ μήτ´ αἰτιάσῃ· τὴν γὰρ διάνοιαν αὐτῶν δεῖ σκοπεῖν, ἀλλ´ οὐ
τὴν οὐκ ἐπιτυχίαν μέμφεσθαι. τὸ δ´ αὐτὸ τοῦτο καὶ ἐπὶ τῶν πολεμικῶν
φύλαττε, καὶ μήτε ἐπὶ δυστυχίᾳ ἀκουσίῳ χαλεπήνῃς τινὶ
μήτε ἐπ´ εὐτυχίᾳ φθονήσῃς, ἵνα καὶ προθύμως καὶ ἡδέως πάντες
ὑπὲρ σοῦ κινδυνεύωσι, πιστεύοντες ὅτι οὔτε πταίσαντές τι κολασθήσονται
οὔτε κατορθώσαντες ἐπιβουλευθήσονται. πολλοὶ γοῦν
τὸν παρὰ τῶν τὸ κράτος ἐχόντων φθόνον φοβούμενοι σφαλῆναί τι
μᾶλλον ἢ καταπρᾶξαι προείλοντο, κἀκ τούτου τὸ μὲν ἀσφαλὲς αὐτοὶ
ἔσχον, τὸ δὲ δὴ ζημίωμα ἐκείνοις προσετρίψαντο. ὥστε αὐτὸς τὸ
πλεῖον ἀπ´ ἀμφοτέρων ὁμοίως καὶ τῶν χειρόνων καὶ τῶν ἀμεινόνων
ἀπολαύσων, μηδέποτ´ ἐθελήσῃς λόγῳ μὲν ἄλλοις ἔργῳ δὲ σαυτῷ φθονῆσαι.
| [52,33] « Juge toi-même, sous ta responsabilité particulière,
les causes qui te viennent par appel et celles qui
sont renvoyées par les grands magistrats, tels que les
procurateurs, le préfet urbain, le sous-censeur et les
gouverneurs de province, l'inspecteur de l'annone et
le préfet des Vigiles : personne ne doit avoir une juridiction
absolue et indépendante, au point qu'on ne
puisse pas ne pas en appeler de sa sentence. Prononce
donc sur ces causes et sur celles des chevaliers,
des centurions légionnaires et des primipilaires,
lorsqu'il y va pour eux de la mort ou de l'infamie.
Que ces sortes de causes te soient réservées à
toi seul, et qu'aucun autre, pour les motifs que j'ai
dits, ne juge en dernier ressort. Qu'avec toi il y ait
toujours les principaux des sénateurs et des chevaliers,
quelques consulaires, des personnages ayant exercé
la préture, tantôt l'un, tantôt l'autre, que tu consulteras,
afin que, dans l'intervalle, connaissant plus
exactement leurs moeurs, tu puisses t'en servir utilement,
et que, de leur côté, se mettant à la hauteur
de tes principes et de tes projets, ils aillent, ainsi
formés, gouverner les provinces. Cependant ne demande
pas ouvertement leur avis dans les questions
qui exigent un examen sérieux, de peur que, par
déférence envers des supérieurs, ils n'osent parler
librement ; demande-leur de le consigner par écrit
sur des tablettes; puis, après les avoir lues seul, afin
qu'aucun autre n'en ait connaissance, fais-les aussitôt
effacer : car le meilleur moyen pour toi de savoir
exactement l'opinion de chacun, c'est qu'il croie ne
pas rencontrer de contradiction chez les autres. Néanmoins,
pour les jugements, la correspondance, les
décrets, les demandes des villes et des particuliers, et
tout ce qui regarde l'administration de l'empire, prends
des collaborateurs et des ministres parmi les chevaliers;
de cette manière, les choses marcheront plus
facilement, et toi tu ne commettras pas d'erreur en
prenant seul une résolution, et tu ne te fatigueras pas
en travaillant seul. Accorde à qui voudra la liberté
de te donner sans crainte n'importe quel conseil : si
ce qu'il te dit a ton agrément, tu en retireras plus
d'une sorte de profit ; si, au contraire, tu n'es pas persuadé,
tu n'en souffriras nul dommage. Que ceux qui
obtiendront ton assentiment reçoivent des éloges et
des honneurs (car ce qu'ils auront trouvé servira à
ta gloire) ; quant à ceux qui se seront trompés, ne les
méprise jamais et ne leur adresse jamais de reproche,
car il faut considérer l'intention et non condamner
l'irréussite. Observe la même conduite pour ce qui
se passe à la guerre; ne montre ni colère pour un
échec involontaire, ni jalousie pour un succès, afin
que tous montrent du zèle et de l'ardeur à s'exposer
pour toi aux dangers, convaincus que, s'ils éprouvent
un revers, ils ne seront pas punis, non plus qu'ils ne
courront de périls s'ils remportent quelque avantage.
Car beaucoup, redoutant la jalousie de ceux
qui étaient en possession du pouvoir, ont préféré un
échec à un succès, et ont ainsi obtenu la sûreté pour
eux, tandis que le dommage retombait sur le prince.
Aussi, puisque tu dois avoir la meilleure part dans
les échecs des uns comme dans les succès des autres,
garde-toi de te montrer jamais jaloux, en apparence
des autres, en réalité de toi-même.
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