HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre LII

Chapitre 12

  Chapitre 12

[52,12] ἔπειτα δ´ οὐδ´ ἁπλοῦν, ὥς τις οἴεται. οὔτε γὰρ ἂν πᾶσι τοῖς δεομένοις τινὸς ἐπαρκέσειέ τις. οἱ μὲν γὰρ ἀξιοῦντές τι παρ´ αὐτοῦ λαμβάνειν πάντες ὡς εἰπεῖν εἰσιν ἄνθρωποι, κἂν μηδεμία εὐθὺς εὐεργεσία αὐτοῖς ὀφείληται· πᾶς γάρ τις φύσει καὶ αὐτὸς ἑαυτῷ ἀρέσκει, κἀγαθόν τι ἐπαυρέσθαι παρὰ τοῦ δοῦναι δυναμένου βούλεται· δὲ ἐνδέχεται αὐτοῖς δίδοσθαι (τιμάς τε καὶ ἀρχὰς λέγω, καὶ ἔστιν ὅτε καὶ χρήματα) πάνυ ἂν εὐαρίθμητα ὡς πρὸς τοσοῦτο πλῆθος εὑρεθείη. τούτου τε οὕτως ἔχοντος ἔχθος ἂν αὐτῷ παρὰ τῶν διαμαρτανόντων ὧν χρῄζουσι μᾶλλον φιλία παρὰ τῶν τυγχανόντων ὑπάρξειεν. οἱ μὲν γάρ, ὡς καὶ ὀφειλόμενόν τι λαμβάνοντες, οὔτ´ ἄλλως μεγάλην οἴονται δεῖν τῷ διδόντι αὐτὸ χάριν ἔχειν ἅτε μηδὲν παρὰ δόξαν εὑρισκόμενοι, καὶ προσέτι καὶ ὀκνοῦσι τοῦτο ποιεῖν, ἵνα μὴ καὶ ἀναξίους ἐν τούτῳ σφᾶς τοῦ καλῶς πάσχειν ἀποφήνωσιν· οἱ δὲ ὧν ἐλπίζουσιν ἀτυχοῦντες λυποῦνται κατ´ ἀμφότερα, τοῦτο μὲν ὡς οἰκείου τινὸς στερισκόμενοι (πάντες γὰρ ἔχειν ἤδη νομίζουσιν ὧν ἂν ἐπιθυμήσωσι), τοῦτο δὲ ὡς καὶ αὐτοὶ ἑαυτῶν ἀδικίαν τινὰ καταγιγνώσκοντες, ἂν ῥᾳδίως ἐπὶ τῷ μὴ τυχεῖν ὧν ἂν προσδοκήσωσι φέρωσι. καὶ γὰρ ὀρθῶς διδοὺς τὰ τοιαῦτα τό τε κατ´ ἀξίαν ἑκάστου δῆλον ὅτι πρὸ πάντων προσκοπεῖ, καὶ τοὺς μὲν τιμᾷ τοὺς δὲ παρορᾷ, ὥστε καὶ ἐκ τῆς ἐκείνου γνώμης τοῖς μὲν φρόνημα τοῖς δ´ ἀγανάκτησιν ὑπ´ αὐτοῦ τοῦ συνειδότος σφῶν προσγίγνεσθαι. ὡς ἄν γέ τις τοῦτ´ εὐλαβούμενος ἀνωμάλως αὐτὰ διανέμειν ἐθελήσῃ, τὸ σύμπαν ἁμαρτήσεται· οἵ τε γὰρ πονηροὶ παρὰ τὸ προσῆκον τιμώμενοι χείρους ἄν, ἤτοι καὶ ἐπαινεῖσθαι ὡς ἀγαθοὶ πάντως γε θεραπεύεσθαι ὡς φοβεροὶ δοκοῦντες, γίγνοιντο, καὶ οἱ χρηστοὶ μηδὲν πλεῖον αὐτῶν εὑρισκόμενοι, ἀλλ´ ἐξ ἴσου σφίσιν ἀγόμενοι, μᾶλλον ἂν ἐκ τῆς πρὸς ἐκείνους ἰσομοιρίας λυποῖντο τῷ καὶ αὐτοί τινος ἀξιοῦσθαι χαίροιεν, κἀκ τούτου τήν τε ἐπιτήδευσιν τῶν κρειττόνων ἐῷεν ἂν καὶ τὴν ζήλωσιν τῶν χειρόνων μετέρχοιντο, καὶ οὕτω κἂν ἐξ αὐτῶν τῶν τιμῶν οὔθ´ οἱ διδόντες αὐτὰς ἀγαθόν τι καρποῖντο καὶ οἱ λαμβάνοντες κακίους γίγνοιντο. ὥστε σοι τοῦτο, μάλιστα ἄν τισιν ἐν ταῖς μοναρχίαις ἀρέσειε, δυσμεταχειριστότατον συμβῆναι. [52,12] « Ensuite, la chose n'est pas aussi facile qu'on se l'imagine. Personne, en effet, ne saurait suffire à toutes les sollicitations. Tous ceux qui se croient dignes d'obtenir quelque bienfait du monarque, lors même qu'on ne leur doit dans le moment le prix d'aucun service, sont hommes : or, il est naturel que chacun se plaise à soi-même et veuille recevoir quelque faveur de celui qui peut donner, et tout ce qui se peut donner (je veux dire les honneurs et les charges, parfois même l'argent) se trouve être dans des proportions bien faibles pour une si grande multitude de solliciteurs. La chose étant ainsi, il recueille l'inimitié de ceux qui n'obtiennent pas ce qu'ils demandent, sans gagner l'amitié de ceux qui réussisent. Les uns, en effet, comme s'ils ne recevaient rien qui ne leur soit dû, ne se croient pas obligés à beaucoup de reconnaissance envers le bienfaiteur, attendu qu'ils n'ont trouvé rien qui dépassât leur attente, et que, de plus, ils se font scrupule de remercier, pour ne point paraître indignes d'un traitement honorable; les autres, frustrés dans leurs espérances, s'affligent doublement : d'une part, ils ont été privés d'un bien qui leur appartenait (tout le monde croit déjà posséder ce qu'il désire), d'une autre part, ce serait se reconnaître soi-même coupable de quelque faute, si l'on supportait avec indifférence cette déception. Il est bien évident que celui qui distribue équitablement de telles faveurs examine avant tout le mérite de chacun ; qu'il accorde des honneurs aux uns et néglige les autres ; en sorte que sa sentence donne aux premiers une fierté, et aux autres une indignation qu'approuve leur conscience. Que quelqu'un veuille, pour s'en garder, répandre irrégulièrement des dons, il se trompera du tout : les méchants, en effet, si, contre l'équité, on leur accorde des honneurs, n'en deviendront que pires, qu'on semble les louer comme vertueux ou les ménager comme redoutables ; les gens de bien, n'obtenant rien de plus que les méchants et mis sur la même ligne, seront plus affligés de cette égalité que réjouis d'être eux-mêmes jugés dignes de quelque distinction; par suite, ils renonceront à la pratique du bien pour se jeter dans la voie du mal. Ainsi, ces honneurs mêmes, en les donnant, on n'en recueille aucun bien, et ceux qui les reçoivent n'en deviennent que plus pervers ; de telle sorte que cet avantage, qui plairait surtout à quelques-uns dans les monarchies, tu aurais la plus grande peine à en tirer parti. «


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Dernière mise à jour : 28/09/2006