| [51,24] πράσσοντος δὲ αὐτοῦ ταῦτα οἱ Βαστάρναι τῆς τε φυγῆς ἐπέσχον 
 καὶ πρὸς τῷ Κέδρῳ ποταμῷ κατέμειναν, περιορώμενοι τὰ γενησόμενα.
 ἐπειδή τε νικήσας τοὺς Μυσοὺς καὶ ἐπ´ ἐκείνους ὥρμησε, πρέσβεις
 ἔπεμψαν ἀπαγορεύοντες αὐτῷ μὴ διώκειν σφᾶς, ὡς οὐδὲν τοὺς Ῥωμαίους 
 ἠδικηκότες. καὶ αὐτοὺς ὁ Κράσσος κατασχὼν ὡς καὶ τῇ
 ὑστεραίᾳ τὴν ἀπόκρισιν δώσων, τά τε ἄλλα ἐφιλοφρονήσατο καὶ
 κατεμέθυσεν ὥστε πάντα τὰ βουλεύματα αὐτῶν ἐκμαθεῖν· ἀπλήστως 
 τε γὰρ ἐμφορεῖται πᾶν τὸ Σκυθικὸν φῦλον οἴνου, καὶ ὑπερκορὲς 
 αὐτοῦ ταχὺ γίγνεται. Κράσσος δὲ ἐν τούτῳ τῆς νυκτὸς ἐς
 ὕλην τινὰ προχωρήσας, καὶ προσκόπους πρὸ αὐτῆς καταστήσας,
 ἀνέπαυσέ τε τὸ στράτευμα, καὶ μετὰ τοῦτο τῶν Βασταρνῶν μόνους 
 τε ἐκείνους εἶναι νομισάντων καὶ ἐπιδραμόντων σφίσιν, ἔς τε
 τὰ λάσια ἀναχωροῦσιν ἐπακολουθησάντων, πολλοὺς μὲν ἐνταῦθα
 πολλοὺς δὲ καὶ φυγόντας ἔφθειρεν· ὑπό τε γὰρ τῶν ἁμαξῶν κατόπιν 
 αὐτοῖς οὐσῶν ἐνεποδίσθησαν, καὶ προσέτι καὶ τοὺς παῖδας
 τάς τε γυναῖκας σῶσαι ἐθελήσαντες ἔπταισαν. καὶ τόν γε βασιλέα
 αὐτῶν Δέλδωνα αὐτὸς ὁ Κράσσος ἀπέκτεινε· κἂν τὰ σκῦλα αὐτοῦ 
 τῷ Φερετρίῳ Διὶ ὡς καὶ ὀπῖμα ἀνέθηκεν, εἴπερ αὐτοκράτωρ
 στρατηγὸς ἐγεγόνει. ἐκεῖνά τε οὖν οὕτως ἐπράχθη, καὶ οἱ λοιποὶ
 οἱ μὲν ἐς ἄλσος τι καταφυγόντες περιεπρήσθησαν, οἱ δὲ ἐς τεῖχός
 τι ἐσπηδήσαντες ἐξῃρέθησαν. ἄλλοι ἐς τὸν Ἴστρον ἐμπεσόντες,
 ἄλλοι κατὰ τὴν χώραν σκεδασθέντες ἐφθάρησαν. περιλειφθέντων
 δ´ οὖν καὶ ὥς τινων, καὶ χωρίον ἰσχυρὸν καταλαβόντων, ἡμέρας
 μέν τινας μάτην σφίσιν ὁ Κράσσος προσήδρευσεν, ἔπειτα Ῥώλου 
 οἱ Γετῶν τινων βασιλέως ἐπικουρήσαντος ἐξεῖλεν αὐτούς. καὶ ὅ
 τε Ῥώλης πρὸς τὸν Καίσαρα ἐλθὼν φίλος τε ἐπὶ τούτῳ καὶ σύμμαχος 
 αὐτοῦ ἐνομίσθη, καὶ οἱ αἰχμάλωτοι τοῖς στρατιώταις διεδόθησαν.
 | [51,24] Tandis qu'il était ainsi occupé, les Bastarnes cessèrent 
de fuir et s'arrêtèrent sur les bords du fleuve 
Cédrus, observant l'issue de la lutte. Mais quand, après 
avoir vaincu les Mysiens, Crassus marcha contre eux à 
leur tour, ils lui envoyèrent des ambassadeurs, le priant 
de ne point les poursuivre, attendu, disaient-ils, qu'ils 
n'avaient fait aucun mal aux Romains. Crassus, retenant 
ces ambassadeurs, sous prétexte de leur donner sa réponse 
le lendemain, les traita du reste avec bonté, mais 
les enivra, de façon à savoir d'eux tous les projets de leur 
nation; car toutes les races scythes ont pour le vin une 
passion sans borne, et elles en sont vite rassasiées. 
Crassus, pendant ce temps, s'étant, la nuit, approché d'une 
forêt au-devant de laquelle il plaça des éclaireurs, fit 
reposer son armée ; les Bastarnes, dans la persuasion 
que ces éclaireurs étaient seuls, ayant fondu sur eux
et les ayant suivis dans leur retraite jusque dans les 
fourrés, perdirent beaucoup de monde, là et dans leur 
fuite ; car ils furent arrêtés par leurs chariots placés 
derrière eux, et, de plus, en voulant sauver leurs femmes 
et leurs enfants, ils essuyèrent un échec. Crassus tua 
lui-même leur roi Deldon, et il aurait suspendu ses 
dépouilles comme dépouilles opimes dans le temple de 
Jupiter Férétrien, s'il eût commandé en chef. Voilà 
comment les choses se passèrent. Quant au reste des 
barbares, les uns, réfugiés dans un bois sacré, y furent 
enveloppés dans l'incendie de ce bois, les autres, s'étant 
élancés dans la ville, furent pris ; d'autres périrent en 
tombant dans l'Ister, d'autres en errant dans le pays. 
Quelques-uns, qui échappèrent à cette défaite, s'étant 
emparés d'une position forte, soutinrent contre Crassus 
un siége de plusieurs jours; mais, secouru ensuite par 
Rholès, roi de certaines peuplades gètes, Crassus ne 
tarda pas à s'en rendre maître. Alors Rholès, étant allé 
trouver César, reçut de lui, à cause de cette assistance, 
le titre d'ami et d'allié; les captifs furent partagés entre 
les soldats.
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