[50,1] Ὁ δὲ δῆμος ὁ τῶν Ῥωμαίων τῆς μὲν δημοκρατίας ἀφῄρητο,
οὐ μέντοι καὶ ἐς μοναρχίαν ἀκριβῆ ἀπεκέκριτο, ἀλλ´ ὅ τε Ἀντώνιος
καὶ ὁ Καῖσαρ ἐξ ἴσου ἔτι τὰ πράγματα εἶχον, τά τε πλείω σφῶν
διειληχότες, καὶ τὰ λοιπὰ τῷ μὲν λόγῳ κοινὰ νομίζοντες, τῷ δὲ
ἔργῳ, ὥς που πλεονεκτῆσαί τι ἑκάτερος αὐτῶν ἐδύνατο, ἰδιούμενοι.
μετὰ δὲ δὴ τοῦτο, ὡς ὅ τε Σέξτος ἀπωλώλει καὶ ὁ Ἀρμένιος ἑαλώκει
τά τε προσπολεμήσαντα τῷ Καίσαρι ἡσύχαζε καὶ ὁ Πάρθος
οὐδὲν παρεκίνει, καὶ ἐκεῖνοι φανερῶς ἐπ´ ἀλλήλους ἐτράποντο καὶ
ὁ δῆμος ἀκριβῶς ἐδουλώθη. αἰτίαι δὲ τοῦ πολέμου καὶ σκήψεις
αἵδε αὐτοῖς ἐγένοντο. Ἀντώνιος μὲν Καίσαρι ἐπεκάλει ὅτι τόν τε
Λέπιδον τῆς ἀρχῆς ἐπεπαύκει καὶ τὴν χώραν τήν τε δύναμιν τήν
τε ἐκείνου καὶ τὴν τοῦ Σέξτου, κοινήν σφων ὀφείλουσαν εἶναι, ἐσφετέριστο·
καὶ τούτων τε τὴν ἡμίσειαν ἀπῄτει, καὶ τῶν στρατιωτῶν
οὓς ἐκ τῆς Ἰταλίας τῆς ἀμφοτέροις σφίσι προσηκούσης κατείλεκτο.
Καῖσαρ δὲ ἐκείνῳ ὅτι ἄλλα τε καὶ τὴν Αἴγυπτον μὴ λαχὼν εἶχε,
τόν τε Σέξτον ἀπεκτόνει (αὐτὸς γὰρ ἑκὼν πεφεῖσθαι αὐτοῦ ἔλεγε),
καὶ τὸν Ἀρμένιον ἐξαπατήσας καὶ συλλαβὼν καὶ δήσας πολλὴν τῷ
δήμῳ κακοδοξίαν προσετέτριπτο· τά τε ἡμίσεα καὶ αὐτὸς τῶν
λαφύρων ἀπῄτει, καὶ παρὰ πάντα ἐπέφερεν αὐτῷ τήν τε Κλεοπάτραν
καὶ τοὺς παῖδας οὓς ἐξ αὐτῆς ἀνῄρητο, τά τε δωρηθέντα
σφίσι, καὶ ἐν τοῖς μάλιστα ὅτι τὸν Καισαρίωνα ἐπωνόμαζεν οὕτω
καὶ ἐς τὸ τοῦ Καίσαρος γένος ἦγε.
| [50,1] Le peuple romain avait perdu le gouvernement
populaire, sans être tombé cependant sous un gouvernement
purement monarchique : Antoine et César administraient
les affaires sur le pied de l'égalité, bien
qu'ils se fussent partagé au sort la plus grande partie
de l'empire et que le reste passât pour être commun;
car, en réalité, chacun d'eux cherchait, pour son
compte personnel, les moyens de prévaloir sur son rival.
Mais ensuite, lorsque Sextus fut mort, que l'Arménien
fut pris, que les nations qui avaient fait la guerre
à César furent pacifiées et que le Parthe ne remua plus,
les deux concurrents se tournèrent l'un contre l'autre,
et le peuple fut ouvertement réduit en servitude. Or,
voici quelles furent les causes et les prétextes de la guerre.
Antoine reprochait à César d'avoir destitué Lépidus
dont il s'était, disait-il, approprié le territoire ainsi que
son armée et celle de Sextus, armées qui auraient dû
être partagées entre eux deux; il en réclamait la moitié
avec celle des soldats levés en Italie, moitié à laquelle
ils avaient droit l'un comme l'autre. César, de son côté,
reprochait à Antoine, entre autres griefs, de posséder
l'Egypte sans que le sort en eût décidé; d'avoir fait
mettre à mort Sextus à qui il eût, disait-il, volontiers
pardonné; d'avoir, en se saisissant de la personne de
l'Arménien et en le jetant dans les fers, imprimé, par
cet acte de perfidie, une tache au peuple romain; il réclamait
de lui, à son tour, la moitié des dépouilles, et,
par-dessus tout, il lui reprochait Cléopâtre, les enfants
qu'il avait d'elle et qu'il élevait, les dons qu'il leur avait
faits, et principalement le nom de Césarion donné au
fils de cette femme et son intrusion dans la famille de César.
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