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[48,18] Καῖσαρ δὲ τέως μὲν οὐδεμίαν ἐπιστροφὴν
αὐτοῦ τῇ τε ἐκείνου καταφρονήσει καὶ τῇ τῶν ἐν χερσὶν
ἀσχολίᾳ ἐποιήσατο· ἐπεὶ δ´ ὑπό τε τοῦ λιμοῦ φθορὰ πολλὴ ἐν τῷ
ἄστει ἐγένετο καὶ ὁ Σέξτος καὶ τῆς Ἰταλίας ἐπείρασεν, οὕτω δὴ
ναυτικόν τέ τι κατασκευάζεσθαι ἤρξατο, καὶ τὸν Ῥοῦφον τὸν Σαλουιδιῆνον
σὺν δυνάμει πολλῇ ἐς Ῥήγιον προέπεμψε. καὶ ὃς ἐκ μὲν
τῆς Ἰταλίας τὸν Σέξτον ἀπεώσατο, ἀναχωρήσαντος δὲ αὐτοῦ ἐς
τὴν Σικελίαν δερμάτινα πλοῖα κατὰ τοὺς ἐν τῷ ὠκεανῷ πλέοντας
ἐκποιῆσαι ἐπεχείρησεν, ἔνδοθεν μὲν ῥάβδοις αὐτὰ κούφαις διαλαμβάνων,
ἔξωθεν δὲ βοὸς δέρμα ὠμὸν ἐς ἀσπίδος κυκλοτεροῦς τρόπον
περιτείνων. ὡς δὲ γέλωτά τε ὠφλίσκανεν καὶ κινδυνεύσειν, εἰ πειραθείη
αὐτοῖς διὰ τοῦ πορθμοῦ χρήσασθαι, ἐπίστευσεν, ἐκείνων μὲν
ἀφεῖτο, τῷ δὲ δὴ ναυτικῷ τῷ κατασκευασθέντι τε καὶ ἐλθόντι
ἐπετόλμησε μὲν διαπλεῦσαι, οὐκ ἠδυνήθη δέ· τό τε γὰρ πλῆθος καὶ
τὸ μέγεθος τῶν νεῶν αὐτοῦ πολὺ τῆς τῶν ἐναντίων καὶ ἐμπειρίας
καὶ τόλμης ἠλαττώθη. αὐτόπτης οὖν τῆς ναυμαχίας ὁ Καῖσαρ
γενόμενος (κατὰ γὰρ τὴν στρατείαν αὐτοῦ τὴν ἐς τὴν Μακεδονίαν
ταῦθ´ οὕτως ἐπράχθη) χαλεπῶς ἤνεγκε, καὶ μάλισθ´ ὅτι τότε πρῶτον
συμβαλὼν ἥττητο. καὶ διὰ τοῦτο κατὰ μὲν τὸ ἰσχυρὸν οὐκέτι,
καίτοι τοῦ πλείονος ναυτικοῦ σωθέντος οἱ, περαιωθῆναι ἐτόλμησε·
λάθρᾳ δὲ πολλάκις ἐπιχειρήσας ὡς πάντως, ἂν τῆς νήσου ἐπιβῇ,
πολὺ τῷ πεζῷ κρατήσων, ἔπειθ´ ὡς οὐδέν, ἅτε καὶ ἰσχυρᾶς πανταχόθεν
φυλακῆς αὐτοῦ οὔσης, ἐπέραινε, τῇ μὲν Σικελίᾳ ἄλλους
τινὰς ἐφεδρεύειν προσέταξεν, αὐτὸς δὲ πρός τε τὸν Ἀντώνιον ἐς
τὸ Βρεντέσιον ἀφίκετο, κἀντεῦθεν τῇ τῶν νεῶν βοηθείᾳ τὸν Ἰόνιον
διέβαλε.
| [48,18] César, jusque-là, n'avait pris aucune attention à
Sextus, tant par dédain pour lui que par suite de
l'embarras où l'avaient mis les événements: mais, quand
la famine eut enlevé à Rome une foule d'habitants et
que Sextus eut fait une tentative contre l'Italie, alors il
commença à équiper une flotte, et envoya en avant à
Rhegium Salvidiénus Rufus avec de nombreuses
troupes. Celui-ci chassa Sextus de l'Italie, et, après la
retraite de l'ennemi en Sicile, essaya de construire, à
l'imitation de ceux qui naviguent sur l'Océan, des
bateaux de cuir, qu'il soutenait intérieurement par de
légères pièces de bois, tendant sur l'extérieur un cuir de
bœuf cru, en forme de bouclier sphérique. Mais, ayant
fait rire de lui, et croyant qu'il était dangereux d'essayer
de s'en servir pour traverser le détroit, il renonça à ces
bateaux et affronta le passage avec la flotte, qui était
équipée et qui l'avait rejoint, mais il ne put l'effectuer.
En effet, le nombre et la dimension de ses vaisseaux le
cédaient de beaucoup à l'habileté et à l'audace de ses
adversaires. César, qui vit de ses yeux ce combat, la
chose s'étant passée à l'époque de son expédition en
Macédoine, fut vivement affligé de cet échec, surtout a
la suite d'un premier engagement. Aussi n'osa-t-il plus,
bien que la majeure partie de sa flotte eût été sauvée,
essayer de forcer le passage; et, après avoir fait
secrètement plusieurs tentatives, dans l'espoir qu'une
fois descendu dans l'île, ses troupes de terre lui
assureraient infailliblement une grande supériorité.
Voyant qu'il n'obtenait aucun résultat à cause des forces
qui la couvraient de toutes parts, il confia à d'autres le
soin de veiller à la Sicile, pour se rendre lui-même
auprès d'Antoine à Brindes, d'où, avec le secours de ses
vaisseaux, il traversa la mer Ionienne.
| [48,19] γενομένου δὲ τούτου τήν τε νῆσον πᾶσαν ὁ Σέξτος κατέσχε,
καὶ τὸν Βιθυνικὸν ὡς καὶ ἐπιβουλεύσαντα αὐτῷ ἀπέκτεινε,
θέας τε ἐπινικίους ἤγαγε, καὶ ναυμαχίαν τῶν αἰχμαλώτων ἐν τῷ
πορθμῷ παρ´ αὐτὸ τὸ Ῥήγιον, ὥστε καὶ τοὺς ἐναντίους ὁρᾶν,
ἐποίησε, πλοιάριά τινα ξύλινα πρὸς ἕτερα βύρσινα ἐς τὸν τοῦ
Ῥούφου κατάγελων συμβαλών. καὶ μετὰ τοῦτο ναῦς τε πλείους
ἐναυπηγήσατο καὶ τῆς πέριξ θαλάσσης ἐκράτησε, δόξαν τέ τινα
καὶ φρόνημα ὡς καὶ τοῦ Ποσειδῶνος παῖς ὤν, ὅτι πάσης ποτὲ ὁ
πατὴρ αὐτοῦ τῆς θαλάσσης ἦρξε, προσέθετο. ταῦτα μέν, ἕως ἔτι
τά τε τοῦ Κασσίου καὶ τὰ τοῦ Βρούτου συνειστήκει, ἔπραξε·
φθαρέντων δὲ ἐκείνων ἄλλοι τε πρὸς αὐτὸν συγκατέφυγον καὶ ὁ
Στάιος ὁ Λούκιος. καὶ αὐτὸν τὰ μὲν πρῶτα ἀσμένως ἐδέξατο
(καὶ γὰρ τὴν δύναμιν ἧς ἦρχεν ἐπηγάγετο), ἔπειτα δὲ καὶ δραστήριον
καὶ φρονηματώδη ἰδὼν ὄντα ἀπέκτεινεν, ἔγκλημα αὐτῷ προδοσίας
ἐπενεγκών. κἀκ τούτου τό τε ἐκείνου ναυτικὸν καὶ τὸ τῶν
δούλων τῶν ἐκ τῆς Ἰταλίας ἀφικνουμένων πλῆθος προσλαβὼν
πάμπολυ ηὐξήθη· τοσοῦτοι γὰρ δὴ ηὐτομόλουν ὥστε καὶ τὰς ἀειπαρθένους
καθ´ ἱερῶν εὔξασθαι ἐπισχεθῆναί σφων τὰς αὐτομολίας.
| [48,19] Sextus devint par là maître de l'île entière, et fit
mourir Bithynicus, sous prétexte qu'il avait conspiré
contre lui ; il donna des spectacles comme après une
victoire et fit livrer par les captifs, sur le détroit, en face
même de Rhégium, de manière à être vu de ses
adversaires, un combat naval où il mettait aux prises,
pour se moquer de Rufus, des bateaux de bois contre
des bateaux de cuir. Ensuite, il construisit des vaisseaux
en grand nombre, établit sa domination sur tout le
littoral, et poussa la présomption et l'orgueil jusqu'à se
regarder comme fils de Neptune, parce que son père
avait eu autrefois le commandement sur toute l'étendue
de la mer. Voilà ce qu'il fit tant que le parti de Cassius
et celui de Brutus furent encore debout; eux morts,
plusieurs de leurs partisans, entre autres L. Statius, se
réfugièrent près de lui. Sextus l'accueillit d'abord avec
joie (Statius amenait avec lui le corps qu'il
commandait), mais ensuite, voyant en lui un homme
d'action et de sentiments élevés, il le fit mourir sous
prétexte de trahison. A partir de ce moment, s'étant mis
à la tête de la flotte de Statius et d'une multitude
d'esclaves qui accouraient d'Italie, il accrut
considérablement sa puissance. En effet, le nombre des
fugitifs était tel que les Vestales, dans les sacrifices,
demandaient aux dieux d'arrêter cette désertion.
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