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[47,10] ἐγὼ οὖν τὸ μὲν πάντα αὐτὰ ἀκριβῶς καθ´ ἕκαστον ἐπεξελθεῖν
παραλείψω (πάμπολύ τε γὰρ ἔργον ἂν εἴη, καὶ οὐδὲν μέγα τῇ συγγραφῇ
παρέξεται), ἃ δὲ ἀξιομνημόνευτα μάλιστα εἶναι νομίζω, διηγήσομαι.
τοῦτο μὲν γὰρ ἐς σπήλαιόν τις τὸν δεσπότην κατακρύψας, εἶτ´ ἐπειδὴ καὶ
ὣς καθ´ ἑτέρου τινὸς μήνυσιν ἀπολεῖσθαι ἔμελλε, τήν τε ἐσθῆτα πρὸς αὐτὸν
ἠλλάξατο, καὶ μετ´ αὐτῆς τοῖς ἐπιοῦσιν ὡς καὶ αὐτὸς ἐκεῖνος
ὢν προαπήντησε καὶ ἐσφάγη· καὶ οὕτως οἱ μὲν ἀπετράποντο, νομίσαντες
ὃν ἐβούλοντο πεφονευκέναι, ὁ δὲ ἀπελθόντων αὐτῶν ἑτέρωσε
διέφυγε. τοῦτο δὲ ἄλλος τις τὴν σκευὴν ὁμοίως ἅπασαν
πρὸς τὸν δεσπότην διαλλάξας αὐτός τε ἐς φορεῖον κατάστεγον
ἐσῆλθε καὶ ἐκεῖνον διφροφορεῖν ἐποίησε· κἀκ τούτου καταληφθέντες
ὁ μὲν οὐδ´ ὀφθεὶς ἐφονεύθη, ὁ δὲ ὥς τις σκευοφόρος διεσώθη.
καὶ ταῦτα μὲν ἴσως ἐκεῖνοι ἐξ εὐεργεσίας τινὸς προϋπαρχούσης
σφίσι τοῖς εὖ ποιήσασιν ἀνταπέδοσαν· στιγματίας δέ τις οὐχ ὅσον
οὐ προέδωκε τὸν στίξαντα, ἀλλὰ καὶ πάνυ προθύμως ἔσωσεν. ὡς
γοῦν ὑπεκκομίζων ποι αὐτὸν ἐφωράθη καὶ ἐδιώκετο, ἀπέκτεινέ τέ
τινα ἐντυχόντα οἱ κατὰ τύχην, καὶ τὴν στολὴν αὐτοῦ τῷ δεσπότῃ
δοὺς τὸν μὲν ἐπὶ πυρὰν ἐπέθηκεν, αὐτὸς δὲ τήν τε ἐσθῆτα καὶ
τὸν δακτύλιον τοῦ δεσπότου λαβὼν ἀπήντησε τοῖς διώκουσι, καὶ
πλασάμενος ὡς καὶ φεύγοντα αὐτὸν ἀπεκτονὼς ἐπιστεύθη ἔκ τε
τῶν σκύλων καὶ ἐκ τῶν στιγμάτων, καὶ ἐκεῖνόν τε ἅμα ἔσωσε καὶ
αὐτὸς ἐτιμήθη. ταῦτα μὲν οὖν ἐς οὐδεμίαν ὀνόματος μνήμην ἀνήκει·
Ὁσίδιον δὲ δὴ Γέταν ὁ υἱός, ἐκφορὰν δή τινα αὐτοῦ ὡς καὶ
τεθνηκότος σκευάσας, ἐξέσωσε, καὶ Κύιντον Κικέρωνα τὸν τοῦ
Μάρκου ἀδελφὸν ὁ παῖς ἐξέκλεψε καὶ ὅσον ἐφ´ ἑαυτῷ ἔσωσεν.
αὐτὸς μὲν γὰρ καὶ κατέκρυψε τὸν πατέρα ὥστε μὴ εὑρεθῆναι, καὶ
στρεβλωθεὶς ἐπὶ τούτῳ πάσαις βασάνοις οὐδὲν ἐξελάλησε· μαθὼν
δὲ ἐκεῖνος τὸ γιγνόμενον, καὶ θαυμάσας τε ἅμα τὸν παῖδα καὶ
ἐλεήσας, ἦλθεν ἐθελοντὴς ἐς τὸ ἐμφανὲς καὶ αὐτὸς ἑαυτὸν τοῖς
σφαγεῦσι παρέδωκεν.
| [47,10] Quant à moi, je ne m'arrêterai pas à les raconter tous
en détail (ce serait me charger d'une tâche pénible et
sans aucune utilité sérieuse pour cette histoire), je
rapporterai seulement ceux que je crois le plus dignes
de mémoire. Ici, c'est un esclave qui, ayant caché son
maître dans une caverne, le voyant ensuite sur le point
de périr par suite de la dénonciation d'un autre, change
de vêtements avec lui, et, comme si c'eût été lui qui
était le maître, va à la rencontre de ceux qui le
poursuivaient, et se laisse égorger. Grâce à ce
stratagème, ceux-ci s'en retournent persuadés qu'ils ont
tué celui qu'ils voulaient, et, quand ils sont éloignés, le
maître s'enfuit autre part. Là, c'est un autre esclave qui,
ayant également changé en entier son costume pour
celui de son maître, monte dans sa litière couverte et la
lui fait porter; puis, quand ils sont arrêtés, l'esclave est
tué sans même être vu et le maître échappe à la mort
comme n'étant qu'un des porteurs. Voilà des
dévouements d'esclaves pour leurs maîtres eu retour de
bienfaits qu'ils avaient reçus d'eux. Mais un esclave
stigmatisé, loin de trahir l'auteur de ses stigmates, prit
un soin tout particulier pour le sauver. Tandis qu'il
l'emmenait secrètement, il avait été vu et on le
poursuivait; l'esclave alors tue un homme qu'il
rencontre par hasard, et met sur un bûcher le cadavre,
dont il donne la toge à son maître; lui-même, avec les
vêtements et l'anneau de son maître, va au-devant de
ceux qui le poursuivaient, et, feignant d'avoir tué son
maître qui s'enfuyait, il réussit à se faire croire en leur
montrant les dépouilles et les stigmates: il sauva son
maître et en même temps fut comblé d'honneurs. Il n'a
survécu aucun souvenir du nom des auteurs de ces
actions. Hosidius Géta dut la vie à son fils qui célébra
publiquement ses funérailles comme s'il eût été mort;
Quintus Cicéron, frère de Marcus, fut dérobé à tous les
regards par son fils et sauvé par lui, en tant du moins
qu'il fut au pouvoir de l'enfant. Le fils, en effet, cacha le
père si bien qu'on ne put le trouver, et la question, à
laquelle on l'appliqua ne put, malgré toutes les tortures,
lui arracher aucun aveu ; mais le père, instruit de ce qui
se passait et plein à la fois d'admiration et de
compassion pour le fils, se montra volontairement aux
yeux de tous et se livra lui-même aux meurtriers.
| [47,11] ἀρετῆς μὲν δὴ καὶ εὐσεβείας τοσαῦτα τότε ἐπιφανῆ ἔργα ἐγένετο·
Ποπίλιος δὲ δὴ Λαίνας τὸν Κικέρωνα τὸν Μᾶρκον ἀπέκτεινε
καίπερ εὐεργέτην αὐτοῦ ἐκ συνηγορήματος ὄντα, καὶ ἵνα γε μὴ
ἀκουόμενος μόνον ἀλλὰ καὶ ὁρώμενος πίστιν τοῦ πεφονευκέναι αὐτὸν
λάβῃ, εἰκόνα ἑαυτοῦ πλησίον τῆς ἐκείνου κεφαλῆς ἐστεφανωμένην
ἔθηκε, καὶ τὸ ὄνομα καὶ τὸ ἔργον αὐτοῦ ἐπιγεγραμμένον
ἔχουσαν. καὶ οὕτω γε καὶ τῷ Ἀντωνίῳ διὰ τοῦτ´ ἤρεσεν ὥστε καὶ
χρήματα πλείω τῶν ἐπηγγελμένων λαβεῖν. Μᾶρκος δὲ Τερέντιος
Οὐάρρων ἠδίκησε μὲν οὐδέν, ὁμώνυμος δὲ δή τινι τῶν ἐπικεκηρυγμένων
πλὴν μιᾶς προσηγορίας ὤν, καὶ δείσας μή τι κατὰ τοῦτο,
οἷα καὶ ὁ Κίννας, πάθῃ, ἐξέθηκε γράμμα αὐτὸ τοῦτο δηλῶν· ἐδημάρχει
δέ. καὶ ὁ μὲν διατριβὴν καὶ γέλωτα ἐπὶ τούτῳ ὠφλίσκανεν·
τὸ δὲ δὴ ἀστάθμητον τοῦ βίου καὶ ἐξ ἐκείνου ἐτεκμηριώθη, ὅτι
Λούκιος μὲν Φιλούσκιος ὑπό τε τοῦ Σύλλου πρότερον ἐπικηρυχθεὶς
καὶ διαφυγὼν ἔς τε τὸ λεύκωμα αὖθις τότε ἐσεγράφη καὶ ἀπέθανε,
Μᾶρκος δὲ Οὐαλέριος Μεσσάλας ὑπὸ τοῦ Ἀντωνίου θανατωθεὶς
οὐχ ὅπως ἐν ἀσφαλείᾳ διεβίω, ἀλλὰ καὶ ὕπατος ἀντ´ αὐτοῦ ἐκείνου
ὕστερον ἀπεδείχθη. οὕτως ἔκ τε τῶν ἀπορωτάτων πολλοὶ περιγίγνονται
καὶ ἐκ τῶν θαρσούντως ἐχόντων οὐκ ἐλάττους ἀπόλλυνται·
καὶ διὰ τοῦτο χρὴ μήτε ἐς τὸ ἀνέλπιστον πρὸς τὰς αὐτίκα συμφορὰς
ἐκπλήττεσθαί τινα μήτε ἐς τὸ ἀφρόντιστον ὑπὸ τοῦ παραχρῆμα
περιχαροῦς ἐπαίρεσθαι, ἀλλ´ ἐς τὸ μέσον ἐπ´ ἀμφότερα τὴν ἐλπίδα
τοῦ μέλλοντος τιθέμενον ἀσφαλεῖς ἐφ´ ἑκάτερα τοὺς λογισμοὺς ποιεῖσθαι.
| [47,11] Voilà jusqu'ici d'illustres exemples de vertu et de
piété qui se produisirent à cette époque. Au contraire,
Popilius Laenas tua Marcus Cicéron qui pourtant était
devenu son bienfaiteur en le défendant en justice, et,
comme si ce n'eût pas été assez de la renommée et qu'il
eût aussi fallu la vue pour confirmer qu'il était l'auteur
de ce meurtre, il plaça près de la tête de Cicéron son
buste avec une couronne et une inscription relatant son
nom et son action. Il se rendit par là tellement agréable
à Antoine que celui-ci lui donna une somme plus forte
que celle qui avait été promise. M. Térentius Varron
n'était coupable d'aucune offense ; mais comme son
nom était, à un seul prénom près, le même que celui
d'un des proscrits, et qu'il craignait, par suite de cette
ressemblance, d'éprouver le sort de Cinna, il fit poser
une affiche pour en donner avis : il était alors tribun du
peuple. Par là il se rendit l'objet des entretiens et des
railleries de tout le monde. Mais voici un exemple qui
témoigne bien de l'instabilité de la vie : L. Philuscius,
dont la tête avait été autrefois mise à prix par Sylla et
qui avait alors échappé au péril, fut inscrit de nouveau
sur les tables de proscription et fut tué, tandis que M.
Valérius Messala, quoique condamné à mort par
Antoine, non seulement vécut en sûreté, mais même fut,
dans la suite, créé consul à sa place. Ainsi, beaucoup se
tirent sains et saufs des circonstances les plus difficiles,
tandis que beaucoup périssent de ceux qui étaient pleins
d'assurance ; ce qui montre bien qu'il ne faut ni se
laisser abattre, en présence d'un malheur subit, au point
de perdre toute espérance, ni se laisser emporter à des
sentiments insensés par l'excès d'une joie inattendue,
mais, prenant pour intermédiaire dans les deux cas l'attente de
l'avenir, rester ferme dans l'une comme dans l'autre fortune.
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