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[45,44] πῶς δὲ οὐ δεινὸν ἐκεῖνον μὲν μὴ μελλῆσαι ἡμᾶς
ἀδικεῖν, ἡμᾶς δὲ δὴ μέλλειν ἀμύνασθαι; καὶ ἐκεῖνον μὲν ἐκ πολλοῦ
τὰ ὅπλα ἐν χερσὶν ἔχοντα πάντα τὰ τοῦ πολέμου πράττειν, ἡμᾶς
δὲ ἐν ψηφίσμασι καὶ πρεσβείαις τοὺς χρόνους κατατρίβειν, καὶ ὃν
ἐκ τῶν ἔργων ἀδικοῦντα πάλαι πεφωράκαμεν, τοῦτον συλλαβαῖς
καὶ ῥήμασι μόνοις μεταχειρίζεσθαι; τί προσδοκῶντας; ἢ ὅτι ὑπακούσει
ποτὲ ἡμῖν καὶ αἰδεσθήσεταί ποτε ἡμᾶς; καὶ πῶς, ὅς γε ἐς
τοῦτ´ ἤδη προκεχώρηκεν ὥστε μηδ´ ἂν βούληται δύνασθαι δημοκρατικῶς
ἡμῖν συμπολιτεῦσαι. εἰ μὲν γὰρ ἴσως καὶ κοινῶς ζῆν
ἠβούλετο, οὐδ´ ἂν ἀπ´ ἀρχῆς τοιούτοις πράγμασιν ἐπεχείρησεν,
εἴ τε καὶ ὑπ´ ἀνοίας ἢ καὶ προπετείας τοῦτ´ ἐποίησε, πάντως ἂν
ἑκὼν εὐθὺς αὐτῶν ἀπηλλάγη· νῦν δ´ ἅπαξ καὶ ἐκ τῶν νόμων καὶ
ἐκ τῆς πολιτείας ἐκβάς, καί τινα καὶ δύναμιν ἐκ τούτου καὶ ἐξουσίαν
προσλαβών, οὐκ ἔστιν ὅπως ἂν ἐθελούσιος μεταβάλοιτο καὶ
τῶν δογμάτων τι τῶν ὑμετέρων προτιμήσειεν, ἀλλ´ ἀνάγκη τὸν
τοιοῦτον αὐτοῖς τοῖς ὅπλοις, οἷσπερ ἡμᾶς ἀδικεῖν ἐτόλμησε, καὶ
κολασθῆναι.
| [45,44] « N'est-il pas déplorable qu'il n'ait pas, lui, différé
à vous faire du mal, et que, vous, vous différiez
à vous venger ? que, ayant depuis longtemps les armes
à la main, il fasse tous les actes qui caractérisent
une guerre ouverte, et que, vous, vous perdiez le temps
en décrets et en ambassades? que celui dont nous
avons depuis longtemps surpris des actes d'agression,
vous ne traitiez avec lui que par syllabes et par mots?
Dans quel espoir ? qu'il vous écoute enfin, qu'il soit
enfin touché de respect pour vous? Comment attendre
cela de lui, quand il s'est déjà avancé au point
de ne plus pouvoir, lors même qu'il le voudrait, être
avec vous citoyen d'un Etat démocratique? S'il eût
voulu vivre sous l'égalité et la communauté des droits,
il n'aurait pas, dés le début, entrepris de telles choses ;
et si la folie et la précipitation l'eussent poussé à
cette conduite, il y eût, dans tous les cas, aussitôt
renoncé de son plein gré. Maintenant qu'il est une fois
sorti des lois et de la constitution, et que par là il a
conquis une certaine puissance et une certaine autorité,
il n'y a plus moyen à lui de changer volontairement,
ni de se soumettre à aucun de vos décrets; il faut donc
de toute nécessité que ces mêmes armes avec lesquelles
il a osé vous attaquer servent aussi à le châtier.
| [45,45] καί μοι νῦν μάλιστα τὸ λεχθέν ποτε ὑπ´ αὐτοῦ
ἐκείνου μνημονεύσατε, ὅτι οὐχ οἷόν τέ ἐστιν ὑμῖν, ἂν μὴ κρατήσητε,
σωθῆναι. οὐδὲν οὖν ἄλλο ποιοῦσιν οἱ κελεύοντες ὑμᾶς
πρεσβεύσασθαι ἢ ὅπως ὑμεῖς μὲν βραδύνητε, κἀκ τούτου καὶ τὰ
τῶν συμμαχούντων ὑμῖν ἀργότερα καὶ ἀθυμότερα γένηται, ἐκεῖνος
δὲ ἐν τούτῳ καθ´ ἡσυχίαν πάνθ´ ὅσα ἂν βούληται πράξῃ, καὶ
τόν τε Δέκιμον ἐξέλῃ καὶ τὴν Μούτιναν ἐκπολιορκήσῃ τήν τε Γαλατίαν
πᾶσαν λάβῃ, ὥστε μηκέθ´ ἡμᾶς ὅπως αὐτῷ χρησώμεθα
εὑρεῖν δυνηθῆναι, ἀλλ´ ὑποδεδιέναι τε καὶ θεραπεύειν αὐτὸν καὶ
προσκυνεῖν ἀνάγκην ἔχειν. ἓν δὲ ἔτι τοῦτο περὶ τῆς πρεσβείας
εἰπὼν παύσομαι, ὅτι οὐδὲ ὁ Ἀντώνιος λόγον τινὰ ὑμῖν ἔδωκε περὶ
ὧν πράττειν ἔμελλεν, ἵνα καὶ ὑμεῖς τοῦτο ποιήσητε.
ἐγὼ μὲν οὖν καὶ διὰ ταῦτα καὶ διὰ τἆλλα πάντα συμβουλεύω
ὑμῖν μὴ μέλλειν μηδὲ διατρίβειν, ἀλλ´ ὅτι τάχιστα αὐτῷ πολεμῆσαι,
λογισαμένους ὅτι τὰ πλείω τῶν πραγμάτων τοῖς καιροῖς ἢ ταῖς
δυνάμεσι κατορθοῦται, καὶ πάντως που καὶ ἐκ τούτου συνιέναι
ὅτι οὐκ ἄν ποτε τὴν εἰρήνην, ἐν ᾗ καὶ πλεῖστον ἰσχύω καὶ πλοῦτον
καὶ δόξαν ἐκτησάμην, ἀφείς, εἴγε καὶ τῷ ἔργῳ εἰρήνη ἦν, πολεμεῖν
ὑμῖν, εἰ μή γε καὶ συμφέρειν ἡγούμην, παρῄνεσα.
| [45,45] « Et, maintenant plus que jamais, rappelez-vous
cette parole prononcée par lui-même : "Il n'y a, si vous
n'êtes vainqueurs, aucun salut possible pour vous".
Ceux donc qui vous engagent à lui envoyer une députation
ne font rien autre chose que de vous retarder,
et, par suite, ralentir et décourager le zèle de vos
alliés, tandis que lui, pourra accomplir tranquillement
tous ses desseins, prendre Décimus, forcer Mutina
et s'emparer de la Gaule tout entière; de sorte
que, loin de garder encore un moyen de le dominer,
nous serons nécessairement réduits à le craindre, à lui
faire la cour et à nous prosterner à ses pieds. Encore
un mot sur l'envoi des députés, et je finis. Antoine ne
vous a rendu aucun compte de ce qu'il a l'intention
de faire, pour que vous, de votre côté, vous fassiez
cette démarche. Quant à moi, c'est pour ce motif et
pour tous les autres que je vous conseille de ne différer
ni temporiser, mais de lui faire la guerre au plus
vite, songeant que, dans les affaires, les occasions
plus souvent que les forces font le succès; et, mes
conseils, vous les comprendrez parfaitement encore
par cette raison que la paix, pendant laquelle mon influence
est la plus grande, à laquelle je dois la richesse
et la gloire, je ne l'aurais pas sacrifiée (si c'était réellement
la paix) pour aller, ne le croyant pas utile à vos
intérêts, vous pousser à la guerre par mes exhortations.
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