HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre XLIV

Chapitre 12-13

  Chapitre 12-13

[44,12] γράμματά τε γάρ, τῇ ὁμωνυμίᾳ αὐτοῦ τῇ πρὸς τὸν πάνυ Βροῦτον τὸν τοὺς Ταρκυνίους καταλύσαντα καταχρώμενοι, πολλὰ ἐξετίθεσαν, φημίζοντες αὐτὸν ψευδῶς ἀπόγονον ἐκείνου εἶναι· ἀμφοτέρους γὰρ τοὺς παῖδας, τοὺς μόνους οἱ γενομένους, μειράκια ἔτι ὄντας ἀπέκτεινε, καὶ οὐδὲ ἔγγονον ὑπελίπετο. οὐ μὴν ἀλλὰ τοῦτό τε οἱ πολλοί, ὅπως ὡς καὶ γένει προσήκων αὐτῷ ἐς ὁμοιότροπα ἔργα προαχθείη, ἐπλάττοντο, καὶ συνεχῶς ἀνεκάλουν αὐτόν, " Βροῦτε Βροῦτε" ἐκβοῶντες, καὶ προσεπιλέγοντες ὅτι "Βρούτου χρῄζομεν". καὶ τέλος τῇ τε τοῦ παλαιοῦ Βρούτου εἰκόνι ἐπέγραψαν "εἴθε ἔζης", καὶ τῷ τούτου βήματι (ἐστρατήγει γὰρ καὶ βῆμα καὶ τὸ τοιοῦτον ὀνομάζεται ἐφ´ οὗ τις ἱζόμενος δικάζει) ὅτι "καθεύδεις Βροῦτε" καὶ "Βροῦτος οὐκ εἶ". [44,12] Ils placardaient de nombreux écrits, où, abusant de la similitude de son nom avec celui du fameux Brutus qui avait renversé les Tarquins, ils publiaient qu'il était un de ses descendants : assertion mensongère, puisque ce Brutus fit mettre à mort ses deux enfants encore tout jeunes, les seuls qu'il ait eus, et qu'il ne laissa pas de postérité. Ce n'en était pas moins la fiction que l'on répandait partout afin de le pousser, par l'influence de cette parenté, à des entreprises pareilles, et sans cesse ils l'appelaient à haute voix, criant : "Brutus, Brutus, » et ajoutant : « Nous avons besoin d'un Brutus". Enfin ils écrivirent sur la statue de l'ancien Brutus : "Plût aux dieux que tu fusses en vie"! et ils jetèrent sur le tribunal de Marcus (il était alors préteur, et on donne le nom de tribunal à l'endroit où siége un magistrat pour rendre la justice) un billet avec ces mots : «Tu dors, Brutus;» et «Tu n'es pas Brutus. »
[44,13] ταῦτά τε οὖν αὐτόν, ἄλλως τε καὶ ἀπ´ ἀρχῆς ἀντιπολεμήσαντα τῷ Καίσαρι, ἀνέπεισεν ἐπιθέσθαι οἱ καίπερ εὐεργέτῃ μετὰ τοῦτο γενομένῳ, καὶ ὅτι τοῦ Κάτωνος τοῦ Οὐτικησίου κληθέντος, ὥσπερ εἶπον, καὶ ἀδελφιδοῦς καὶ γαμβρὸς ἦν. καὶ μόνη γε γυναικῶν γαμετὴ αὐτοῦ Πορκία τὴν ἐπιβουλήν, ὥς φασι, συνέγνω. φροντίζοντι γάρ τι αὐτῷ περὶ αὐτῶν τούτων ἐπιστᾶσα ἀνεπύθετο τι σύννους εἴη, καὶ ἐπειδὴ μηδὲν ἀπεκρίνατο, ὑπώπτευσέ τε διὰ τὴν τοῦ σώματος ἀσθένειαν ἀπιστεῖσθαι, μὴ καὶ ἄκουσά τι ἐκ βασάνων ἐξείπῃ, καὶ πρᾶγμα μέγα ἐτόλμησε. τὸν γὰρ μηρὸν τὸν ἑαυτῆς κρύφα κατέτρωσεν, ὅπως πειραθείη εἰ δύναιτο πρὸς αἰκισμοὺς ἀντικαρτερῆσαι· καὶ ἐπειδὴ μὴ περιήλγησε, κατεφρόνησε τοῦ τραύματος καὶ προσελθοῦσα αὐτῷ ἔφη "σὺ μέν, ἄνερ, καίτοι τῇ ψυχῇ μου πιστεύων ὅτι οὐδὲν ἐκλαλήσει, ὅμως ἠπίστεις τῷ σώματι, καὶ ἔπασχές γέ τι ἀνθρώπινον· ἐγὼ δὲ καὶ τοῦτο εὕρηκα σιωπᾶν δυνάμενον". ταῦτα εἰποῦσα τόν τε μηρὸν ἐπέδειξέν οἱ, καὶ τὴν αἰτίαν τοῦ γεγονότος ἐκφήνασα ἔφη "λέγε τοίνυν θαρσῶν πάνθ´ ὅσα συγκρύπτεις· ἐμὲ γὰρ οὐ πῦρ, οὐ μάστιγες, οὐ κέντρα ἀναγκάσει τι ἐκλαλῆσαι· οὐχ οὕτω γυνὴ γεγένημαι. ὡς, ἄν γε ἀπιστήσῃς μοι ἔτι, καλῶς ἔχει μοι τεθνάναι μᾶλλον ζῆν· μηκέτι με μηδεὶς μήτε Κάτωνος θυγατέρα μήτε σὴν γυναῖκα νομιζέτω". [44,13] Par suite de ces excitations, Brutus, qui d'ailleurs avait, dès le principe, porté les armes contre César, se décida à tramer sa perte, quoiqu'il en eût depuis reçu des bienfaits ; d'ailleurs il était neveu et gendre de Caton, surnommé, comme je l'ai dit, Caton d'Utique. Seule de toutes les femmes, son épouse Porcia fut, dit-on, initiée à la conspiration. L'ayant surpris songeant à ce projet, elle lui demanda pourquoi il était tout pensif, et, comme il ne lui répondit rien, elle supposa qu'il se défiait d'elle à cause de sa faiblesse physique, dans la crainte que les tortures ne lui arrachassent malgré elle quelque révélation, et elle osa une grande chose. Elle se fit elle-même secrètement une blessure à la cuisse pour essayer si elle pourrait résister aux tourments; puis, après qu'elle eut vaincu la douleur, elle méprisa sa blessure, et allant trouver son mari : « Brutus, lui dit-elle, quoique bien persuadé que mon âme ne parlerait pas, tu te défiais cependant de mon corps ; tu as fait comme font tous les hommes, mais moi, j'ai trouvé que mon corps aussi est capable de silence. A ces mots, elle lui montra sa cuisse, et lui ayant expliqué la cause de la blessure qu'elle s'y était faite : Et maintenant, continua-t-elle, dis hardiment tout ce que tu caches; ni le feu, ni les fouets, ni les aiguilles ne me forceront à rien dévoiler; je ne suis pas femme à ce point. Si donc tu te défies encore de moi, mieux me vaut mourir que de vivre. Que personne désormais ne me tienne pour la fille de Caton ni pour ta femme. »


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Dernière mise à jour : 8/06/2006