Texte grec :
[38,19] "ἀλλ´ εἴ γέ τινα" ἔφη ὁ Κικέρων "τοιοῦτον ἔχεις λόγον ὥστε τὴν ἀχλύν
μου ταύτην ἀπὸ τῆς ψυχῆς ἀφελεῖν καὶ ἐς τὸ ἀρχαῖόν με φῶς ἐπαναγαγεῖν,
ἑτοιμότατός εἰμι ἀκούειν. ὥσπερ γὰρ τῶν φαρμάκων, οὕτω δὴ καὶ τῶν λόγων
καὶ διαφοραὶ πολλαὶ καὶ δυνάμεις ποικίλαι εἰσίν, ὥστ´ οὐδὲν θαυμαστὸν
εἰ καὶ ἐμὲ τὸν λαμπρὸν ἔν τε τῇ γερουσίᾳ καὶ ἐν ταῖς ἐκκλησίαις
τοῖς τε δικαστηρίοις σοφίᾳ τινὶ καταιονήσειας."
"φέρε οὖν" εἶπεν ὁ Φιλίσκος, "ἐπειδήπερ ἀκούειν ἕτοιμος εἶ,
σκεψώμεθα πρῶτον μὲν εἰ κακὰ ὡς ἀληθῶς ἐστι ταῦτα τὰ περιεστηκότα
σε, ἔπειτα δὲ τίνα τρόπον αὐτὰ ἀκεσόμεθα.
ἐγὼ τοίνυν πρῶτον μὲν ἁπάντων ὁρῶ σε ὑγιαίνοντα τῷ σώματι καὶ εὖ μάλα
ἐρρωμένον, ὅπερ που πρῶτον κατὰ φύσιν ἀγαθόν ἐστιν ἀνθρώποις,
ἔπειτα δὲ τὰ ἐπιτήδεια αὐτάρκη κεκτημένον, ὥστε μήτε πεινῆν μήτε
διψῆν ἢ ῥιγοῦν ἢ καὶ ἄλλο τι ἄτοπον ὑπ´ ἀπορίας ὑπομένειν, ὃ δὴ
καὶ δεύτερον εἰκότως ἄν τις ἀγαθὸν ἀνθρώπῳ φύσει τιθείη. ὅταν
γάρ τινι ἥ τε τοῦ σώματος σύστασις εὖ ἔχῃ καὶ διαρκεῖν ἀφροντιστῶν
δύνηται, πάντα τὰ πρὸς εὐδαιμονίαν ἐπιβάλλοντα καρποῦται."
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Traduction française :
[38,19] "Certes, lui dit Cicéron, si tes paroles peuvent
dissiper les nuages qui obscurcissent mon esprit et lui
rendre la lumière qui l'éclairait jadis, je suis tout prêt à
t'écouter. Il en est des moyens de persuader comme des
remèdes ; ils sont très variés et très diversement efficaces :
il ne serait donc pas étonnant que tu parvinsses,
quoique j'aie tant brillé au sénat, dans l'assemblée du
peuple et au barreau, à faire pénétrer dans mon âme
quelques conseils de la sagesse." - "Eh bien ! dit Philiscus,
puisque tu es disposé à m'écouter, examinons d'abord si
ta position présente est vraiment malheureuse, et
cherchons ensuite comment nous pourrons y appliquer un remède.
Avant tout, je vois que tu te portes bien et que ta constitution physique
est excellente. Or c'est le premier bien que la nature a donné à l'homme.
De plus tu possèdes tout ce qui est nécessaire pour vivre : tu n'as
donc à craindre ni la faim, ni la soif, ni le froid, ni aucun
des maux qu'enfante la pauvreté, et l'on peut dire que
c'est le second bien départi à l'homme par la nature ; car
celui qui jouit d'une bonne constitution et qui peut sans
inquiétude suffire aux besoins de la vie, a dans les mains
tout ce qui contribue au bonheur."
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