Texte grec :
[38,18] καὶ ὁ μὲν ἐς τὴν Μακεδονίαν διὰ τοῦτο μετέστη καὶ ἐκεῖ διέτριβεν
ὀδυρόμενος· ἐντυχὼν δ´ αὐτῷ Φιλίσκος τις ἀνὴρ ἔν τε ταῖς
Ἀθήναις συγγεγονώς οἱ καὶ τότε κατὰ τὴν τύχην συντυχών "οὐκ
αἰσχύνῃ" ἔφη, "ὦ Κικέρων, θρηνῶν καὶ γυναικείως διακείμενος;
ὡς ἔγωγε οὔποτ´ ἄν σε προσεδόκησα οὕτω μαλακισθήσεσθαι, πολλῆς
μὲν παιδείας καὶ παντοδαπῆς μετεσχηκότα, πολλοῖς δὲ καὶ
συνηγορηκότα." καὶ ὃς ὑπολαβὼν εἶπεν "ἀλλ´ οὐδέν τοι ὅμοιόν
ἐστιν, ὦ Φιλίσκε, ὑπὲρ ἄλλων τέ τινα λέγειν καὶ ἑαυτῷ συμβουλεύειν.
τὰ μὲν γὰρ ὑπὲρ τῶν ἀλλοτρίων λεγόμενα, ἀπὸ ὀρθῆς καὶ
ἀδιαφθόρου τῆς γνώμης προϊόντα, καιρὸν ἐς τὰ μάλιστα λαμβάνει·
ὅταν δὲ δὴ πάθημά τι τὴν ψυχὴν καταλάβῃ, θολοῦται καὶ σκοτοῦται
καὶ οὐδὲν δύναται καίριον ἐννοῆσαι. ὅθεν που πάνυ καλῶς
εἴρηται ὅτι ῥᾷον παραινέσαι ἑτέροις ἐστὶν ἢ αὐτὸν παθόντα καρτερῆσαι."
"λέγεις μέν τι" ἔφη ὁ Φιλίσκος "ἀνθρώπινον· οὐ μέντοι
καὶ ἠξίουν σε, τοσαύτῃ μὲν φρονήσει κεχρημένον τοσαύτην δὲ σοφίαν
ἠσκηκότα, μὴ οὐ προπαρεσκευάσθαι πρὸς πάντα τὰ ἀνθρώπινα,
ἵν´ εἴ τι καὶ παράλογόν σοι προσπέσοι, μήτι γε καὶ ἄφρακτόν
σε εὕροι. ἐπεὶ δ´ οὖν ἐν τούτῳ καθέστηκας, - - - καὶ γὰρ ἄν τι
ὠφελήσαιμί σε διαλεξάμενός τι τῶν προσφόρων, ἵν´ ὥσπερ οἱ τὰ
φορτία συναιρόμενοί τισιν ἐπικουφίζουσιν αὐτούς, καὶ ἐγώ σοι τὸ
πάθος τοῦτο ἐπελαφρύναιμι, τοσούτῳ ῥᾷον ἐκείνων ὅσῳ μηδὲ τὸ
βραχύτατον αὐτοῦ μεταλήψομαι. οὐ γάρ που καὶ ἀπαξιώσεις παραμυθίου
τινὸς παρ´ ἑτέρου τυχεῖν. εἰ μὲν γὰρ αὐτάρκης ἑαυτῷ
ἦσθα, οὐδὲν ἂν ἡμῖν τῶν λόγων τούτων ἔδει· νῦν δ´ ὅμοιον πέπονθας
ὥσπερ εἰ Ἱπποκράτης ἢ Δημοκήδης ἢ καὶ ἄλλος τις τῶν πάνυ
ἰατρῶν νοσήματι δυσιάτῳ περιπεσὼν ἀλλοτρίας χειρὸς πρὸς τὴν
ἄκεσιν αὐτοῦ προσεδεήθη."
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Traduction française :
[38,18] Cicéron se rendit donc en Macédoine, où il vécut
dans la tristesse. Là il rencontra un certain Philiscus qu'il
avait connu à Athènes et que le hasard conduisit alors
près de lui. "N'as-tu pas honte, lui dit-il, à Cicéron, de
répandre des larmes et de te conduire comme une
femme ? Certes je n'aurais jamais prévu que tu
montrerais tant de faiblesse, toi qui as une instruction si
profonde et si variée, toi qui prêtas ton appui à tant
d'hommes." Cicéron répondit : "Philiscus, il n'y a aucune
ressemblance entre parler pour autrui et se conseiller soi-même :
ce qu'on dit pour les autres, pourvu qu'on parle
avec une raison droite et saine, a presque toujours le
caractère de l'opportunité ; mais lorsque l'âme est sous
l'empire d'une émotion triste, elle se trouble, s'obscurcit
et ne peut rien trouver à propos. Aussi a-t-on dit avec
une grande justesse qu'il est plus facile de donner des
consolations aux autres que d'être soi-même ferme dans
le malheur." - "Ton langage, répliqua Philiscus, est
d'accord avec la faiblesse humaine ; mais je ne pouvais
croire que Cicéron, doué d'un si grand sens et orné de
tant de lumières, ne fût pas prémuni contre les
événements qui peuvent atteindre l'homme, et que si un
coup imprévu venait à te frapper, il te trouverait sans
défense. Dans l'état où tu es, je pourrai t'être utile en
m'entretenant avec toi de ce qui est propre à adoucir ton
chagrin, et de même que les fardeaux deviennent moins
lourds quand on aide celui qui les porte, je rendrai ton
malheur moins pesant. Je le puis d'autant plus aisément
qu'aucun de tes maux, même le plus léger, ne doit
retomber sur moi. Tu ne dédaigneras pas, je l'espère, de
recevoir d'un autre quelques consolations. Si tu te
suffisais à toi-même, cet entretien serait superflu ; mais
en ce moment, tu es dans la position où se trouveraient
Hippocrate, Démocèdes, ou tout autre médecin
éminents, atteints d'une maladie difficile à guérir et qui
les forcerait de recourir à une main étrangère pour
recouvrer la santé."
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