HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CHRYSOSTOME, Sur Troie (discours 11)

Paragraphes 150-154

 Paragraphes 150-154

[11,150] ἴσως ἂν οὖν εἴποι τις ἀνήκοος, Οὐκ ὀρθῶς Ἕλληνας καθαιρεῖς. ἀλλ´ οὐδὲν ἔστιν ἔτι τοιοῦτον, οὐδὲ ἔστι δέος μή ποτε ἐπιστρατεύσωνται ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα τῶν ἐκ τῆς Ἀσίας τινές· τε γὰρ Ἑλλὰς ὑφ´ ἑτέροις ἐστὶν τε Ἀσία. τὸ δὲ ἀληθὲς οὐκ ὀλίγου ἄξιον. πρὸς δὲ τούτοις, εἰ ᾔδειν ὅτι πείσω ταῦτα λέγων, ἴσως ἂν ἐβουλευσάμην εἰπεῖν. ὅμως δὲ μείζω καὶ δυσχερέστερα ὀνείδη φημὶ τῶν Ἑλλήνων ἀφελεῖν. (151) τὸ μὲν γὰρ μὴ ἑλεῖν τινα πόλιν οὐδὲν ἄτοπον, οὐδέ γε τὸ στρατεύσαντας ἐπὶ χώραν μηδὲν αὐτοῖς προσήκουσαν ἔπειτα εἰρήνην ποιησαμένους ἀπελθεῖν, οὐδέ γε ἄνδρα ἀγαθὸν ὄντα τὴν ψυχὴν ὑπὸ ἀνδρὸς ὁμοίου τελευτῆσαι μαχόμενον, οὐδὲ τοῦτο ὄνειδος· ἀλλὰ καὶ ἀποδέξαιτο ἄν τις μέλλων ἀποθνῄσκειν, ὥσπερ γε Ἀχιλλεὺς πεποίηται λέγων, ὥς μ´ ὄφελ´ Ἕκτωρ κτεῖναι, ὃς ἐνθάδε τέτραφ´ ἄριστος. (152) τὸν δὲ ἄριστον ὄντα τῶν Ἑλλήνων ὑπὸ τοῦ φαυλοτάτου τῶν πολεμίων ἀποθανεῖν τῷ ὄντι μέγα ὄνειδος· ὁμοίως δὲ τὸν νοῦν ἔχειν δοκοῦντα καὶ σωφρονέστατον εἶναι τῶν Ἑλλήνων πρῶτον μὲν τὰ πρόβατα καὶ τοὺς βοῦς ἀποσφάττειν, βουλόμενον ἀποκτεῖναι τοὺς βασιλέας, ὕστερον δὲ αὑτὸν ἀνελεῖν ὅπλων ἕνεκεν αἴσχιστον. (153) πρὸς δὲ τούτοις Ἀστυάνακτα μὲν ἀνδρὸς ἀγαθοῦ παῖδα οὕτως ὠμῶς ἀνελεῖν ῥίψαντας ἀπὸ τοῦ τείχους, καὶ ταῦτα κοινῇ δόξαν τῷ στρατοπέδῳ καὶ τοῖς βασιλεῦσι· Πολυξένην δὲ παρθένον ἀποσφάττειν ἐπὶ τάφῳ καὶ τοιαύτας χεῖσθαι χοὰς τῷ τῆς θεᾶς υἱεῖ· Κασσάνδραν δέ, παναγῆ κόρην, ἱέρειαν τοῦ Ἀπόλλωνος, ἐν τῷ τεμένει φθαρῆναι τῆς Ἀθηνᾶς, ἐχομένην τοῦ ἀγάλματος, καὶ τοῦτο πρᾶξαι μηδένα τῶν φαύλων μηδὲ τῶν ἀναξίων, ἀλλ´ ὅσπερ ἦν ἐν τοῖς ἀρίστοις· (154) Πρίαμον δὲ τὸν βασιλέα τῆς Ἀσίας ἐν ἐσχάτῳ γήρᾳ κατατρωθέντα παρὰ τὸν τοῦ Διὸς βωμόν, ἀφ´ οὗ τὸ γένος ἦν, ἐπ´ αὐτῷ σφαγῆναι, καὶ μηδὲ τοῦτο εἰργάσθαι μηδένα τῶν ἀφανῶν, ἀλλὰ τὸν τοῦ Ἀχιλλέως υἱόν, καὶ ταῦτα ἑστιαθέντα ὑπὸ τοῦ πατρὸς αὐτοῦ καὶ σωθέντα ὑπ´ ἐκείνου πρότερον· Ἑκάβην δέ, δύστηνον τοσούτων μητέρα παίδων, Ὀδυσσεῖ δοθῆναι ἐπὶ ὕβρει, ὑπό τε τοῦ μεγέθους τῶν κακῶν πάνυ γελοίως κύνα γενέσθαι· τὸν δὲ βασιλέα τῶν Ἑλλήνων τὴν ἱερὰν κόρην τοῦ Ἀπόλλωνος, ἣν οὐδεὶς ἐτόλμησε γῆμαι διὰ τὸν θεόν, αὐτὸν ἀγαγέσθαι γυναῖκα, ὅθεν ἔδοξε τεθνηκέναι δικαίως· πόσῳ κρείττω ταῦτα μὴ γενόμενα τοῖς Ἕλλησιν Τροίαν ἁλῶναι; [11,150] Quelqu'un peut-être, me prenant; par mes propres paroles, me dira: Vous avez donc tort de rabaisser les Grecs.. Mais nous ne sommes plus dans les mêmes circonstances qu'Homère. Il n'y a plus aujourd'hui lieu de craindre que les peuples d'Asie viennent porter la guerre en Grèce. La Grèce et l'Asie sont toutes deux asservies à une domination étrangère ; et la vérité ne mérite pas peu d'égards. D'ailleurs, si j'avais cru que mon discours eût été capable de persuader, j'aurais peut-être balancé à rompre le silence. Je puis cependant assurer que les faits que j'enlève aux Grecs leur sont bien plus désavantageux, que ceux que je rapporte. 151 Il n'y a rien d'extraordinaire à ne point prendre une ville, à se retirer après avoir fait la paix, avec des ennemis qu'on avait attaqués injustement. Il n'est point honteux à un brave homme d'être tué par son semblable. Tout homme sûr de mourir choisirait la mort que désire Achille lorsqu'on lui fait dire : « Puissé-je expirer sous les coups d'Hector, le plus brave des Troyens » 152 Mais il est infiniment honteux que le plus vaillant des Grecs soit tué par le plus vil des ennemis. Il est honteux que celui qui passait pour le plus sage et le plus modéré des Grecs égorge des boeufs et des moutons croyant massacrer des Rois, et se tue ensuite de dépit de ce qu'on ne lui accorde pas les armes qu'il demande; 153 qu'Astyanax fils d'un héros, soit si inhumainement mis à mort, en le précipitant du haut d'une muraille, et cela par l'avis unanime des Rois et de l'armée; que Polyxène soit égorgée sur un tombeau, et qu'on fasse un sacrifice funèbre de cette nature au fils d'une Déesse ; que la belle Cassandre, prêtresse d'Apollon, soit violée dans le temple même y tenant dans ses bras la statue de Minerve, et que ce crime soit commis non par un homme méprisable et vil, mais par un des principaux chefs de l'armée grecque ; 154 que Priam, roi de l'Asie parvenu à un extrême. vieillesse, soit percé de coups, massacré au pied des autels de Jupiter dont il tirait son origine, et que l'auteur d'une telle action soit non pas quelqu'un d'un nom obscur, mais le fils d'Achille même, dont le père avait reçu Priam à sa table, et respecté les jours de ce prince ; qu'Hécube, malheureuse mère de tant d'enfants, soit donnée à Ulysse pour lui servir de jouet, et qu'à cause de l'excès de ses malheurs, elle soit si ridiculement métamorphosée en chienne : qu'enfin le roi des Grecs ait la hardiesse d'épouser une fille consacrée à Apollon, à laquelle nul n'osait toucher par respect pour ce Dieu ; audace dont ce Prince sembla justement puni par mort. Ne vaut-il pas bien mieux pour les Grecs de n'avoir point pris Troie, que d'avoir fait tout cela ?


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Dernière mise à jour : 24/06/2010