Texte grec :
[10,42] Εἴ τε γὰρ ἦν τὸ κενὸν ἄπειρον τὰ δὲ σώματα ὡρισμένα,
οὐθαμοῦ ἂν ἔμενε τὰ σώματα, ἀλλ' ἐφέρετο κατὰ τὸ ἄπειρον κενὸν
διεσπαρμένα, οὐκ ἔχοντα τὰ ὑπερείδοντα καὶ στέλλοντα κατὰ τὰς ἀνακοπάς· εἴ
τε τὸ κενὸν ἦν ὡρισμένον, οὐκ ἂν εἶχε τὰ ἄπειρα σώματα ὅπου ἐνέστη.
« Πρός τε τούτοις τὰ ἄτομα τῶν σωμάτων καὶ μεστά, ἐξ ὧν καὶ αἱ συγκρίσεις
γίνονται καὶ εἰς ἃ διαλύονται, ἀπερίληπτά ἐστι ταῖς διαφοραῖς τῶν
σχημάτων· οὐ γὰρ δυνατὸν γενέσθαι τὰς τοσαύτας διαφορὰς ἐκ τῶν αὐτῶν
σχημάτων περιειλημμένων. Καὶ καθ' ἑκάστην δὲ σχημάτισιν ἁπλῶς ἄπειροί
εἰσιν αἱ ὅμοιαι, ταῖς δὲ διαφοραῖς οὐχ ἁπλῶς ἄπειροι ἀλλὰ μόνον
ἀπερίληπτοι, οὐδὲ γάρ φησιν ἐνδοτέρω εἰς ἄπειρον τὴν τομὴν τυγχάνειν.
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Traduction française :
[10,42] car si le vide était infini et que le nombre des corps ne le fût pas,
les corps n'auraient nulle part de lieu où ils pussent se fixer, et ils erraient
dispersés dans le vide, parce qu'ils ne rencontreraient rien qui les
arrêtât et ne recevraient point de répercussion. D'un autre côté, si le
vide était fini et que les corps fussent infinis en nombre, cette infinité
de corps empêcherait qu'ils n'eussent d'endroit à se placer.
« Ces corps solides et indivisibles dont se forment et dans lesquels se
résolvent les assemblages sont distingués par tant de sortes de figures,
qu'on n'en peut concevoir la variété. En effet, il est impossible de se
représenter qu'il y ait tant de conformations différentes de corps
indivisibles. Au reste, chaque espèce de figures d'atomes renferme des
atomes à l'infini ; mais ces espèces mêmes ne sont point infinies, elles
sont seulement incompréhensibles en nombre ; car, comme Épicure l'enseigne
plus bas, il n'y a point de divisibilité à l'infini ;
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