Texte grec :
[10,137] Ἔτι πρὸς τοὺς Κυρηναϊκούς· οἱ μὲν γὰρ χείρους τὰς σωματικὰς
ἀλγηδόνας τῶν ψυχικῶν, κολάζεσθαι γοῦν τοὺς ἁμαρτάνοντας σώματι· ὁ δὲ τὰς
ψυχικάς. Τὴν γοῦν σάρκα τὸ παρὸν μόνον χειμάζειν, τὴν δὲ ψυχὴν καὶ τὸ
παρελθὸν καὶ τὸ παρὸν καὶ τὸ μέλλον. Οὕτως οὖν καὶ μείζονας ἡδονὰς εἶναι
τῆς ψυχῆς. Ἀποδείξει δὲ χρῆται τοῦ τέλος εἶναι τὴν ἡδονὴν τῷ τὰ ζῷα ἅμα τῷ
γεννηθῆναι τῇ μὲν εὐαρεστεῖσθαι, τῷ δὲ πόνῳ προσκρούειν φυσικῶς καὶ χωρὶς
λόγου. Αὐτοπαθῶς οὖν φεύγομεν τὴν ἀλγηδόνα· ἵνα καὶ ὁ Ἡρακλῆς
καταβιβρωσκόμενος ὑπὸ τοῦ χιτῶνος βοᾷ, δάκνων ἰύζων· ἀμφὶ δ' ἔστενον
πέτραι Λοκρῶν τ' ὄρειοι πρῶνες Εὐβοίας τ' ἄκραι.
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Traduction française :
[10,137] Il ne s'accorde pas non plus avec les cyrénaïques, qui soutiennent
que les douleurs du corps sont beaucoup plus sensibles que celles de
l'esprit : la raison qu'ils en donnent, est qu'on punit les criminels par
les tourments du corps, parce qu'il n'y a rien de plus rigoureux ; mais
Épicure, au contraire, prouve que les maux de l'esprit sont plus cruels :
le corps ne souffre que dans le temps qu'il est affligé, mais l'esprit
n'endure pas seulement dans le moment de l'atteinte, il est encore
persécuté par le souvenir du passé et par la crainte de l'avenir ; aussi
ce philosophe préfère les plaisirs de la partie intelligente à toutes les
voluptés du corps. Il prouve que la volupté est la fin de tout, parce que
les bêtes ne voient pas plutôt la lumière, que, sans aucun raisonnement et
par le seul instinct de la nature, elles cherchent le plaisir et fuient la
douleur ; c'est une chose tellement propre aux hommes, dès le moment de
leur naissance, d'éviter le mal, qu'Hercule même, sentant les ardeurs de
la chemise qui le brûlait, ne put refuser des larmes à sa douleur, et fit
retentir de ses plaintes les cimes élevées des montagnes d'Eubée.
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