[6,3] CHAPITRE III. MONIME.
<82> Μόνιμος Συρακόσιος μαθητὴς μὲν Διογένους, οἰκέτης δέ τινος
τραπεζίτου Κορινθίου, καθά φησι Σωσικράτης. Πρὸς τοῦτον συνεχὲς
ἀφικνούμενος ὁ Ξενιάδης ὁ τὸν Διογένην ἐωνημένος τὴν ἀρετὴν αὐτοῦ καὶ
τῶν ἔργων καὶ τῶν λόγων διηγούμενος εἰς ἔρωτα τἀνδρὸς ἐνέβαλε τὸν
Μόνιμον. Αὐτίκα γὰρ ἐκεῖνος μανίαν προσποιηθεὶς τό τε κέρμα διερρίπτει
καὶ πᾶν τὸ ἐπὶ τῆς τραπέζης ἀργύριον ἕως αὐτὸν ὁ δεσπότης παρῃτήσατο·
καὶ ὃς εὐθέως Διογένους ἦν. Παρηκολούθησε δὲ καὶ Κράτητι τῷ κυνικῷ
συχνὰ καὶ τῶν ὁμοίων εἴχετο, ὅτε καὶ μᾶλλον ὁρῶν αὐτὸν ὁ δεσπότης
ἐδόκει μαίνεσθαι.
<83> Ἐγένετο δ' ἀνὴρ ἐλλόγιμος, ὡς καὶ Μένανδρον αὐτοῦ τὸν κωμικὸν
μεμνῆσθαι. Ἔν τινι γοῦν τῶν δραμάτων ἐν τῷ Ἱπποκόμῳ εἶπεν οὕτως·
Μόνιμός τις ἦν ἄνθρωπος, ὦ Φίλων, σοφός,
ἀδοξότερος μικρῷ δ'. {Β.} Ὁ τὴν πήραν ἔχων;
{Α.} Πήρας μὲν οὖν τρεῖς· ἀλλ' ἐκεῖνος ῥῆμά τι
ἐφθέγξατ' οὐδὲν ἐμφερές, μὰ τὸν Δία,
τῷ γνῶθι σαυτόν, οὐδὲ τοῖς βοωμένοις
τούτοις, ὑπὲρ δὲ ταῦθ' ὁ προσαιτῶν καὶ ῥυπῶν·
τὸ γὰρ ὑποληφθὲν τῦφον εἶναι πᾶν ἔφη.
Οὗτος μὲν ἐμβριθέστατος ἐγένετο, ὥστε δόξης μὲν καταφρονεῖν, πρὸς
δ' ἀλήθειαν παρορμᾶν. Γέγραφε δὲ παίγνια σπουδῇ λεληθυίᾳ μεμιγμένα
καὶ Περὶ ὁρμῶν δύο καὶ Προτρεπτικόν.
| [6,3] CHAPITRE III. MONIME.
<82> Monime de Syracuse, disciple de Diogène, était esclave d’un
banquier de Corinthe, au dire de Sosicrate. Xéniade, celui qui avait acheté
Diogène, venait souvent auprès de lui et lui parlait des rares qualités du
philosophe, de ses actions et de ses discours. Enflammé par ces
récits il conçut une telle passion pour Diogène que, feignant tout à coup
d’être devenu fou, il se mit à jeter au hasard tout ce qui était sur la table,
la monnaie du change et tout l'argent de la banque,
si bien qu’il se fit renvoyer par son maître, et aussitôt il s’attacha à Diogène.
Il fréquentait aussi Cratès le cynique et avait adopté
son genre de vie, ce qui ne fit que confirmer le banquier dans l’idée qu’il
était fou.
<83> Ménippe acquit une grande célébrité, à ce point que Ménandre le
comique le cite dans une de ses pièces, l’Hippomachus ; voici le passage :
II y avait, cher Philon, un sage appelé Ménippe, sage tant soit peu
obscur, et qui portait la besace... Que dis-je ? c’est trop peu encore; il portait
trois besaces, figurément parlant. Sa maxime favorite ne ressemble en
rien, je te le jure, au Connais-toi toi-même, ni à tant d’autres maximes
célèbres. Il a laissé tout cela bien loin derrière lui, ce mendiant, ce crasseux !
« Toute opinion, disait-il, n’est que vanité. »
II avait une noble fermeté d’âme qui lui faisait dédaigner la gloire et
rechercher la vérité seule. Il a composé des ouvrages légers, mais qui
cachent un sens profond, sans compter deux livres sur les passions et un
d’exhortations.
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