[5,31] (31) Τάς τ' ἀρετὰς ἔφη μὴ ἀντακολουθεῖν·
ἐνδέχεσθαι γὰρ φρόνιμόν τινα καὶ ὁμοίως δίκαιον ὄντα ἀκόλαστον καὶ ἀκρατῆ
εἶναι. Ἔφη δὲ τὸν σοφὸν ἀπαθῆ μὲν μὴ εἶναι, μετριοπαθῆ δέ.
Τήν τε φιλίαν ὡρίζετο ἰσότητα εὐνοίας ἀντιστρόφου· ταύτης δὲ τὴν μὲν εἶναι
συγγενικήν, τὴν δὲ ἐρωτικήν, τὴν δὲ ξενικήν. Εἶναι δὲ καὶ τὸν ἔρωτα μὴ
μόνον συνουσίας, ἀλλὰ καὶ φιλ(οσοφ)ίας. Καὶ ἐρασθήσεσθαι δὲ τὸν σοφὸν καὶ
πολιτεύσεσθαι, γαμήσειν τε μὴν καὶ βασιλεῖ συμβιώσεσθαι. Βίων τε τριῶν
ὄντων, θεωρητικοῦ, πρακτικοῦ, ἡδονικοῦ, τὸν θεωρητικὸν προέκρινεν.
Εὔχρηστα δὲ καὶ τὰ ἐγκύκλια μαθήματα πρὸς ἀρετῆς ἀνάληψιν.
(32) Ἔν τε τοῖς φυσικοῖς αἰτιολογικώτατος πάντων ἐγένετο μάλιστα, ὥστε καὶ
περὶ τῶν ἐλαχίστων τὰς αἰτίας ἀποδιδόναι· διόπερ καὶ οὐκ ὀλίγα βιβλία
συνέγραψε φυσικῶν ὑπομνημάτων. Τὸν δὲ θεὸν ἀσώματον ἀπέφαινε, καθὰ καὶ ὁ
Πλάτων. Διατείνειν δὲ αὐτοῦ τὴν πρόνοιαν μέχρι τῶν οὐρανίων καὶ εἶναι
ἀκίνητον αὐτόν· τὰ δ' ἐπίγεια κατὰ τὴν πρὸς ταῦτα συμπάθειαν
οἰκονομεῖσθαι. Εἶναι δὲ παρὰ τὰ τέτταρα στοιχεῖα καὶ ἄλλο πέμπτον, ἐξ οὗ
τὰ αἰθέρια συνεστάναι. Ἀλλοίαν δ' αὐτοῦ τὴν κίνησιν εἶναι· κυκλοφορητικὴν
γάρ. Καὶ τὴν ψυχὴν δὲ ἀσώματον, ἐντελέχειαν οὖσαν τὴν πρώτην σώματος (γὰρ)
φυσικοῦ καὶ ὀργανικοῦ δυνάμει ζωὴν ἔχοντος. (33) Διττὴ δ' ἐστὶν αὕτη κατ'
αὐτόν. Λέγει δ' ἐντελέχειαν ἧς ἐστιν εἶδός τι ἀσώματον. Ἡ μὲν κατὰ
δύναμιν, ὡς ἐν τῷ κηρῷ ὁ Ἑρμῆς ἐπιτηδειότητα ἔχοντι ἐπιδέξασθαι τοὺς
χαρακτῆρας, καὶ ὁ ἐν τῷ χαλκῷ ἀνδριάς· καθ' ἕξιν δὲ λέγεται ἐντελέχεια ἡ
τοῦ συντετελεσμένου Ἑρμοῦ ἢ ἀνδριάντος. Σώματος δὲ φυσικοῦ, ἐπεὶ τῶν
σωμάτων τὰ μέν ἐστι χειρόκμητα, ὡς τὰ ὑπὸ τεχνιτῶν γινόμενα, οἷον πύργος,
πλοῖον· τὰ δὲ ὑπὸ φύσεως, ὡς φυτὰ καὶ τὰ τῶν ζῴων. Ὀργανικοῦ δὲ εἶπε,
τούτεστι πρός τι κατεσκευασμένου, ὡς ἡ ὅρασις πρὸς τὸ ὁρᾶν καὶ ἡ ἀκοὴ πρὸς
τὸ ἀκούειν· δυνάμει δὲ ζωὴν ἔχοντος, οἷον ἐν ἑαυτῷ.
(34) Τὸ δυνάμει δὲ διττόν, ἢ καθ' ἕξιν ἢ κατ' ἐνέργειαν· κατ' ἐνέργειαν
μέν, ὡς ὁ ἐγρηγορὼς λέγεται ψυχὴν ἔχειν· καθ' ἕξιν δ', ὡς ὁ καθεύδων. Ἵν'
οὖν καὶ οὗτος ὑποπίπτῃ, τὸ δυνάμει προσέθηκε.
Πολλὰ δὲ καὶ ἄλλα περὶ πολλῶν ἀπεφήνατο, ἅπερ μακρὸν ἂν εἴη
καταριθμεῖσθαι. Τοῖς γὰρ ὅλοις φιλοπονώτατος ἐγένετο καὶ εὑρετικώτατος, ὡς
δῆλον ἐκ τῶν προγεγραμμένων συγγραμμάτων, ἃ τὸν ἀριθμὸν ἐγγὺς ἥκει τῶν
τετρακοσίων, τὰ ὅσα γε ἀναμφίλεκτα· πολλὰ γὰρ καὶ ἄλλα εἰς αὐτὸν
ἀναφέρεται συγγράμματ' αὐτοῦ καὶ ἀποφθέγματα, ἀγράφου φωνῆς εὐστοχήματα.
(35) Γεγόνασι δὲ Ἀριστοτέλεις ὀκτώ· πρῶτος αὐτὸς οὗτος· δεύτερος ὁ
πολιτευσάμενος Ἀθήνησιν, οὗ καὶ δικανικοὶ φέρονται λόγοι χαρίεντες· τρίτος
περὶ Ἰλιάδος πεπραγματευμένος· τέταρτος Σικελιώτης ῥήτωρ, πρὸς τὸν
Ἰσοκράτους Πανηγυρικὸν ἀντιγεγραφώς· πέμπτος ὁ ἐπικληθεὶς Μῦθος, Αἰσχίνου
τοῦ Σωκρατικοῦ γνώριμος· ἕκτος Κυρηναῖος, γεγραφὼς περὶ ποιητικῆς· ἕβδομος
παιδοτρίβης, οὗ μέμνηται Ἀριστόξενος ἐν τῷ Πλάτωνος βίῳ· ὄγδοος
γραμματικὸς ἄσημος, οὗ φέρεται τέχνη περὶ πλεονασμοῦ.
Τοῦ δὴ Σταγειρίτου γεγόνασι μὲν πολλοὶ γνώριμοι, διαφέρων δὲ μάλιστα
Θεόφραστος, περὶ οὗ λεκτέον.
| [5,31] (31) Il croyait que les vertus ne sont pas liées ensemble, en sorte que
l'une suive l'autre; mais qu'il se peut qu'un homme prudent, ou tout de
même un homme juste, soit intempérant ou incontinent. Il supposait au sage
non l'exemption de passions, mais des passions modérées. Il définissait
l'amitié une égalité de bienveillance réciproque, et en comptait trois
espèces, l'amitié de parenté, l'amour, et l'amitié d'hospitalité ; car il
distinguait deux sortes d'amours, disant qu'outre celui des sens il y
avait celui qu'inspire la philosophie. Il croyait que le sage peut aimer,
remplir des charges publiques, embrasser l'état du mariage, et vivre à la
cour des princes. Des trois ordres de vies qu'il distinguait, et qu'il
appelait vie contemplative, vie pratique et vie voluptueuse, il préférait
le premier. Il regardait toutes sortes de sciences comme utiles pour
acquérir la vertu, (32) et dans l'étude de la physique il remontait
toujours aux causes ; de là vient qu'il s'applique à donner les raisons
des plus petites choses ; et c'est à cela qu'il faut attribuer la
multitude de commentaires qu'il a écrits sur la physique.
Aussi bien que Platon, il définissait Dieu un être incorporel ; et il
étend sa providence jusqu'aux choses célestes. Il dit aussi que Dieu est
immobile. Quant aux choses terrestres, il dit qu'elles sont conduites par
une sympathie qu'elles ont avec les choses célestes. Et outre les quatre
éléments, il en suppose un cinquième dont il dit que les corps célestes
sont composés, et dont il prétend que le mouvement est différent du
mouvement des autres éléments ; car il le fait orbiculaire.
Il suppose l'âme incorporelle, disant qu'elle est la première entéléchie
d'un corps physique et organique qui a le pouvoir de vivre; (33) il
distingue deux entéléchies, et il appelle de ce nom une chose dont la
forme est incorporelle. Il définit l'une une faculté, comme est celle qu'a
la cire, où l'on imprime une effigie de Mercure, de recevoir des
caractères, ou l'airain de devenir une statue; et donne à l'autre le nom
d'effet, comme est, par exemple, une image de Mercure imprimée ou une
statue formée. Il appelle l'âme l'entéléchie d'un corps physique, pour le
distinguer des corps artificiels, qui sont l'ouvrage de l'art, tels qu'une
tour ou un vaisseau, et de quelques autres corps naturels, tels que les
plantes et les animaux. Il l'appelle entéléchie d'un corps organique, pour
marquer qu'il est particulièrement disposé pour elle, comme la vue est
faite pour voir et l'ouïe pour entendre. Enfin il l'appelle entéléchie
d'un corps qui a le pouvoir de vivre, pour marquer qu'il s'agit d'un corps
dont la vie réside en lui-même. (34) Il distingue entre le pouvoir qui est
mis en acte et celui qui est en habitude : dans le premier sens l'homme
est dit avoir une âme, par exemple lorsqu'il est éveillé; dans le second
lorsqu'il dort, de sorte que quoique ce dernier soit sans agir, le pouvoir
ne laisse pas de lui demeurer.
Aristote explique amplement plusieurs autres choses qu'il serait trop long
de détailler ; car il était extrêmement laborieux et fort ingénieux, comme
il paraît par la liste que nous avons faite de ses ouvrages, dont le
nombre va à près de quatre cents, et dont on n'en révoque aucun en doute ;
car on met sous son nom plusieurs autres écrits, aussi bien que des
sentences pleines d'esprit, qu'on sait par tradition.
(35) Il y a eu huit Aristotes : le premier est celui dont nous venons de
parler; le second administra la république d'Athènes ; il y a de lui des
harangues judiciaires fort élégantes; le troisième a traité de l'Iliade
d'Homère; le quatrième, qui était un orateur de Sicile, a écrit contre le
panégyrique d'Isocrate ; le cinquième, qui était parent d'Eschine,
disciple de Socrate, porta le surnom de Mythus; le sixième, qui était
Cyrénien, a écrit de l'art poétique ; le septième était maître d'exercice
: Aristoxène parle de lui dans la Vie de Platon ; le huitième fut un
grammairien peu célèbre, de qui on a un ouvrage sur le pléonasme. Aristote
de Stagira eut beaucoup de disciples; mais le plus célèbre fut
Théophraste, de qui nous allons parler.
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