Texte grec :
[19,11] Κατὰ γὰρ τὴν Μακεδονίαν Εὐρυδίκη τῆς βασιλείας
προεστηκυῖα καὶ πυνθανομένη τὴν Ὀλυμπιάδα
παρασκευάζεσθαι πρὸς τὴν κάθοδον πρὸς μὲν Κάσανδρον εἰς Πελοπόννησον
ἀπέστειλε βιβλιαφόρον, ἀξιοῦσα βοηθεῖν τὴν ταχίστην, τῶν δὲ Μακεδόνων
τοὺς πρακτικωτάτους ἀνακαλουμένη δωρεαῖς καὶ μεγάλαις ἐπαγγελίαις ἰδίους
ταῖς εὐνοίαις κατεσκεύαζε.
Πολυπέρχων δὲ δύναμιν ἤθροισε προσλαβόμενος Αἰακίδην τὸν Ἠπειρώτην καὶ
κατήγαγεν Ὀλυμπιάδα μετὰ τοῦ Ἀλεξάνδρου παιδὸς ἐπὶ τὴν βασιλείαν. ἀκούων
οὖν Εὐρυδίκην ἐν Εὐίοις τῆς Μακεδονίας οὖσαν μετὰ
τῆς δυνάμεως ὥρμησεν ἐπ´ αὐτήν, σπεύδων μιᾷ μάχῃ
κρῖναι τὰ πράγματα. ἀντιταχθέντων δὲ ἀλλήλοις τῶν
στρατοπέδων οἱ Μακεδόνες ἐντραπέντες τὸ τῆς Ὀλυμπιάδος ἀξίωμα καὶ τῶν
εὐεργεσιῶν ἀναμιμνησκόμενοι
τῶν Ἀλεξάνδρου μετεβάλοντο. Φίλιππος μὲν οὖν ὁ
βασιλεὺς εὐθὺς ἥλω μετὰ τῆς θεραπείας, ἡ δ´ Εὐρυδίκη μετὰ Πολυκλέους,
ἑνὸς τῶν συμβούλων, εἰς Ἀμφίπολιν ἀποχωροῦσα συνελήφθη. τοῦτον δὲ τὸν
τρόπον Ὀλυμπιὰς τῶν βασιλικῶν σωμάτων κυριεύσασα
καὶ χωρὶς κινδύνων τὴν βασιλείαν παραλαβοῦσα τὴν
εὐτυχίαν οὐκ ἤνεγκεν ἀνθρωπίνως, ἀλλὰ τήν τ´ Εὐρυδίκην
καὶ τὸν ἄνδρα Φίλιππον τὸ μὲν πρῶτον εἰς
φυλακὴν καταθεμένη κακουχεῖν ἐπεχείρησε· περιοικοδομήσασα γὰρ αὐτῶν ἐν
βραχεῖ τόπῳ τὰ σώματα διὰ
μιᾶς στενῆς ὑποδοχῆς ἐχορήγει τὰ ἀναγκαῖα· ἐπὶ πολλὰς δ´ ἡμέρας
παρανομήσασα τοὺς ἠτυχηκότας, ἐπειδὴ
παρὰ τοῖς Μακεδόσιν ἠδόξει διὰ τὸν πρὸς τοὺς πάσχοντας ἔλεον, τὸν μὲν
Φίλιππον προσέταξε Θρᾳξί τισιν
ἐκκεντῆσαι, βασιλέα γεγενημένον ἓξ ἔτη καὶ μῆνας
τέσσαρας, τὴν δ´ Εὐρυδίκην παρρησιαζομένην καὶ
βοῶσαν αὐτῇ μᾶλλον προσήκειν ἤπερ Ὀλυμπιάδι τὴν
βασιλείαν ἔκρινε μείζονος ἀξιῶσαι τιμωρίας. εἰσέπεμψεν
οὖν αὐτῇ ξίφος καὶ βρόχον καὶ κώνειον καὶ συνέταξε
τούτων ᾧ βούλοιτο καταχρήσασθαι πρὸς τὸν θάνατον,
οὔτε τὸ προγεγενημένον ἀξίωμα τῆς παρανομουμένης
ἐντραπεῖσα τὸ παράπαν οὔτε τῆς κοινῆς τύχης εἰς
οἶκτον ἐλθοῦσα. τοιγαροῦν τῆς ὁμοίας μεταβολῆς τυχοῦσα τῆς ὠμότητος ἀξίαν
ἔσχε τὴν τοῦ βίου καταστροφήν. Εὐρυδίκη μὲν γὰρ κατευξαμένη παρόντος
τοῦ κομίσαντος τῶν ὁμοίων δωρεῶν Ὀλυμπιάδα τυχεῖν
τὸν μὲν ἄνδρα περιέστειλεν, ἐπιμεληθεῖσα τῶν τραυμάτων ὥς ποθ´ ὁ καιρὸς
συνεχώρει, ἑαυτὴν δ´ ἀνακρεμάσασα τῇ ζώνῃ κατέστρεψε τὸν βίον, οὔτε
δακρύσασα τὴν αὑτῆς τύχην οὔτε τῷ μεγέθει τῶν συμπτωμάτων
ταπεινωθεῖσα. Ὀλυμπιὰς δὲ τούτων διαφθαρέντων
ἀνεῖλε μὲν τὸν Νικάνορα τὸν ἀδελφὸν τοῦ Κασάνδρου, κατέστρεψε δὲ τὸν
Ἰόλλου τάφον, μετερχομένη,
καθάπερ ἔφησε, τὸν Ἀλεξάνδρου θάνατον, ἐπέλεξε δὲ
καὶ τῶν Κασάνδρου φίλων τοὺς ἐπιφανεστάτους ἑκατὸν Μακεδόνας, οὓς ἅπαντας
ἀπέσφαξεν. ἐν τοιούτοις
δὲ παρανομήμασι πληροῦσα τὸν ἑαυτῆς θυμὸν ταχὺ
πολλοὺς τῶν Μακεδόνων ἐποίησε μισῆσαι τὴν ὠμότητα· πάντες γὰρ
ἀνεμιμνήσκοντο τῶν Ἀντιπάτρου λόγων, ὃς καθάπερ χρησμῳδῶν ἐπὶ τῆς
τελευτῆς παρεκελεύσατο μηδέποτε συγχωρῆσαι γυναικὶ τῆς βασιλείας
προστατῆσαι. τὰ μὲν οὖν κατὰ Μακεδονίαν τοῦτον τὸν
τρόπον διοικηθέντα πρόδηλον εἶχε τὴν ἐσομένην μεταβολήν.
|
|
Traduction française :
[19,11] En Macédoine, Eurydice, régente du royaume, informée
qu'Olympias se préparait à son retour, envoya dans
le Péloponnèse, auprès de Cassandre, un messager porteur
d'une lettre dans laquelle elle invitait ce dernier à venir le
plus promptement possible à son secours. Elle chercha en
même temps, par sa magnificence et des promesses séduisantes,
à attirer dans son parti les Macédoniens les plus
actifs. Cependant, Polysperchon réunit une armée, se joignit à
AEacide l'Épirote, et ramena Olympias dans son
royaume avec son fils Alexandre. Averti qu'Eurydice se
trouvait avec son armée à Evia, en Macédoine, il marcha
aussitôt contre elle, décidé à terminer les affaires par un
combat. Les deux armées étaient déjà en présence, lorsque
les Macédoniens, frappés de respect à la vue d'Olympias,
leur rappelant tous les bienfaits qu'ils avaient reçus d'Alexandre,
changèrent d'idée. Au lieu de se battre, ils s'emparèrent
aussitôt du roi Philippe et de sa suite. Eurydice,
qui s'était retirée à Amphipolis avec Polyclès, un de ses
conseillers, fut de même arrêtée. Olympias ayant ainsi en
son pouvoir ces deux personnes royales, monta sur le trône
sans coup férir; mais elle n'usa pas de sa prospérité avec
modération. Retenant Eurydice et son mari, Philippe, dans
une étroite captivité, elle leur fit d'abord subir les plus
mauvais traitements. Ces prisonniers étaient renfermés
dans un espace tellement resserré qu'il n'y avait qu'un petit
réservoir pour les besoins les plus indispensables de la
vie, Mais, après avoir fait, pendant plusieurs jours, éprouver
aux infortunés cet indigne traitement, elle s'aperçut
qu'elle avait perdu dans l'estime des Macédoniens, affligés
de ce spectacle. Elle ordonna alors à quelques Thraces de
poignarder Philippe. Il avait régné six ans et quatre mois.
Quant à Eurydice, qui avait tenu à l'égard d'Olympias un
langage trop libre, et qui ne cessait de se récrier qu'elle
avait plus de droit à la royauté, elle devint le point de mire
d'une plus terrible vengeance. Olympias lui envoya une
épée, un lacet et de la ciguë, et lui enjoignit de choisir elle-même
le genre de mort qu'elle préférait ; elle fut sans égard
pour sa rivale, si indignement traitée, et sans pitié pour
le malheur. Aussi, devait-elle à son tour éprouver les vicissitudes
du sort, et avoir une fin digne de sa cruauté.
Eurydice, en présence de celui qui lui avait apporté ces instruments
de supplice, invoqua les dieux par des imprécations,
et les pria d'envoyer un jour à Olympias les mêmes
présents. Puis, après avoir essuyé les plaies de son mari,
autant que les circonstances le permettaient, elle se pendit
avec sa ceinture, et expira sans verser une larme sur son
infortune et sans s'être laissé accabler par de si grands revers.
Ces deux victimes ne suffirent pas encore à la vengeance
d'Olympias; elle fit mourir aussi Nicanor, frère de Cassandre,
et détruisit le tombeau d'Iollas, de celui qui, disait-on,
avait trempé dans la mort d'Alexandre. Enfin, elle désigna
cent Macédoniens des plus illustres et qui avaient été
amis de Cassandre, et les fit tous massacrer. Ce fut par ces
crimes qu'Olympias assouvit sa colère; aussi devint-elle
pour beaucoup de Macédoniens un objet de haine. Tous se
rappelaient alors les paroles prophétiques qu'Antipater
prononça au moment de sa mort : "Gardez-vous bien de ne
jamais laisser monter une femmesur le trône."
Les choses en étaient là en Macédoine; une révolution
devint imminente.
|
|