Texte grec :
[17,95] Κρίνας δ' ἐπὶ ταύτης τοὺς ὅρους θέσθαι τῆς στρατείας
πρῶτον μὲν τῶν δώδεκα θεῶν βωμοὺς πεντήκοντα
πηχῶν ᾠκοδόμησεν, ἔπειτα τριπλασίαν τῆς
προϋπαρχούσης στρατοπεδείαν περιβαλόμενος ὤρυξε
τάφρον τὸ μὲν πλάτος πεντήκοντα ποδῶν, τὸ δὲ βάθος
τεσσαράκοντα· τὴν δ' ἀναβολὴν ἐντὸς τῆς τάφρου
σωρεύσας τεῖχος ἀξιόλογον ᾠκοδόμησε. (2) Προσέταξε
δὲ τοῖς μὲν πεζοῖς κατασκηνώσεις ἑκάστῳ δύο στιβάδας
πενταπήχεις ἐχούσας οἰκοδομῆσαι, τοῖς δ' ἱππεῦσι πρὸς
ταύταις καὶ δύο φάτνας τῶν εἰθισμένων διπλασίας,
ἀκολούθως δὲ καὶ τἄλλα τὰ καταλείπεσθαι μέλλοντα
τοῖς μεγέθεσιν αὐξῆσαι. Ταῦτα δὲ πράττειν ἤμελλεν,
ἅμα μὲν ἡρωικὴν βουλόμενος ποιήσασθαι
στρατοπεδείαν, ἅμα δὲ τοῖς ἐγχωρίοις ἀπολιπεῖν σημεῖα
μεγάλων ἀνδρῶν, ἀποφαίνοντα ῥώμας σωμάτων
ὑπερφυεῖς. (3) Ἀπὸ δὲ τούτων γενόμενος μετὰ πάσης τῆς
δυνάμεως ταῖς αὐταῖς ὁδοῖς πορευθεὶς ἀνέκαμψεν ἐπὶ
τὸν ᾿Ακεσίνην ποταμόν· καταλαβὼν δὲ τὰ σκάφη
νεναυπηγημένα καὶ ταῦτα καταρτίσας ἕτερα
προσεναυπηγήσατο. (4) Κατὰ δὲ τοῦτον τὸν χρόνον
ἧκον ἐκ τῆς ῾Ελλάδος σύμμαχοι καὶ μισθοφόροι διὰ τῶν
στρατηγῶν ἠγμένοι, πεζοὶ μὲν πλείους τρισμυρίων,
ἱππεῖς δ' οὐ πολὺ λείποντες τῶν ἑξακισχιλίων,
ἐκομίσθησαν δὲ καὶ πανοπλίαι διαπρεπεῖς πεζοῖς μὲν
δισμυρίοις καὶ πεντακισχιλίοις, φαρμάκων δ' ἰατρικῶν
ἑκατὸν τάλαντα. Ταῦτα μὲν οὖν διέδωκε τοῖς
στρατιώταις. (5) Τῆς δὲ ναυτικῆς παρασκευῆς
συντελεσθείσης καὶ διακοσίων μὲν ἀφράκτων
ἡτοιμασμένων, ὀκτακοσίων δὲ ὑπηρετικῶν τὰς μὲν
παρὰ τὸν ποταμὸν κτισθείσας πόλεις ὠνόμασε τὴν μὲν
διὰ τὸ τῷ πολέμῳ κρατῆσαι Νίκαιαν, τὴν δ' ἀπὸ τοῦ
τελευτήσαντος ἵππου κατὰ τὴν πρὸς Πῶρον μάχην
Βουκεφάλαν.
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Traduction française :
[17,95] Ainsi se résolvant à terminer là son expédition, il fit dresser aux dieux douze
autels de cinquante coudées de circonférence, et les enfermant dans un camp
trois fois plus grand que le premier qu'il avait tracé, il environna ce camp
d'un fossé de cinquante pieds de largeur et de quarante pieds de
profondeur, pour y jeter les fondements d'un mur qui fut digne de son nom
et de sa mémoire. (2) Il ordonna ensuite à chaque soldat d'infanterie de
bâtir une tente qui contînt deux lits de cinq coudées de long, et aux
cavaliers d'ajouter à la leur deux crèches, une fois plus longues que celles
qu'ils faisaient ordinairement. En un mot, il voulut que dans ce camp qui
devait demeurer comme un monument de leur passage, tout fût au double
des mesures usitées dans les camps ordinaires. Il voulait indiquer par là
qu'il avait entrepris et exécuté une expédition héroïque et donner lieu aux
habitants futurs de ces contrées de croire qu'il était venu là des hommes
d'une taille et d'une force plus qu'humaine. (3) Tout cela étant fait, il se mit
à la tête de son armée et par le même chemin qu'il avait tenu en allant, il
revint jusqu'au fleuve Acésine, sur le bord duquel il fit dépecer toutes les
barques qui avaient servi à son premier passage et en fit construire de
nouvelles. (4) Là il reçut de la. Grèce des recrues d'alliés et de soudoyés,
conduites par leurs capitaines : elles consistaient en plus de trente mille
hommes d'Infanterie et près de six mille cavaliers. Ils apportaient outre
cela des armures complètes et très bien travaillées pour près de vingt-cinq
mille hommes, et des caisses pleines de remèdes qui montaient au prix de
cent talents : il distribua libéralement l'une et l'autre provision à ses
soldats. (5) Ayant ensuite disposé toutes choses pour le passage du
fleuve, il le traversa sur huit cents galères. Il nomma ensuite deux villes
qu'il avait fait bâtir sur la rive occidentale du fleuve, la première Nicée, à
cause de la victoire qu'il avait remportée en ce même lieu contre Porus, et
la seconde Bucéphale du nom de son cheval qu'il avait perdu dans cette bataille.
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