Texte grec :
[17,94] Ὁρῶν δὲ τοὺς στρατιώτας ταῖς συνεχέσι στρατείαις
καταπεπονημένους καὶ σχεδὸν ὀκταετῆ χρόνον ἐν
πόνοις καὶ κινδύνοις τεταλαιπωρηκότας ὑπέλαβεν
ἀναγκαῖον εἶναι τὰ πλήθη τοῖς ἁρμόζουσι λόγοις
προτρέψασθαι πρὸς τὴν ἐπὶ τοὺς Γανδαρίδας στρατείαν.
(2) Πολλὴ μὲν γὰρ φθορὰ τῶν στρατιωτῶν ἐγεγόνει καὶ
λύσις οὐδεμία τῶν πολέμων ἠλπίζετο· καὶ τῶν μὲν
ἵππων διὰ τὴν συνέχειαν τῆς ὁδοιπορίας τὰς ὁπλὰς
ὑποτετρῖφθαι συνέβαινε, τῶν δὲ ὅπλων τὰ πλεῖστα
κατεξάνθαι καὶ τὸν μὲν ῾Ελληνικὸν ἱματισμὸν
ἐκλελοιπέναι, συναναγκάζεσθαι δὲ βαρβαρικοῖς
ὑφάσμασι χρῆσθαι, συντεμόντας τὰ τῶν ᾿Ινδῶν
περιβλήματα. (3) Κατὰ τύχην δὲ καὶ χειμῶνες ἄγριοι
κατερράγησαν ἐφ' ἡμέρας ἑβδομήκοντα καὶ βρονταὶ
συνεχεῖς καὶ κεραυνοὶ κατέσκηπτον. Ἃ δὴ λογιζόμενος
ἐναντιοῦσθαι ταῖς ἰδίαις ἐπιβολαῖς μίαν εἶχεν ἐλπίδα
τῆς ἐπιθυμίας, εἰ τοὺς στρατιώτας διὰ τῆς εὐεργεσίας
εἰς εὔνοιαν μεγάλην προαγάγοιτο. (4) Διόπερ λεηλατεῖν
μὲν αὐτοῖς συνεχώρησε τὴν πολεμίαν χώραν, γέμουσαν
παντοίας ὠφελείας· ἐν αἷς δ' ἡμέραις ἡ δύναμις περὶ τὴν
προνομὴν ἠσχολεῖτο, συναγαγὼν τὰς γυναῖκας τῶν
στρατιωτῶν καὶ τοὺς ἐξ αὐτῶν γεγονότας παῖδας
ταύταις μὲν συνεστήσατο κατὰ μῆνα διδόναι σῖτον, τοῖς
δὲ παισὶν ἐπιφορὰς ταγματικὰς ἀπένειμε κατὰ τοὺς τῶν
πατέρων συλλογισμούς. (5) Ὡς δ' ἐπανῆλθον οἱ
στρατιῶται πολλῶν πλῆθος ἀγαθῶν ἐκ τῆς προνομῆς
εὑρηκότες συνῆγε πάντας εἰς ἐκκλησίαν. Διελθὼν δὲ
λόγον πεφροντισμένον περὶ τῆς ἐπὶ τοὺς Γανδαρίδας
στρατείας καὶ τῶν Μακεδόνων οὐδαμῶς
συγκαταθεμένων ἀπέστη τῆς ἐπιβολῆς.
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Traduction française :
[17,94] Mais s'apercevant bien aussi que ses soldats étaient épuisés par la
continuité des fatigues qu'ils avaient essuyées et par huit ans de travaux &
de périls, il crut devoir les préparer par des discours convenables à cette
nouvelle entreprise. (2) En effet une grande partie de ses troupes avait péri
et ce qui en restait ne voyait aucun terme aux projets et à l'ambition de leur
roi. Les pieds des chevaux étaient ruinés par la longueur de leurs
marches, et leurs armes étaient usées par la durée d'un service continuel.
Ils n'étaient plus vêtus à la Grecque, et il y avait longtemps que leurs
habits tombés en lambeaux les avaient contraints de s'envelopper d'étoffes
étrangères, auxquelles mêmes ils ne savaient pas donner des formes
convenables. (3) Il était même arrivé alors par un hasard extraordinaire
que des pluies mêlées d'éclairs et de tonnerres remplissaient l'air depuis
soixante et dix jours. Sentant bien que toutes ces circonstances
s'opposaient terriblement à ses prétentions démesurées, il ne pouvait plus
compter que sur les récompenses excessives qu'il promettrait à ses
soldats. (4) Ainsi il commença dès lors à leur permettre le pillage des terres
ennemies où ils se trouvaient actuellement et qui étaient couvertes de tous
les biens que la nature peut produire. Pendant que les hommes étaient
occupés à cet exercice, il fit assembler leurs femmes et leurs enfants : il
s'engagea de fournir aux femmes leur nourriture par mois, et à chacun des
enfants une solde proportionnée à celle de leurs pères. (5) Dès que les
soldats chargés de butin furent revenus au camp, il les assembla de même
et leur proposa dans les termes les plus avantageux qu'il put trouver,
l'expédition contre les Gangarides. Mais aucun des Macédoniens n'ayant
voulu s'y prêter, il fut contraint d'abandonner ce projet.
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