[14,29] Ἐμμείναντες δὲ ταῖς κώμαις ἡμέρας ὀκτὼ παρεγενήθησαν
πρὸς τὸν Φᾶσιν ποταμόν. ἐκεῖ δὲ τέτταρας
ἡμέρας διανύσαντες διεπορεύοντο τὴν Χάων
καὶ Φασιανῶν χώραν. ἐπιθεμένων δ´ αὐτοῖς τῶν
ἐγχωρίων, τούτους μὲν ἐν τῇ μάχῃ νικήσαντες πολλοὺς
ἀνεῖλον, αὐτοὶ δὲ καταλαμβάνοντες τὰς τῶν
ἐγχωρίων κτήσεις γεμούσας ἀγαθῶν ἐνδιέτριψαν ἐν
αὐταῖς ἡμέρας πεντεκαίδεκα. ἀναζεύξαντες δ´ ἐκεῖθεν
διῆλθον τὴν Χαλδαίων καλουμένων χώραν ἐν
ἡμέραις ἑπτά, καὶ παρεγενήθησαν πρὸς τὸν Ἅρπαγον
ὀνομαζόμενον ποταμόν, ὄντα τὸ πλάτος πλέθρων
τεττάρων. ἐντεῦθεν δὲ διὰ τῆς Σκυτίνων πορευόμενοι
διῆλθον ὁδὸν πεδινήν, ἐν ᾗ τρεῖς ἡμέρας
αὑτοὺς ἀνέλαβον, εὐποροῦντες ἁπάντων τῶν ἀναγκαίων.
μετὰ δὲ ταῦτ´ ἀναζεύξαντες τεταρταῖοι
παρεγενήθησαν πρὸς πόλιν μεγάλην Γυμνασίαν
ὀνομαζομένην. ἐκ δὲ ταύτης ὁ τῶν τόπων τούτων
ἀφηγούμενος ἐσπείσατο πρὸς αὐτοὺς καὶ τοὺς ὁδηγήσοντας
ἐπὶ θάλατταν συνέστησεν. ἐν ἡμέραις δὲ
πεντεκαίδεκα παραγενόμενοι ἐπὶ τὸ Χήνιον ὄρος,
ὡς εἶδον πορευόμενοι οἱ πρῶτοι τὴν θάλατταν,
περιχαρεῖς ἦσαν καὶ τοιαύτην ἐποίουν κραυγήν,
ὥστε τοὺς ἐπὶ τῆς οὐραγίας ὄντας ὑπολαμβάνοντας
πολεμίων ἔφοδον εἶναι χωρεῖν εἰς ὅπλα. ὡς δ´
ἅπαντες ἀνέβησαν ἐπὶ τὸν τόπον, ἐξ οὗ τὴν θάλατταν
ἦν ὁρᾶν, τοῖς θεοῖς ἀνατείναντες τὰς χεῖρας
ηὐχαρίστουν ὡς ἤδη διασεσωσμένοι· συνενέγκαντες
δ´ εἰς ἕνα τόπον λίθους παμπληθεῖς, καὶ ποιήσαντες
ἐξ αὐτῶν ἀναστήματα μεγάλα, σκῦλα τῶν βαρβάρων
ἀνέθεσαν, βουλόμενοι τῆς στρατείας ἀθάνατον
ὑπόμνημα καταλιπεῖν. καὶ τῷ μὲν ὁδηγήσαντι
φιάλην ἀργυρᾶν καὶ στολὴν Περσικὴν ἐδωρήσαντο·
ὃς δείξας αὐτοῖς τὴν ἐπὶ Μάκρωνας ὁδὸν ἀπηλλάγη.
οἱ δ´ Ἕλληνες εἰσβαλόντες εἰς τὴν τῶν Μακρώνων
χώραν ἐσπείσαντο, καὶ πρὸς πίστιν παρὰ μὲν ἐκείνων
λόγχην ἔλαβον βαρβαρικήν, αὐτοὶ δ´ Ἑλληνικὴν
ἔδωκαν· ταῦτα γὰρ ἔφασαν αὑτοῖς οἱ βάρβαροι διὰ
προγόνων παραδεδόσθαι πρὸς πίστιν βεβαιότατα.
ὡς δὲ τοὺς τούτων ὅρους διῆλθον, παρεγενήθησαν
εἰς τὴν τῶν Κόλχων χώραν. εἰς ἣν ἀθροισθέντων
τῶν ἐγχωρίων ἐπ´ αὐτούς, τούτους μὲν κρατήσαντες
μάχῃ πολλοὺς ἀνεῖλαν, αὐτοὶ δὲ λόφον ὀχυρὸν καταλαβόμενοι
τὴν χώραν ἐπόρθουν, καὶ τὰς ὠφελείας
εἰς τοῦτον ἀθροίσαντες ἀφθόνως ἑαυτοὺς ἀνελάμβανον.
εὑρίσκετο δὲ καὶ σμήνη παμπληθῆ περὶ
| [14,29] XXIX. Après s'être arrêtés huit jours dans ces villages,
les Grecs continuèrent leur route en se dirigeant vers le
fleuve Phasis. Là, ils séjournèrent quatre jours, et traversèrent
ensuite le pays des Chaoniens et des Phasianiens.
Attaqués par les indigènes, ils les défirent dans un combat
et en tuèrent un grand nombre. Ils occupèrent les habitations
de ces indigènes, pleines de richesses, et s'y arrêtèrent
quinze jours. De là, ils se dirigèrent vers le pays des Chalybes,
qu'ils traversèrent en sept jours, et atteignirent les
bords du fleuve appelé Harpagus, large de quatre plèthres.
De là, passant par une plaine, ils entrèrent sur le
territoire des Scutines, où ils se reposèrent pendant trois
jours, au sein de l'abondance. En quittant ce pays ils atteignirent,
après quatre jours de marche, une grande ville
appelée Gymnasia. Le chef de cette contrée fit un traité
avec les Grecs et leur donna des guides qui devaient les
conduire jusqu'à la mer. En quinze jours de route, ils atteignirent
le mont Chénium. Dès que les soldats de l'avant-garde
eurent aperçu la mer, ils témoignèrent leur joie en
poussant de telles clameurs, que ceux qui étaient à l'arrière-garde
coururent aux armes, croyant être attaqués par les
ennemis. Mais lorsqu'ils furent tous parvenus dans le lieu
d'où ils pouvaient découvrir la mer, ils rendirent grâce aux
dieux en élevant leurs mains, et s'estimèrent déjà sauvés;
puis, entassant des pierres les unes sur les autres, ils en
construisirent des colonnes élevées, auxquelles ils suspendirent
les dépouilles enlevées aux Barbares, afin de laisser
après eux un monument immortel de leur expédition. Enfin,
ils firent présent d'une coupe d'argent et d'un vêtement
persique au guide, qui se sépara d'eux, après leur avoir
montré le chemin qui conduit chez les Macrons. Arrivés
dans le pays des Macrons, les Grecs firent avec ce peuple
un traité de paix; en signe de garantie, ils reçurent une
lance fabriquée à la manière des Barbares, tandis qu'ils
donnèrent en retour une lance grecque. C'était là, disaient
les Barbares, l'usage de leurs ancêtres, lorsqu'ils voulaient
donner à la foi jurée la plus forte garantie. Ayant franchi
les limites du pays des Macrons, ils entrèrent dans la région
des Colchidiens. Assaillis par les indigènes qui s'étaient
attroupés, ils les défirent dans un combat et leur
tuèrent beaucoup de monde. Ils s'emparèrent ensuite d'une
position retranchée d'où ils portèrent la dévastation dans
les campagnes voisines. Après avoir ainsi amassé des dépouilles,
ils se reposèrent au sein de l'abondance.
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