[13,32] Δία, ἀλλὰ Νικίας ὑπὲρ Συρακοσίων ἐπολιτεύσατο καὶ μόνος
συνεβούλευσε μὴ πολεμεῖν. τὸν μὲν ἐκεῖ γεγενημένον λόγον ἀκούομεν, τὰ δ' ἐνταῦθα
πεπραγμένα τεθεωρήκαμεν. (2) Ὁ γὰρ ἀντειπὼν ἐκεῖ περὶ τῆς στρατείας, ἐνταῦθα
στρατηγὸς ἦν τῆς δυνάμεως· καὶ ὁ πολιτευόμενος ὑπὲρ Συρακοσίων, ἀπετείχισεν
ὑμῶν τὴν πόλιν· καὶ ὁ φιλανθρώπως διακείμενος πρὸς ὑμᾶς, Δημοσθένους καὶ τῶν
ἄλλων ἁπάντων βουλομένων λῦσαι τὴν πολιορκίαν, μόνος ἐβιάσατο μένειν καὶ
πολεμεῖν. διόπερ ἔγωγε νομίζω μὴ δεῖν παρ' ὑμῖν πλέον ἰσχῦσαι τὸν μὲν λόγον τῶν
ἔργων, τὴν δ' ἀπαγγελίαν τῆς πείρας, τὰ δ' ἀφανῆ τῶν ὑπὸ πάντων ἑωραμένων. (3)
Νὴ Δί', ἀλλὰ καλὸν μὴ ποιεῖν τὴν ἔχθραν αἰώνιον. Οὐκοῦν μετὰ τὴν τῶν ἠδικηκότων
κόλασιν, ἐὰν ὑμῖν δοκῇ, προσηκόντως διαλύσεσθε τὴν ἔχθραν. Οὐ γὰρ δίκαιον, ὅταν
μὲν κρατῶσιν, ὡς δούλοις χρῆσθαι τοῖς ἡλωκόσιν, ὅταν δὲ κρατηθῶσιν, ὡς οὐδὲν
ἠδικηκότας συγγνώμης τυγχάνειν. Καὶ τοῦ μὲν δοῦναι δίκην ὧν ἔπραξαν
ἀφεθήσονται, λόγῳ δ' εὐσχήμονι καθ' ὃν ἂν χρόνον αὐτοῖς συμφέρῃ τῆς φιλίας
μνημονεύσουσιν. (4) Ἐῶ γὰρ ὅτι τοῦτο πράξαντες σὺν πολλοῖς ἄλλοις καὶ τοὺς
Λακεδαιμονίους ἀδικήσετε, ὑμῶν χάριν κἀκεῖ τὸν πόλεμον ἐπανῃρημένους καὶ
ἐνταῦθα συμμαχίαν ἀποστείλαντας· ἐξῆν γὰρ αὐτοῖς ἀγαπητῶς ἄγειν εἰρήνην καὶ
περιορᾶν τὴν Σικελίαν πορθουμένην. (5) Διόπερ ἐὰν τοὺς αἰχμαλώτους ἀφέντες
φιλίαν συνάπτησθε, προδόται φανήσεσθε τῶν συμμαχησάντων, καὶ τοὺς κοινοὺς
ἐχθροὺς δυνάμενοι ταπεινῶσαι, τοσούτους στρατιώτας ἀποδόντες πάλιν ἰσχυροὺς
κατασκευάσετε. Οὐ γὰρ ἄν ποτ' ἔγωγε πιστεύσαιμι, ὡς ᾿Αθηναῖοι τηλικαύτην ἔχθραν
ἐπανῃρημένοι βεβαίαν φυλάξουσι τὴν φιλίαν, ἀλλ' ἀσθενεῖς μὲν ὄντες
ὑποκριθήσονται τὴν εὔνοιαν, ἀναλαβόντες δ' αὑτοὺς τὴν ἀρχαίαν προαίρεσιν εἰς
τέλος ἄξουσιν. (6) Ἐγὼ μὲν οὖν, ὦ Ζεῦ καὶ πάντες θεοί, μαρτύρομαι πάντας ὑμᾶς μὴ
σώζειν τοὺς πολεμίους, μὴ ἐγκαταλιπεῖν τοὺς συμμάχους, μὴ πάλιν ἕτερον ἐπάγειν
τῇ πατρίδι κίνδυνον. ὑμεῖς δέ, ὦ ἄνδρες Συρακόσιοι, τούτους ἀφέντες, ἐὰν ἀποβῇ τι
δυσχερές, οὐδ' ἀπολογίαν ἑαυτοῖς εὐσχήμονα καταλείψετε.
| [13,32] Nicias, a-t-on ajouté, avait parlé dans Athènes en faveur de Syracuse ; et
lui seul avait opiné contre cette guerre. Je veux bien qu'on écoute ce qu'il avait
dit là, pourvu qu'ensuite on examine ce qu'il a fait ici. (2) Cet homme si opposé
à l'entreprise de Syracuse, s'est trouvé ici à la tête de l'armée Athénienne et a
fait environner notre ville d'une muraille. Cet ami de la société humaine et le
nôtre en particulier, s'est opposé seul à l'avis de tous les autres chefs qui
voulaient abandonner le siège et il l'a fait continuer. Je demande donc que ses
paroles n'aient pas plus de poids que ses actions, son avis que les efforts, ce
que nous savons peu, que ce que nous avons vus. (3) Enfin a-t-on conclu, la
haine ne doit point être éternelle. Non, après la punition des coupables. Je
consens que toute inimitié cesse entre vous et les Athéniens, avec le
châtiment qui leur est dû. Il n'est pas juste que les vaincus obtiennent
l'affranchissement de toutes peines, de la part de ces mêmes vainqueurs qui
étaient sûrs d'être mis aux fers, si le sort des armes leur avait été contraire.
S'ils ne sont pas punis des maux qu'ils nous préparaient, il leur coûtera peu,
sans doute, de se dire nos amis, quand ce titre conviendra à leurs intérêts ou à
leurs prétentions. (4) Il y a plus, en accordant cette rémission aux Athéniens,
vous manquez à la satisfaction que vous devez à vos alliés, et surtout aux
Lacédémoniens qui ont envoyé jusqu'ici leurs troupes. Il ne tenait qu'à eux de
demeurer en paix avec Athènes et d'abandonner la Sicile à sa fortune. (5) Si
donc en relâchant vos captifs vous rentrez par cette grâce en société avec les
Athéniens, c'est une trahison que vous faites à vos alliés et vous laissez
volontairement des forces à vos ennemis communs qu'il ne tenait qu'à vous
d'affaiblir. Je ne me persuaderai point que les Athéniens, qui ont fait éclater de
si terribles desseins contre vous, gardent longtemps la reconnaissance qu'ils
devront à votre mollesse ; et s'ils en font quelque semblant jusqu'à ce qu'ils
aient revu leurs troupes, ils reprendront leur premier dessein dès que vous leur
aurez rendu les forces nécessaires pour l'exécuter. (6) Je vous prends à
témoins, ô Jupiter et tous les dieux, que j'avertis ceux qui m'écoutent, de ne
point sauver des ennemis, de ne point abandonner des alliés, de ne point
exposer leur patrie au péril dont elle sort. Et vous, peuple de Syracuse,
souvenez-vous bien que s'il vous arrive quelque malheur pour avoir relâché
vos captifs, vous ne pourrez en accuser que vous-mêmes.
|