[12,38] Ἐπ´ ἄρχοντος δ´ Ἀθήνησιν Εὐθυδήμου Ῥωμαῖοι
μὲν ἀντὶ τῶν ὑπάτων τρεῖς χιλιάρχους κατέστησαν,
Μάνιον Αἰμιλιανὸν {καὶ} Μάμερκον, Γάιον Ἰούλιον,
Λεύκιον Κοΐντιον. ἐπὶ δὲ τούτων Ἀθηναίοις καὶ
Λακεδαιμονίοις ἐνέστη πόλεμος ὁ κληθεὶς Πελοποννησιακός,
μακρότατος τῶν ἱστορημένων πολέμων.
ἀναγκαῖον δ´ ἐστὶ καὶ τῆς ὑποκειμένης ἱστορίας
οἰκεῖον {τὸ} προεκθέσθαι τὰς αἰτίας αὐτοῦ. Ἀθηναῖοι
τῆς κατὰ θάλατταν ἡγεμονίας ἀντεχόμενοι τὰ
ἐν Δήλῳ κοινῇ συνηγμένα χρήματα, τάλαντα σχεδὸν
ὀκτακισχίλια, μετήνεγκαν εἰς τὰς Ἀθήνας καὶ παρέδωκαν
φυλάττειν Περικλεῖ. οὗτος δ´ ἦν εὐγενείᾳ
καὶ δόξῃ καὶ λόγου δεινότητι πολὺ προέχων τῶν
πολιτῶν. μετὰ δέ τινα χρόνον ἀνηλωκὼς ἀπ´ αὐτῶν
ἰδίᾳ πλῆθος ἱκανὸν χρημάτων καὶ λόγον ἀπαιτούμενος
εἰς ἀρρωστίαν ἐνέπεσεν, οὐ δυνάμενος τῶν
πεπιστευμένων ἀποδοῦναι τὸν ἀπολογισμόν. ἀδημονοῦντος
δ´ αὐτοῦ περὶ τούτων, Ἀλκιβιάδης ὁ ἀδελφιδοῦς,
ὀρφανὸς ὤν, τρεφόμενος παρ´ αὐτῷ, παῖς
ὢν τὴν ἡλικίαν, ἀφορμὴν αὐτῷ παρέσχετο τῆς περὶ
τῶν χρημάτων ἀπολογίας. θεωρῶν γὰρ τὸν θεῖον
λυπούμενον ἐπηρώτησε τὴν αἰτίαν τῆς λύπης. τοῦ
δὲ Περικλέους εἰπόντος, ὅτι τὴν περὶ τῶν χρημάτων
ἀπολογίαν αἰτούμενος ζητῶ πῶς ἂν δυναίμην
ἀποδοῦναι τὸν περὶ τούτων λόγον τοῖς πολίταις, ὁ
Ἀλκιβιάδης ἔφησε δεῖν αὐτὸν ζητεῖν μὴ πῶς ἀποδῷ
τὸν λόγον, ἀλλὰ πῶς μὴ ἀποδῷ. διόπερ Περικλῆς
ἀποδεξάμενος τὴν τοῦ παιδὸς ἀπόφασιν ἐζήτει, δι´
οὗ τρόπου τοὺς Ἀθηναίους δύναιτ´ ἂν ἐμβαλεῖν εἰς
μέγαν πόλεμον· οὕτω γὰρ μάλιστα ὑπελάμβανε διὰ
τὴν ταραχὴν καὶ τοὺς τῆς πόλεως περισπασμοὺς καὶ
φόβους ἐκφεύξεσθαι τὸν ἀκριβῆ λόγον τῶν χρημάτων.
πρὸς δὲ ταύτην τὴν ἀφορμὴν συνεβάλετ´ αὐτῷ
καὶ ταὐτόματον διὰ τοιαύτας αἰτίας.
| [12,38] Euthydème étant archonte d'Athènes, les
Romains élurent, au lieu de consuls, trois tribuns militaires,
Manius AEmilianus, Caïus Mamercus et Julius Lucius Quintius.
Dans cette année éclata, entre les Athéniens
et les Lacédémoniens, la guerre dite du Péloponnèse, la
plus longue de celles dont le souvenir nous a été conservé.
Il est nécessaire et conforme au plan de notre histoire
d'exposer d'abord les causes de cette guerre.
Les Athéniens, aspirant à la souveraineté de la mer,
firent transporter à Athènes le trésor public déposé à
Délos, et contenant près de huit mille talents. Ils en confièrent
la garde à Périclès, homme d'une illustre origine et
qui surpassait de beaucoup ses concitoyens par sa réputation
militaire et par la vigueur de sa parole. Il avait appliqué
à ses propres dépenses une partie considérable de ce
trésor. Sommé de faire un rapport sur sa gestion, il se
trouva dans l'impossibilité de rendre compte du dépôt confié;
il en tomba malade de chagrin. Périclès était en proie
à une cruelle inquiétude, lorsque Alcibiade, fils de son
frère et orphelin, que Périclès s'était chargé d'élever, lui
suggéra, bien qu'il fût encore enfant, le moyen de se
soustraire à l'accusation de prévaricateur. Voyant son
oncle attristé, Alcibiade lui demanda la cause de ses chagrins.
Périclès lui répondit que, sommé de rendre compte
de l'emploi du trésor qui lui avait été confié, il ne savait
comment se justifier auprès de ses concitoyens. "Il ne
s'agit pas, répliqua Alcibiade, de savoir comment il faut
rendre ce compte, mais comment il faut ne pas le rendre".
Frappé des paroles de ce jeune homme, Périclès songea
dès lors au moyen d'impliquer les Athéniens dans une
guerre sérieuse; car il était persuadé qu'au milieu du
trouble de l'État et des alternatives d'espérances et de
craintes, il échapperait à l'obligation de rendre le compte
exigé. A cette cause s'en joignit bientôt une autre, toute
fortuite, que nous allons faire connaître.
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