[62,1] Καὶ μὴν εἴ τις ἑνὸς ἀνδρὸς οὐχ οἷός τε ἄρχειν ἐστί, καὶ τούτου
σφόδρα ἐγγὺς ὄντος, ᾧ δὴ ξύνεστιν, οὐδὲ αὖ μίαν ψυχὴν κατευθύνειν
τὴν αὑτοῦ, πῶς ἂν δύναιτο βασιλεύειν μυριάδων ἀναριθμήτων
πανταχοῦ διεσπαρμένων, ὥσπερ σύ {λέγεις}, καὶ πολλῶν γε
οἰκούντων ἐπὶ πέρασι γῆς, ὧν οὐδὲ ἑώρακε τοὺς πλείστους οὐδ´
ἂν ἴδοι ποτὲ οὐδὲ τῆς φωνῆς ξυνήσει; ὅμοιον γὰρ ὥσπερ εἴ τις
λέγοι τὸν οὕτως ἀδύνατον τὴν ὄψιν ὡς μηδὲ τὰ ἐν ποσὶν ὁρᾶν,
ἀλλὰ προσδεόμενον χειραγωγοῦ, τοῦτον ἐφικεῖσθαι βλέποντα μέχρι
τῶν πλεῖστον ἀπεχόντων, ὥσπερ οἱ πόρρωθεν ὁρῶντες ἐκ τοῦ
πελάγους τά τε ὄρη καὶ τὰς νήσους, ἢ τὸν οὐ δυνάμενον φθέγγεσθαι
τοῖς παρεστῶσιν ἱκανὸν ὅλοις δήμοις καὶ στρατοπέδοις
εἰς ἐπήκοον φθέγγεσθαι.
| [62,1] Prenons le cas de quelqu’un incapable de commander à un seul homme tout proche de lui
et en rapport constant avec lui, quelqu’un incapable de diriger une seule âme, la sienne,
comment pourrait-il, comme tu le fais, régner sur des gens innombrables dispersés partout et
dont beaucoup habitent les extrémités de la terre, des gens que pour la plupart, il n’a pas vus,
qu’il ne pourra jamais voir, et dont il ne comprendra même pas la langue? C’est comme un
homme, handicapé de la vue au point de ne pas voir ce qui est à ses pieds et d’avoir besoin
d’un guide pour lui tenir la main, un homme dont on dirait qu’il parvient à voir jusqu’aux
choses les plus éloignées, semblable en cela à ceux qui du large aperçoivent de loin les îles et
les montagnes; ou comme un homme que ses proches ne peuvent entendre mais qui serait
capable d’être entendu de contrées et d’armées entières.
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