[80] Ἀκούετ' ἄνδρες δικασταί. Ἀπιέναι φησὶ <τὸ ψήφισμα> τὰς ᾐρημένας πρεσβείας. Ἐπειδὴ (γὰρ) ἤκουσε μετὰ τὴν μάχην τὴν ἐν Χαιρωνεία Φίλιππον εἰς τὴν χώραν ἡμῶν μέλλειν εἰσβάλλειν, αὐτὸς ἑαυτὸν πρεσβευτὴν κατασκευάσας, ἵν' ἐκ τῆς πόλεως ἀποδραίη, (ᾤχετο) συσκευασάμενος (ἐκ) τῆς διοικήσεως ὀκτὼ τάλαντα, οὐδὲν φροντίσας τῆς τότε παρούσης ἀπορίας, ἡνίχ' οἱ ἄλλοι πάντες ἐκ τῶν ἰδίων ἐπεδίδοσαν εἰς τὴν ὑμετέραν σωτηρίαν. <81> Τοιοῦτος ὑμῖν ὁ σύμβουλος, καὶ δύο ταύτας μόνας ἐν τῷ βίῳ Δημοσθένης πεποίηται ἀποδημίας, μετὰ τὴν μάχην ὅτ' ἀπεδίδρασκεν ἐκ τῆς πόλεως, καὶ νῦν εἰς Ὀλυμπίαν, ἐπεὶ Νικάνορι διὰ τῆς ἀρχεθεωρίας ἐντυχεῖν ἐβούλετο. Ἄξιόν γε τούτῳ παρακαταθέσθαι τὴν πόλιν καὶ ἐπιτρέψαι κινδυνεύεινν μέλλοντας, ὃς ὅτεε μὲν ἔδεϊ μάχεσθαι μετὰ τῶν ἄλλων τοῖς πολεμίοις, λιπὼν τὴν τάξιν ᾤχετο ἀπιὼνν οἴκαδεε, ἐπειδὴὴ δὲ προσῆκενν οἴκοϊ κινδυνεύειν μετὰ τῶν ἄλλων, πρεσβευτὴν αὐτὸς αὑτὸν προβαλόμενος ᾤχετο ἐκ τῆς πόλεως ἀποδρὰς, <82> ἐπειδὴ δὲ πρεσβεύειν ἔδει περὶ τῆς εἰρήνης, οὐκ ἂν ἔφασκεν ἐκ τῆς πόλεως ἐξελθεῖν οὐδὲ τὸν ἕτερον πόδα, ἐπειδὴ δὲ τοὺς φυγάδας Ἀλέξανδρον ἔφασαν κατάγειν καὶ Νικάνωρ εἰς Ὀλυμπίαν ἧκεν, ἀρχεθεωρὸν αὑτὸν ἐπέδωκε τῇ βουλῇ. Τοιοῦτος οὗτος, ἐν μὲν ταῖς παρατάξεσιν οἰκουρός, ἐν δὲ τοῖς οἴκοι μένουσι πρεσβευτής, ἐν δὲ τοῖς πρεσβευταῖς δραπέτης ἐστίν.
Λέγε δὴ ... καὶ τὸ περὶ ζητήσεως τῶν χρημάτων ψήφισμα, ἃ ἔγραψε Δημοσθένης τῇ ἐξ Ἀρείου πάγου βουλῇ περὶ αὑτοῦ τε καὶ ὑμῶν, ἵνα παρ' ἄλληλα θεωρήσαντες εἰδῆτε τὴν Δημοσθένους ἀπόνοιαν.
ΨΗΦΙΣΜΑ.
<83> Ἔγραψας σὺ τοῦτο, Δημόσθενες; Ἔγραψας· οὐκ ἔστιν ἀντειπεῖν. Ἐγένετο ἡ βουλὴ κυρία σοῦ προστάξαντος; Ἐγένετο. Τεθνᾶσι τῶν πολιτῶν ἄνδρες; Τεθνᾶσι. Κύριον ἦν τὸ σὸν ψήφισμα κατ' ἐκείνων; Ἀδύνατον ἀντειπεῖν. Λέγε δὴ πάλιν ὃ Δημοσθένης κατὰ Δημοσθένους ἔγραψε. Προσέχετε, ὦ ἄνδρες.
ΨΗΦΙΣΜΑ.
<84> Ἡ βουλὴ εὕρηκε Δημοσθένην. Τί δεῖ πολλῶν λόγων; Ἀποπέφαγκεν, ὦ Ἀθηναῖοι. Τὸ μὲν τοίνυν δίκαιον ἦν ὑφ' ἑαυτοῦ κεκριμένον εὐθὺς ἀποθνῄσκειν· ἐπειδὴ δ' εἰς τὰς ὑμετέρας ἥκει χεῖρας τῶν ὑπὲρ τοῦ δήμου συνειλεγμένων καὶ τῶν ὀμωμοκότων πείσεσθαι τοῖς νόμοις καὶ τοῖς τοῦ δήμου ψηφίσμασι, τί ποιήσετε; Προήσεσθε τὴν πρὸς τοὺς θεοὺς εὐσέβειαν καὶ τὰ παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις δίκαια νομιζόμενα; <85> Μὴ ὦ Ἀθηναῖοι, μή· αἰσχρὸν γὰρ καὶ δεινόν, ἑτέρους μὲν ὑπὸ τῶν Δημοσθένους ψηφισμάτων, οὐδὲν ὄντας τούτου χείρους οὐδὲ τοσαῦτ' ἠδικηκότας ὅσαπερ οὗτος, ἀπολωλέναι, τουτονὶ δὲ καταφρονοῦντα ὑμῶν καὶ τῶν νόμων ἀτιμώρητον ἐν τῇ πόλει περιιέναι, αὐτὸν ὑφ' ἑαυτοῦ καὶ τῶν ψηφισμάτων ὧν ἔγραψεν ἑαλωκότα. Ταὐτὸ συνέδριον, ὦ Ἀθηναῖοι, καὶ ὁ αὐτὸς τόπος, καὶ ταὐτὰ δίκαια. <86> Ὁ αὐτὸς ῥήτωρ ἐκείνοις τ' αἴτιος ἐγένετο τῶν συμβάντων κακῶν καὶ αὑτῷ τῶν νῦν συμβησομένων. Ἐπέτρεψεν <ὁ> αὐτὸς οὗτος ἐν τῷ δήμῳ τῷ συνεδρίῳ τούτῳ κρῖναι περὶ αὑτοῦ, μάρτυρας ὑμᾶς πεποιημένος. Ἔθετο συνθήκας μετὰ τοῦ δήμου, γράψας τὸ ψήφισμα καθ' ἑαυτοῦ παρὰ τὴν μητέρα τῶν θεῶν, ἣ πάντων τῶν ἐν τοῖς γράμμασι δικαίων φύλαξ τῇ πόλει καθέστηκε. Διὸ καὶ οὐχ ὅσιον ὑμῖν ἐστὶ ταύτας ἀκύρους ποιεῖν, οὐδὲ τοὺς θεοὺς ὀμωμοκόσι περὶ ταύτης τῆς κρίσεως ταῖς αὐτῶν τῶν θεῶν πράξεσιν ἐναντίαν τὴν ψῆφον ἐνεγκεῖν. <87> Κρίσεως Ποσειδῶν ἀποτυχὼν τῆς ὑπὲρ Ἁλιρροθίου πρὸς Ἄρη γενομένης ἐνέμεινεν· (ἐνέμειναν) αὐταὶ αἰ σεμναὶ θεαὶ τῇ πρὸς Ὀρέστην ἐν τούτῳ τῷ συνεδρίῳ κρίσει γενομένῃ καὶ τῇ τούτου ἀληθείᾳ συνοίκους ἑαυτὰς εἰς τὸν λοιπὸν χρόνον κατέστησαν. Ὑμεῖς δὲ τί ποιήσετε οἱ πάντων εἶναι φάσκοντες εὐσεβέστατοι; Τὴν τοῦ συνεδρίου γνώμην ἄκυρον καταστήσετε τῇ Δημοσθένους ἐπακολουθήσαντες πονηρίᾳ; Οὐκ, ἐὰν σωφρονῆτ' ὦ Ἀθηναῖοι· <88> Οὐ γὰρ περὶ μικρῶν οὐδὲ τῶν τυχόντων ἐν τῇ τήμερον ἡμέρᾳ δικάζετε, ἀλλὰ περὶ σωτηρίας τῆς πόλεως ἁπάσης καὶ πρὸς τούτοις περὶ δωροδοκίας, ἔθους πονηροῦ καὶ πράγματος ἀλυσιτελοῦς ὑμῖν καὶ πάντας ἀνθρώπους ἀπολωλεκότος. (Ὃ) εἰ μὲν καθ' ὅσον ἐστὲ δυνατοί, ἐκβαλεῖτ' ἐκ τῆς πόλεως καὶ παύσετε τοὺς ῥᾳδίως καθ' ὑμῶν χρήματα λαμβάνοντας, σωθησόμεθα θεῶν βουλομένων· εἰ δ' ἐπιτρέψετε τοῖς ῥήτορσι πωλεῖν ὑμᾶς αὐτούς, περιόψεσθε τὴν πόλιν ἀνατραπεῖσαν ὑπὸ τούτων.
<89> Ἔγραψεν αὐτὸς ἐν τῷ δήμῳ Δημοσθένης, ὡς δηλονότι δικαίου τοῦ πράγματος ὄντος, φυλάττειν Ἀλεξάνδρῳ τὰ εἰς τὴν Ἀττικὴν ἀφικόμενα μεθ' Ἁρπάλου χρήματα. Οὕτως οὖν, ὦ ἄριστ', εἰπέ μοι, φυλάξομεν, ἐὰν σὺ μὲν εἴκοσι τάλαντα λαβὼν ἔχῃς ἰδίᾳ, ἕτερος δὲ πεντεκαίδεκα, Δημάδης δ' ἑξακισχιλίους χρυσοῦ στατῆρας, ἕτεροι δ' ὅσα δή ποτε ἀποπεφασμένοι εἰσί; Τέτταρα γὰρ τάλαντ' ἐστὶ καὶ ἑξήκοντα ἤδη εὑρημένα, ὧν οἴεσθε τὴν αἰτίαν τούτοις δεῖν ἀναθεῖναι.
| [80] Ainsi, les députés nommés par le peuple partiront en hâte. Mais, un peu plus tard, on vient dire à Démosthène que Philippe vainqueur marche sur l'Attique : alors, sans s'inquiéter davantage d'une crise qui ruinait tant de citoyens, il se nomme lui-même député, afin de s'enfuir avec huit talents, fruit de ses malversations. <81> Ainsi, ce fameux ministre, Démosthène, dans toute sa vie, n'a jamais quitté Athènes que deux fois : après le combat, lorsqu'il s'est enfui de nos murs; et dernièrement, à Olympie, pour conférer avec Nicanor, à la faveur d'une députation pour les jeux. Hâtez-vous donc de remettre le timon de l'État dans de pareilles mains! Dans vos dangers, confiez-vous encore à celui qui, lorsqu'il fallait combattre, déserte son poste et rentre dans nos murs à celui qui, loin d'attendre le péril avec ses compatriotes, au sein de nos remparts, se donne à lui-même une mission qui devient l'occasion d'une nouvelle fuite. <82> Faut-il aller réellement en députation pour la paix. Ma place est dans la ville, dit Démosthène, et il ne bouge. Annonce-t-on qu'Alexandre rappelle les bannis, Nicanor se rend-il à Olympie, il se fait élire par le Conseil pour représenter la pairie aux solennités de la Grèce. Ainsi, pendant la guerre; s'échapper et courir se renfermer dans vos murs; lorsqu'on reste dans les murs, s'échapper sous le titre d'ambassadeur; parti avec ses collègues, s'échapper encore et prendre la fuite : Athéniens, tel est Démosthène!
Il existe un autre décret qu'on va lire aussi : c'est celui par lequel l'accusé lui-même autorise l'Aréopage à faire une enquête au sujet de l'or reçu d'Harpalos. Le parallèle de la personne et du décret vous montrera combien sa cause est désespérée.
(On lit le décret.)
<83> Est-ce toi, Démosthène, qui as rédigé cet acte de la volonté populaire? oui, c'est toi, tu ne saurais le nier. L'Aréopage a-t-il pu agir en vertu de ce décret? oui, sans doute. Des citoyens ont-ils subi la mort? le fait est notoire. Est-ce encore ton décret qui les a poursuivis? tu n'oserais le méconnaître. Relis, greffier, le décret que Démosthène a lancé contre Démosthène; et vous; Athéniens, soyez attentifs.
(Nouvelle lecture du décret.)
<84> L'Aréopage a trouvé Démosthène coupable : qu'est-il donc besoin de longs discours? Il l'a dénoncé. De son propre aveu, Démosthène a donc mérité la mort, la mort qu'il devrait avoir déjà subie!
Mais il vit, il est entre vos mains. Juges, convoqués ici au nom du peuple; juges qui avez juré obéissance aux lois et aux décrets, que ferez-vous? Foulerez-vous aux pieds et le respect dû aux Immortels que vous avez attestés, et les droits regardés comme sacrés par tous les hommes? <85> Non, citoyens, il n'en sera pas ainsi! vous ne subirez point la honte d'entendre dire: Des Athéniens, moins coupables que Démosthène, ont péri en vertu de ses décrets; et il se promène par la ville, fier de son impunité, bravant Athènes et ses lois, lui qui, dans ces mêmes décrets, a d'avance prononcé sa propre condamnation ! <86> Le même tribunal, Athéniens, le même lieu, les mêmes règles, le même orateur qui ont proscrit plusieurs têtes, prescriront aussi celle de Démosthène. Lui-même, à la face de la nation, vous prenant pour témoins, a investi l'Aréopage du droit d'enquête et de mise en jugement. Il a fait avec le peuple un pacte solennel ; le décret qu'il a porté contre lui-même est déposé aux pieds de la mère des dieux, auguste gardienne des archives d'Athènes. Vous ne pouvez donc, sans devenir sacrilège, infirmer le pacte, ni, dans une cause où vous ayez juré par les dieux, contredire par votre sentence la conduite de ces mêmes dieux. <87> Condamné dans la cause d'Halirrhotios, qu'il plaidait contre Mars, Neptune s'en est tenu à la décision de l'Aréopage ; les déesses redoutables ont elles-mêmes acquiescé au jugement rendu en faveur d'Oreste dans la même assemblée, et ont voulu présider par la suite cet imposant tribunal. Ô Athéniens! vous qui vous dites les plus religieux des hommes, encore une fois, que ferez-vous? pour ménager un grand coupable casserez-vous l'arrêt de la Cour suprême? <88> Ah! songez à toute l'importance de la cause soumise aujourd'hui à vos suffrages : il s'agit ici de la vénalité, cette lèpre hideuse qui a fait périr tant de peuples; il s'agit du salut d'Athènes! Retranchez, arrachez ce fléau, punissez les stipendiés de vos ennemis, et, avec l'aide du ciel, notre patrie pourra voir encore des jours prospères. Mais voulez-vous la plonger au fond de l'abîme, permettez aux orateurs de vous vendre en se vendant eux-mêmes.
<89> C'est encore Démosthène qui a proposé devant le peuple, comme une chose juste, de tenir en réserve pour Alexandre l'or qu'Harpalos a apporté dans l'Attique. Mais dis-moi, homme de bien, comment le tiendrons-nous en réserve, cet or, si tu restes saisi de vingt talents, un autre de quinze, Démade de six mille statères d'or, d'autres enfin de tout ce qu'ils sont convaincus d'avoir reçu d'Harpalos? car on a déjà découvert soixante-quatre talents, fruit d'une corruption que vous imputerez à ce traître et à ses pareils.
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