[2,8] Τίς δὲ τὸν Ἀρεοπαγιτικὸν ἀναγνοὺς λόγον, οὐκ ἂν
γένοιτο κοσμιώτερος; ἢ τίς οὐκ ἂν θαυμάσειε τὴν
ἐπιβολὴν τοῦ ῥήτορος; ὃς ἐτόλμησε διαλεχθῆναι περὶ
πολιτείας Ἀθηναίοις, ἀξιῶν μεταθέσθαι μὲν τὴν τότε
καθεστῶσαν δημοκρατίαν, ὡς μεγάλα βλάπτουσαν
τὴν πόλιν, ὑπὲρ ἧς τῶν δημαγωγῶν οὐθεὶς ἐπεχείρει
λέγειν· θεωρῶν εἰς τοσαύτην αὐτὴν προεληλυθυῖαν
ἀκοσμίαν, ὥστε μηδὲ τοὺς ἄρχοντας ἔτι τῶν ἰδιωτῶν
κρατεῖν, ἀλλ´ ἕκαστον ὅ, τι καθ´ ἡδονὴν αὐτῷ γίνοιτο,
καὶ ποιοῦντα καὶ λέγοντα, καὶ τὴν ἄκαιρον
παρρησίαν, δημοτικὴν ἐξουσίαν ὑπὸ πάντων
νομιζομένην· ἀνασώσασθαι δὲ τὴν ὑπὸ Σόλωνός τε
καὶ Κλεισθένους κατασταθεῖσαν πολιτείαν· ἧς τὴν
προαίρεσιν καὶ τὰ ἤθη διεξιὼν, δεινότερον μὲν
ἡγεῖσθαί φησι τοὺς τότε ἀνθρώπους τὸ τοῖς
πρεσβυτέροις ἀντειπεῖν, ἢ τὴν τάξιν λύειν·
δημοκρατίαν δὲ αὐτοὺς νομίζειν οὐ τὴν ἀκολασίαν,
ἀλλὰ τὴν σωφροσύνην· τὸ δὲ ἐλεύθερον, οὐκ ἐν τῷ
καταφρονεῖν τῶν ἀρχόντων, ἀλλ´ ἐν τῷ τὰ
κελευόμενα ποιεῖν τίθεσθαι· ἐξουσίαν τε οὐθενὶ τῶν
ἀκολάστων ἐπιτρέπειν, ἀλλὰ τοῖς βελτίστοις
ἀνατιθέναι τὰς ἀρχάς, τοιούτους ἔσεσθαι τοὺς ἄλλους
ὑπολαμβάνοντας οἷοί περ ἂν ὦσιν οἱ τὴν πόλιν
διοικοῦντες· ἀντὶ δὲ τοῦ τὰς ἰδίας οὐσίας ἐκ τῶν
δημοσίων ἐπανορθοῦν, τοὺς ἰδίους πλούτους εἰς τὰ
κοινὰ καταχορηγεῖν. Χωρὶς δὲ τούτων, πλείω τὴν
ἐπιμέλειαν ποιεῖσθαι τοὺς πατέρας τῶν υἱῶν ἀνδρῶν
γενομένων ἢ παίδων ὄντων ἐποιοῦντο·
ἐνθυμουμένους ὡς οὐκ ἐξ ἐκείνης τῆς παιδείας, ἀλλ´
ἐκ ταύτης τῆς σωφροσύνης μᾶλλον ὠφελεῖται τὸ
κοινόν· κρείττονά τε ὑπολαμβάνειν τὰ χρηστὰ
ἐπιτηδεύματα τῆς ἀκριβοῦς νομοθεσίας, σκοποῦντας
οὐχ ὅπως ταῖς τιμωρίαις τοὺς ἁμαρτάνοντας
ἀνείρξουσιν, ἀλλ´ ὡς μηδὲν ἄξιον ζημίας ἕκαστον
ἐπιτηδεύειν· καὶ τὴν μὲν πατρίδα δεῖν οἰομένους ἐν
ἐξουσίᾳ διάγειν μεγάλῃ, τοῖς δ´ ἰδιώταις μηδὲν ἐξεῖναι
ποιεῖν ὅ, τι ἂν οἱ νόμοι κωλύωσι· καρτερεῖν δὲ τὰ
δεινὰ, καὶ μὴ ἐκπλήττεσθαι ταῖς συμφοραῖς.
| [2,8] Quel homme ne deviendrait pas plus sage
après la lecture du discours intitulé
l'Aréopagitique, ou qui n'applaudirait pas au but de
l'orateur? En parlant aux Athéniens de leur
gouvernement, et lorsque aucun favori du peuple
n'osait aborder une pareille question, il eut le
courage de soutenir qu'ils devaient changer la
démocratie établie à cette époque, parce qu'elle
était la source des plus grands maux pour la
patrie. Il avait vu le désordre grandir au point que
les magistrats ne conservaient plus d'empire sur
les citoyens, et que chacun voulait parler et agir à
son gré, faisant consister la liberté dans une
dangereuse licence ; et il leur conseilla de rétablir
le gouvernement fondé par Solon et par Clisthène.
Il en expose le but et les caractères ; il ajoute
qu'alors il paraissait plus difficile de combattre
l'opinion des vieillards que de forcer une armée.
Aux yeux des Athéniens, la démocratie, à cette
époque, n'était pas la licence, mais la modération;
ils faisaient consister la liberté dans l'observation
des lois, et non dans le mépris des magistrats.
Loin de mettre l'autorité entre les mains des
méchants, ils ne la confiaient qu'à des citoyens
vertueux, parce qu'ils étaient convaincus que
chacun s'efforce de marcher sur les traces des
chefs de l'État. Ils ne cherchaient pas à augmenter
leurs richesses au détriment de la fortune
publique; ils sacrifiaient plutôt leur fortune au bien
de la patrie. Alors les pères veillaient avec plus de
soin sur l'âge mûr que sur l'enfance, parce qu'on
était persuadé que ce n'est pas l'éducation de
l'enfance, mais la sagesse de l'âge mûr qui peut
contribuer au bonheur des empires, et que les
habitudes généreuses ont plus de force que les
meilleures législations; ils ne songeaient pas à
réprimer les fautes par des peines sévères, mais à
prévenir les actions condamnées par les lois; en
un mot, ils croyaient que la patrie a besoin pour sa
prospérité d'un gouvernement fort, et que le devoir
du citoyen consiste à s'abstenir de tout ce qui est
défendu par les lois, à supporter les dangers, et à
ne pas succomber sous le poids des revers.
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