HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Lettres - Examen de Thucydide

Chapitre 49

  Chapitre 49

[49] (XLIX) Ἔστι δὲ καὶ ἄλλα ἐν τῇ δημηγορίᾳ ταύτῃ μέμψεως ἄξια, περὶ ὧν οὐδὲν δέομαι τὰ πλείω λέγειν· ἱκανῶς δ´ οἴομαι καὶ διὰ τούτων φανερὸν πεποιηκέναι τὸ προκείμενον, ὅτι τῆς Θουκυδίδου λέξεως κρατίστη μέν ἐστιν μετρίως ἐκβεβηκυῖα τὰ συνήθη καὶ τὰς πρώτας καὶ ἀναγκαίας ἀρετὰς φυλάσσουσα, χείρων δὲ λαμβάνουσα πολλὴν ἐκτροπὴν ἐκ τῶν κοινῶν ὀνομάτων τε καὶ σχημάτων εἰς τὰ ξένα καὶ βεβιασμένα καὶ ἀνακολούθητα, δι´ ἣν οὐδὲ τῶν ἄλλων ἀρετῶν οὐδεμίαι τὴν ἑαυτῶν ἐπιδείκνυνται δύναμιν. Οὔτε γὰρ ἐν ταῖς ἐκκλησίαις χρήσιμόν ἐστι τοῦτο τὸ γένος τῆς φράσεως, ἐν αἷς ὑπὲρ εἰρήνης καὶ πολέμου καὶ νόμων εἰσφορᾶς καὶ πολιτειῶν κόσμου καὶ τῶν ἄλλων τῶν κοινῶν καὶ μεγάλων αἱ πόλεις βουλευσόμεναι συνέρχονται, οὔτ´ ἐν τοῖς δικαστηρίοις, ἔνθα περὶ θανάτου καὶ φυγῆς καὶ ἀτιμίας καὶ δεσμῶν καὶ χρημάτων ἀφαιρέσεως οἱ λόγοι πρὸς τοὺς ἀνειληφότας τὴν ὑπὲρ τούτων ἐξουσίαν λέγονται (- - - αἳ λυποῦσι τὸν πολιτικὸν ὄχλον οὐκ ὄντα τῶν τοιούτων ἀκουσμάτων ἐν ἔθει), οὔτ´ ἐν ταῖς ἰδιωτικαῖς ὁμιλίαις, ἐν αἷς περὶ τῶν βιωτικῶν διαλεγόμεθα πολίταις φίλοις συγγενέσιν διηγούμενοί τι τῶν συμβεβηκότων ἑαυτοῖς συμβουλευόμενοι περί τινος τῶν ἀναγκαίων, νουθετοῦντες παρακαλοῦντες συνηδόμενοι τοῖς ἀγαθοῖς συναλγοῦντες τοῖς κακοῖς· ἐῶ γὰρ λέγειν, ὅτι τῶν οὕτως διαλεγομένων οὐδὲ αἱ μητέρες ἂν καὶ οἱ πατέρες ἀνάσχοιντο διὰ τὴν ἀηδίαν, ἀλλ´ ὥσπερ ἀλλοεθνοῦς γλώσσης ἀκούοντες τῶν ἑρμηνευσόντων ἂν δεηθεῖεν. Ταῦτα ἔστιν περὶ τοῦ συγγραφέως ἐπείσθην, μετὰ πάσης ἀληθείας εἰρημένα κατὰ τὴν ἐμὴν δύναμιν. [49] (XLIX) Cette harangue renferme d'autres défauts: il ne me paraît pas nécessaire de les exposer plus au long. Je crois avoir démontré, comme je l'avais avancé, que la diction de Thucydide est d'une grande beauté, quand il s'éloigne du style ordinaire avec une sage mesure et s'attache aux qualités fondamentales de l'élocution ; tandis qu'il tombe au-dessous du médiocre, dès qu'il abandonne les expressions ordinaires et usitées pour des expressions ou des figures étranges, forcées et incohérentes. Cette affectation l'empêche même de déployer toutes les richesses de son talent. Sa diction ne peut trouver place ni dans les assemblées délibérantes, où se discutent la paix et la guerre, les lois, les institutions politiques, en un mot, les plus grands intérêts d'un état ; ni au barreau, où il s'agit de la peine capitale, des fers, de la flétrissure, de la confiscation des biens, et où l'on s'adresse à des hommes qui ont le droit de prononcer sur ces grandes questions. Des discours de ce genre fatiguent la multitude peu accoutumée à les entendre. Ils ne sauraient non plus convenir aux réunions particulières, où l'on a coutume de discourir avec ses concitoyens, ses amis ou ses proches sur tout ce qui a rapport à la conduite de la vie ; de s'entretenir de ce qui leur est arrivé ; de donner ou de recevoir des conseils sur un objet important, de leur adresser des exhortations, de se réjouir de leur bonheur ou de s'affliger de leurs infortunes. Je ne dirai pas que nos pères et nos mères ne pourraient supporter de pareils discours à cause du dégoût qu'ils inspirent : ils ont besoin d'un interprète, comme s'ils étaient écrits dans une langue étrangère. Telle est l'opinion que j'ai conçue de cet historien-, j'ai tâché de l'exposer avec toute la franchise possible.


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Dernière mise à jour : 14/02/2008