[47] (XLVII) Ἤδη δ´ ἔγωγε κἀκεῖνο ἐνεθυμήθην, ὅτι παραμυθούμενος τὴν ὀργὴν τὴν
κατειληφυῖαν αὐτοὺς ἐπὶ ταῖς παρούσαις συμφοραῖς, ὧν αἱ πλείους παράλογοί
τε συνέβησαν αὐτοῖς καὶ ἀπροσδόκητοι, καὶ παρακαλῶν τὰς συμφορὰς γενναίως
ὑφίστασθαι μὴ ἀφανίζοντας τὴν τῆς πόλεωςἀξίωσιν, ἀπαλγήσαντας δὲ τὰ ἴδια
τοῦ κοινοῦ τῆς σωτηρίας ἀντιλαμβάνεσθαι, καὶ μετὰ τοῦτο διεξελθών, ὅτι τὴν
κατὰ θάλατταν ἀρχὴν βεβαίως ἔχοντες οὔτε ὑπὸ βασιλέως οὔτε ὑπὸ
Λακεδαιμονίων οὔτε ὑπ´ ἄλλου ἀνθρώπων ἔθνους οὐδενὸς καταλυθήσονται (ὧν ἡ
πίστις οὐχ ἡ παροῦσα ἦν ἀλλ´ ἡ μέλλουσα, οὐδ´ ἐν τῇ προνοίᾳ τὸ βέβαιον
ἔχουσα ἀλλ´ ἐν ταῖς ἐλπίσιν), ἔπειτα τούτων ἐπιλαθόμενος ἀξιοῖ μὴ
πιστεύειν τῇ ἐλπίδι, ἧς ἐν τῷ ἀπόρῳ ἡ ἰσχύς. Ἐναντία γὰρ δὴ ταῦτα
ἀλλήλοις, εἴ γε δὴ τὸ μὲν λυποῦν τὴν αἴσθησιν εἶχεν ἤδη παροῦσαν, τῆς δ´
ὠφελείας ἡ δήλωσις ἔτι ἀπῆν. Ἀλλ´ ὥσπερ ταῦτα οὐκ ἐπαινῶ οὔτε κατὰ τὸ
πραγματικὸν μέρος οὔτε κατὰ τὸ λεκτικόν, οὕτως ἐκεῖνα τεθαύμακα ὡς
νενοημένα τε ἀκριβῶς καὶ ἡρμηνευμένα περιττῶς καὶ συγκείμενα ἡδέως·
« καὶ γὰρ οἷς μὲν αἵρεσις γεγένηται τὰ ἄλλα εὐτυχοῦσι, πολλὴ ἄνοια
πολεμῆσαι· εἰ δ´ ἀναγκαῖον ἦν ἢ εἴξαντας εὐθὺς τοῖς πέλας ὑπακοῦσαι ἢ
κινδυνεύσαντας περιγενέσθαι, ὁ φυγὼν τὸν κίνδυνον τοῦ ὑποστάντος
μεμπτότερος· καὶ ἐγὼ μὲν ὁ αὐτός εἰμι καὶ οὐκ ἐξίσταμαι, ὑμεῖς δὲ
μεταβάλλετε, ἐπειδὴ ξυνέβη ὑμῖν πεισθῆναι μὲν ἀκεραίοις, μεταμέλειν δὲ
κακουμένοις. »
Καὶ ἔτι ἐκεῖνα·
« Δουλοῖ γὰρ φρόνημα τὸ αἰφνίδιον καὶ τὸ ἀπροσδόκητον καὶ τὸ πλείστῳ
παραλόγῳ ξυμβαῖνον· ...ὅμως δὲ πόλιν μεγάλην οἰκοῦντας καὶ ἐν ἤθεσιν
ἀντιπάλοις αὐτῇ τεθραμμένους χρεὼν καὶ τὰς συμφορὰς ἐθέλειν ὑφίστασθαι καὶ
τὴν ἀξίωσιν μὴ ἀφανίζειν· ἐν ἴσῳ γὰρ οἱ ἄνθρωποι δικαιοῦσι τῆς τε
ὑπαρχούσης δόξης αἰτιᾶσθαι, ὅστις ἂν μαλακίᾳ ἐλλείπῃ, καὶ τῆς μὴ
προσηκούσης μισεῖν τὸν θρασύτητι ὀρεγόμενον. »
Καὶ ἔτι τὰ διεγείροντα τὰς ψυχὰς τῶν Ἀθηναίων ἐπὶ τὸ φρόνημα τὸ πάτριον
ταυτί·
« Τῆς τε πόλεως ὑμᾶς εἰκὸς τῷ τιμωμένῳ ἀπὸ τοῦ ἄρχειν, ᾧ ὑπὲρ ἅπαντας
ἀγάλλεσθε, βοηθεῖν καὶ μὴ φεύγειν τοὺς πόνους, ἢ μηδὲ τὰς τιμὰς διώκειν·
μηδὲ νομίσαι περὶ ἑνὸς μόνου, δουλείας ἀντ´ ἐλευθερίας, ἀγωνίζεσθαι, ἀλλὰ
καὶ ἀρχῆς στερήσεως καὶ κινδύνου ὧν ἐν τῇ ἀρχῇ ἀπήχθεσθε. Ἧς οὐδ´ ἐκστῆναι
ἔτι ὑμῖν ἔστιν, εἴ τις καὶ τόδε ἐν τῷ παρόντι δεδιὼς ἀπραγμοσύνῃ
ἀνδραγαθίζεται. Ὡς τυραννίδα γὰρ ἤδη ἔχετε αὐτήν, ἣν λαβεῖν μὲν ἄδικον
δοκεῖ εἶναι, ἀφεῖναι δὲ ἐπικίνδυνον »,
καὶ τὰ τούτοις ὅμοια, ὅσα τάς τε ἐξαλλαγὰς τῶν ὀνομάτων καὶ τῶν σχημάτων
μετρίας ἔχει καὶ οὔτε περιέργους οὔτε δυσπαρακολουθήτους.
| [47] (XLVII) J'ai remarqué aussi que pour calmer la colère qu'inspiraient aux
Athéniens les calamités présentes dont la plupart étaient imprévues; que
pour les exhorter à résister avec courage aux coups de la fortune, s'ils
ne voulaient pas affaiblir la dignité de la république, et à mettre un
terme à leurs plaintes sur leurs malheurs privés pour s'occuper du salut
de la patrie, Périclès leur dit que leur puissance maritime est telle que
ni le roi de Perse, ni les Lacédémoniens, ni aucun peuple ne pouvaient
l'abattre. La preuve de ce qu'il avance ne se trouvait point dans le
présent, mais dans l'avenir : elle reposait moins sur leur sagesse que sur
l'espérance. Bientôt il oublie ce passage pour dire qu'ils ne doivent pas
se fier à l'espérance dont l'accomplissement est toujours incertain : il y
a ici une véritable contradiction. Le sentiment de leurs maux agissait,
dans le moment, sur leurs âmes ; tandis que les avantages dont il parle
étaient encore éloignés. Si je blâme dans ce passage le style et les
pensées, j'admire ce qui suit, autant pour les pensées que pour la
noblesse et la grâce de l'expression :
« Un peuple qui, libre dans son choix et jouissant d'une grande
prospérité, se décide pour la guerre, fait preuve de folie; mais quand on
est forcé de céder à ses voisins ou de braver tous les périls pour
vaincre, le blâme est pour celui qui fuit le danger, et non pour ceux qui
l'affrontent. Quant à moi, je suis toujours le même et je n'ai point
changé de sentiment; c'est vous qui êtes inconstants. Avant vos malheurs
vous avez suivi mes conseils; mais vous avez pris une résolution
nouvelle, depuis que vous avez éprouvé des revers. »
Le passage suivant me paraît aussi d'une grande beauté :
« Les événements inattendus et qui arrivent contre toute probabilité,
abattent l'orgueil. Vous ne l'avez pas moins prouvé, à l'occasion de la
maladie contagieuse qui nous afflige, que dans toutes les circonstances;
et cependant, citoyens, d'une république puissante, élevés dans des
principes dignes d'elle, vous deviez supporter avec courage les coups du
sort et ne point ternir votre gloire. L'homme qui laisse perdre par
faiblesse la renommée qu'il s'est acquise, mérite des reproches ; et celui
qui aspire à une gloire dont il n'est pas digne, s'expose à la haine de
ses concitoyens. »
J'en dis autant du morceau où Périclès s'efforce d'exalter l'orgueil
national des Athéniens :
« Vous devez veiller à la conservation de cette splendeur que vous donne
la puissance, et dont vous êtes si fiers. Résistez à tous les maux, ou
renoncez à la gloire. Sachez que vous aurez à lutter, non seulement pour
ne point tomber de la liberté dans l'esclavage, mais encore pour conserver
votre puissance et triompher des haines qu'elle vous a suscitées ; et
cette puissance vous ne pourriez vous en dessaisir, quand même, dans les
conjonctures présentes, la crainte vous déterminerait à vivre dans le
repos, sans vous mêler des affaires publiques. Entre vos mains, elle est
regardée comme une tyrannie; et s'il fut injuste de s'en emparer, vous ne
pouvez y renoncer sans danger. »
J'admire encore tous les passages où les figures de mots et de pensées
sont employées avec la même sagesse et ne présentent ni affectation ni
obscurité.
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