HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Lettres - Examen de Thucydide

Chapitre 23

  Chapitre 23

[23] (XXIII) Τίσι δὲ αὐτῶν ἐχρήσαντο πάντες οἱ πρὸ Θουκυδίδου γενόμενοι συγγραφεῖς καὶ τίνων ἐπὶ μικρὸν ἥψαντο, ἐξ ἀρχῆς ἀναλαβών, ὥσπερ ὑπεσχόμην, κεφαλαιωδῶς διέξειμι· ἀκριβέστερον γὰρ οὕτως γνώσεταί τις τὸν ἴδιον τοῦ ἀνδρὸς χαρακτῆρα. Οἱ μὲν οὖν ἀρχαῖοι πάνυ καὶ ἀπ´ αὐτῶν μόνον γινωσκόμενοι τῶν ὀνομάτων ποίαν τινὰ λέξιν ἐπετήδευσαν, οὐκ ἔχω συμβαλεῖν, πότερα τὴν λιτὴν καὶ ἀκόσμητον καὶ μηδὲν ἔχουσαν περιττόν, ἀλλ´ αὐτὰ τὰ χρήσιμα καὶ ἀναγκαῖα, τὴν πομπικὴν καὶ ἀξιωματικὴν καὶ ἐγκατάσκευον καὶ τοὺς ἐπιθέτους προσειληφυῖαν κόσμους. Οὔτε γὰρ διασῴζονται τῶν πλειόνων αἱ γραφαὶ μέχρι τῶν καθ´ ἡμᾶς χρόνων, οὔθ´ αἱ διασῳζόμεναι παρὰ πᾶσιν ὡς ἐκείνων οὖσαι τῶν ἀνδρῶν πιστεύονται· ἐν αἷς εἰσιν αἵ τε Κάδμου τοῦ Μιλησίου καὶ Ἀρισταίου τοῦ Προκοννησίου καὶ τῶν παραπλησίων τούτοις. Οἱ δὲ πρὸ τοῦ Πελοποννησιακοῦ γενόμενοι πολέμου καὶ μέχρι τῆς Θουκυδίδου παρεκτείναντες ἡλικίας ὁμοίας ἔσχον ἅπαντες ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ προαιρέσεις, οἵ τε τὴν Ἰάδα προελόμενοι διάλεκτον τὴν ἐν τοῖς τότε χρόνοις μάλιστα ἀνθοῦσαν καὶ οἱ τὴν ἀρχαίαν Ἀτθίδα μικράς τινας ἔχουσαν διαφορὰς παρὰ τὴν Ἰάδα. Πάντες γὰρ οὗτοι, καθάπερ ἔφην, περὶ τὴν κυρίαν λέξιν μᾶλλον ἐσπούδασαν περὶ τὴν τροπικήν, ταύτην δὲ ὥσπερ ἥδυσμα παρελάμβανον, σύνθεσίν τε ὀνομάτων ὁμοίαν ἅπαντες ἐπετήδευσαν τὴν ἀφελῆ καὶ ἀνεπιτήδευτον, καὶ οὐδ´ ἐν τῷ σχηματίζειν τὰς λέξεις καὶ τὰς νοήσεις ἐξέβησαν ἐπὶ πολὺ τῆς τετριμμένης καὶ κοινῆς καὶ συνήθους ἅπασι διαλέκτου. Τὰς μὲν οὖν ἀναγκαίας ἀρετὰς λέξις αὐτῶν πάντων ἔχει (καὶ γὰρ καθαρὰ καὶ σαφὴς καὶ σύντομός ἐστιν ἀποχρώντως, σῴζουσα τὸν ἴδιον ἑκάστη τῆς διαλέκτου χαρακτῆρατὰς δ´ ἐπιθέτους, ἐξ ὧν μάλιστα διάδηλος τοῦ ῥήτορος γίνεται δύναμις, οὔτε ἁπάσας οὔτε εἰς ἄκρον ἡκούσας, ἀλλ´ ὀλίγας καὶ ἐπὶ βραχύ, ὕψος λέγω καὶ καλλιρημοσύνην καὶ σεμνολογίαν καὶ μεγαλοπρέπειαν· οὐδὲ δὴ τόνον οὐδὲ βάρος οὐδὲ πάθος διεγεῖρον τὸν νοῦν οὐδὲ τὸ ἐρρωμένον καὶ ἐναγώνιον πνεῦμα, ἐξ ὧν καλουμένη γίνεται δεινότης· πλὴν ἑνὸς Ἡροδότου. Οὗτος δὲ κατά τε τὴν ἐκλογὴν τῶν ὀνομάτων καὶ κατὰ τὴν σύνθεσιν καὶ κατὰ τὴν τῶν σχηματισμῶν ποικιλίαν μακρῷ δή τινι τοὺς ἄλλους ὑπερεβάλετο, καὶ παρεσκεύασε τῇ κρατίστῃ ποιήσει τὴν πεζὴν φράσιν ὁμοίαν γενέσθαι πειθοῦς τε καὶ χαρίτων καὶ τῆς εἰς ἄκρον ἡκούσης ἡδονῆς ἕνεκα· ἀρετάς τε τὰς μεγίστας καὶ λαμπροτάτας ἔξω τῶν ἐναγωνίων οὐδὲν *** ἐν ταύταις ἐνέλιπεν, εἴ τε οὐκ εὖ πεφυκὼς πρὸς αὐτὰς εἴ τε κατὰ λογισμόν τινα ἑκουσίως ὑπεριδὼν ὡς οὐχ ἁρμοττουσῶν ἱστορίαις. Οὔτε γὰρ δημηγορίαις πολλαῖς ἀνὴρ οὐδ´ ἐναγωνίοις κέχρηται λόγοις, οὔτ´ ἐν τῷ παθαίνειν καὶ δεινοποιεῖν τὰ πράγματα τὴν ἀλκὴν ἔχει. [23] (XXIII) Je commencerai, comme je l'ai promis, par exposer en peu de mots quelles furent les qualités du style dans les devanciers de Thucydide, et quelles sont celles dont on aperçoit à peine la trace dans leurs écrits. Par-là, nous aurons une idée plus nette de son caractère. Malheureusement, il est difficile de dire au juste quel genre de style employèrent les historiens les plus anciens : on ne les connaît que de nom ; et l'on ne sait pas si leur diction était simple et sans art; si elle se permit le le superflu ou se borna au nécessaire et à l'utile; enfin, si elle fut pompeuse, noble, travaillée et embellie d'ornements empruntés. La plupart de leurs ouvrages ne nous sont point parvenus ; et ceux qui ont échappé au naufrage du temps ne sont pas tous regardés comme sortis de la plume des écrivains auxquels on les attribue. Tels sont, par exemple, les fragments de Cadmus de Milet, d'Aristéas de Proconnèse, et de plusieurs autres. Les historiens qui florissaient avant la guerre du Péloponnèse, et qui vécurent jusqu'au temps de Thucydide, adoptèrent presque tous le même style : les uns choisirent le dialecte Ionien, qui dominait alors ; les autres, l'ancien dialecte d'Athènes qui en différait très peu. Ils préférèrent, comme je l'ai déjà dit, les expressions propres aux expressions figurées : celles-ci ne furent pour eux qu'un simple assaisonnement. Chez tous ces écrivains, l'arrangement des mots est le même, c'est-à-dire, simple et sans art. Ils ne cherchaient point à présenter leurs pensées sous des tours figurés, propres à les distinguer des locutions usitées et vulgaires : aussi, leur style n'a-t-il que les qualités indispensables. Il est pur, clair, concis et assez conforme au caractère de chaque dialecte : quant à ces qualités accessoires qui font briller le talent de l'écrivain, ils ne les possèdent pas au suprême degré : à peine en trouve-t-on quelques-unes chez eux ; et encore sont-elles faiblement ébauchées : je veux parler de l'élévation, de l'élégance, de la noblesse, de la majesté : ils n'ont ni cette véhémence, ni cette force, ni ce pathétique, qui tiennent l'esprit en éveil ; ni cet impétueux essor, si propre aux violents débats et qui constitue la supériorité de l'éloquence. Hérodote seul en offre une image. Pour le choix et l'arrangement des mots, ainsi que pour la variété des figures, il éclipsa tous ses devanciers : il a donné à sa prose la physionomie de la poésie, par le naturel, la grâce et une douceur que rien ne saurait égaler. En lui brillent les qualités les plus heureuses et les plus séduisantes, à l'exception de celles que demandent les discussions animées ; soit que la nature les lui eût refusées, soit que son goût les lui fit regarder comme incompatibles avec le ton de l'histoire. Il emploie rarement des discours propres aux grands débats, ou des harangues d'un autre genre : jamais il ne cherche à remuer les passions, ni à agrandir les objets.


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Dernière mise à jour : 14/02/2008