[15] (XV) εἰ μὲν οὖν ἐπὶ τῆς Ἀθηναίων πρεσβείας ἡ τὰ κεφάλαια τῶν γινομένων
περιειληφυῖα δήλωσις ἤρκει, λόγων δὲ καὶ παρακλήσεων, αἷς ἐχρήσαντο οἱ
πρέσβεις, οὐδὲν ἔδει, μήτε πεισθέντων μήτε δεξαμένων τὰς σπονδὰς
Λακεδαιμονίων, τί δή ποτε οὐ τὴν αὐτὴν προαίρεσιν ἐφύλαξε καὶ ἐπὶ τῶν ἐκ
τῆς Σπάρτης ἀφικομένων εἰς τὰς Ἀθήνας; Οὐδὲ γὰρ ἐκεῖνοι διαπραξάμενοι τὴν
εἰρήνην ἀπῆλθον. Εἰ δ´ ἀκριβῶς ἔδει ταῦτα εἰρῆσθαι, διὰ τί παρέλιπε
ῥᾳθύμως ἐκεῖνα; Οὐ γὰρ δή γε ἀσθενείᾳ δυνάμεως ἐξείργετο περὶ ἀμφοτέρων
τοὺς ἐνόντας εὑρεῖν τε καὶ ἐξειπεῖν λόγους. Εἰ δὲ δὴ κατὰ λογισμόν τινα
τὴν ἑτέραν προείλετο πρεσβείαν ἐξεργάσασθαι, οὐκ ἔχω συμβαλεῖν, κατὰ τί
τὴν Λακωνικὴν προέκρινε τῆς Ἀττικῆς μᾶλλον, τὴν ὑστέραν τοῖς χρόνοις ἀντὶ
τῆς προτέρας καὶ τὴν ἀλλοτρίαν ἀντὶ τῆς ἰδίας καὶ τὴν ἐπ´ ἐλάττοσι κακοῖς
γενομένην ἀντὶ τῆς ἐπὶ μείζοσι.
Πόλεών τε ἁλώσεις καὶ κατασκαφὰς καὶ ἀνδραποδισμοὺς καὶ ἄλλας τοιαύτας
συμφορὰς πολλάκις ἀναγκασθεὶς γράφειν ποτὲ μὲν οὕτως ὠμὰ καὶ δεινὰ καὶ
οἴκτων ἄξια φαίνεσθαι ποιεῖ τὰ πάθη, ὥστε μηδεμίαν ὑπερβολὴν μήτε
ἱστοριογράφοις μήτε ποιηταῖς καταλιπεῖν· ποτὲ δὲ οὕτως ταπεινὰ καὶ μικρά,
ὥστε μηδ´ εἰς αἴσθησιν δεινῶν τι πεσεῖν γνώρισμα τοῖς ἀναγινώσκουσι τὸν
ἄνδρα. Λέγων τε ἃ περὶ τῆς Πλαταιέων πόλεως εἴρηκε καὶ περὶ τῆς
Μυτιληναίων καὶ περὶ τῆς Μηλίων, οὐδὲν δέομαι τὰς λέξεις ἐκείνας φέρειν,
ἐν αἷς ἀπὸ τῆς ἄκρας δυνάμεως ἐξείργασται τὰς συμφορὰς αὐτῶν. Ἐν αἷς δ´
ἐπιτρέχει καὶ μικρὰ ποιεῖ τὰ πάθη αὐτῇ *** κατὰ πολλοὺς τόπους τῆς
ἱστορίας, τούτων μνησθήσομαι·
« Περὶ δὲ τοὺς αὐτοὺς χρόνους τούτους Σκιωναίους Ἀθηναῖοι ἐκπολιορκήσαντες
ἀπέκτειναν τοὺς ἡβῶντας, παῖδας δὲ καὶ γυναῖκας ἠνδραπόδισαν καὶ τὴν γῆν
Πλαταιεῦσιν ἔδωκαν νέμεσθαι.»
« Καὶ Ἀθηναῖοι πάλιν ἐς Εὔβοιαν διαβάντες Περικλέους στρατηγοῦντος
κατεστρέψαντο πᾶσαν· καὶ τὴν ἄλλην ὁμολογίᾳ κατέστησαν, Ἑστιαιεῖς δ´
ἐξοικίσαντες αὐτοὶ τὴν γῆν ἔσχον. »
« Ἀνέστησαν δὲ Αἰγινήτας τῷ αὐτῷ χρόνῳ τούτῳ ἐξ Αἰγίνης Ἀθηναῖοι αὐτούς
τε καὶ γυναῖκας καὶ παῖδας, ἐπικαλέσαντες οὐχ ἥκιστα τοῦ πολέμου σφίσιν
αἰτίους εἶναι· καὶ τὴν Αἴγιναν ἀσφαλέστερον ἐφαίνετο τῇ Πελοποννησίων
ἐπικειμένην αὑτῶν πέμψαντες ἐποίκους ἔχειν.»
| [15] (XV) Si, en rendant compte de l'ambassade des Athéniens, une exposition
abrégée lui parut suffisante ; s'il ne trouva pas nécessaire de rapporter
les discours et les moyens de persuasion qu'employèrent les ambassadeurs,
ni les discours des Lacédémoniens qui soutenaient ou combattaient cette
proposition; pourquoi n'a-t-il pas suivi la même marche à l'égard des
ambassadeurs de Sparte qui vinrent à Athènes, puisqu'ils s'en retournèrent
aussi, sans obtenir la paix? S'il s'est cru obligé à une exactitude
scrupuleuse à l'égard de Lacédémone, pourquoi tant dé négligence pour les
affaires d'Athènes ? Certes, on ne dira pas que le talent lui manquait
pour trouver ou pour rendre les discours prononcés dans cette
circonstance. Si quelque raison particulière l'empêcha de parler en détail
de l'une ou de l'autre de ces députations, je ne peux deviner pourquoi il
a choisi celle de Lacédémone qui, moins ancienne et amenée par de moindres
calamités, concernait une ville étrangère, plutôt que celle de sa patrie,
qui fut occasionnée par des malheurs plus considérables. Forcé de faire
souvent mention de la prise et de la destruction des villes, de
l'asservissement de leurs habitants, et d'autres malheurs aussi
déplorables, il donne quelquefois à ses récits une couleur si sombre, si
vive et si touchante, qu'aucun historien, qu'aucun poète n'y pourrait rien
ajouter : d'autres fois, il les fait si négligemment et avec des traits si
faibles, qu'ils ne laissent point de trace dans l'âme du lecteur. Ainsi,
quand il parle des malheurs de Platée, de Mytilène et de Mélos, il déploie
toute la force de son talent. Je ne crois pas nécessaire de le prouver par
des exemples; mais dans d'autres endroits assez nombreux, il est négligé
et semble chercher à diminuer la grandeur des désastres. En voici
quelques-uns de ce genre :
« Vers cette époque, les Athéniens prirent Scione d'assaut, firent périr
toute la jeunesse, réduisirent à l'esclavage les femmes et les enfants, et
donnèrent aux Platéens le territoire à cultiver. »
Et ailleurs :
«Les Athéniens entrèrent de nouveau dans l'Eubée, sous la conduite de
Périclès, et la firent passer sous leur empire : une partie de cette île
fut admise à faire sa soumission ; mais les habitants d'Hestiée furent
bannis de leur ville, et les Athéniens s'emparèrent de leur territoire. »
— « Dans le même temps, ils chassèrent les Eginètes de leur patrie, ainsi
que leurs femmes et leurs enfants, les accusant d'être les principaux
moteurs de cette guerre : ils croyaient qu'ils seraient plus sûrs d'Egine,
qui touche au Péloponnèse, s'ils la peuplaient de leurs colonies. »
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