Texte grec :
[1,57] LVII. 1. Αἰνείας δὲ τῆς μὲν ὑὸς τὸν τόκον ἅμα τῇ γειναμένῃ τοῖς πατρῴοις
ἁγίζει θεοῖς ἐν τῷ χωρίῳ τῷδ´, οὗ νῦν ἐστιν ἡ καλιάς, καὶ αὐτὴν οἱ Λαουινιά
ται τοῖς ἄλλοις ἄβατον φυλάττοντες ἱερὰν νομίζουσι· τοῖς δὲ Τρωσὶ
μεταστρατοπεδεῦσαι κελεύσας ἐπὶ τὸν λόφον ἱδρύεται τὰ ἕδη τῶν θεῶν ἐν τῷ
κρατίστῳ καὶ αὐτίκα περὶ τὴν κατασκευὴν τοῦ πολίσματος ἁπάσῃ προθυμίᾳ
ὥρμητο ἐλάμβανέ τε καταθέων ἐκ τῶν πέριξ χωρίων ὁπόσα εἰς τὸν πολισμὸν
αὐτῷ ἦν χρήσιμα καὶ μάλιστα ἔμελλε λυπηρὰ τοῖς ἀφαιρεθεῖσι φανήσεσθαι,
σίδηρον καὶ ξύλα καὶ τὰς γεωργικὰς παρασκευάς.
2. Λατίνῳ δὲ, ὃς ἦν τότε βασιλεύς, πολεμοῦντι πρὸς ἔθνος ὅμορον τοὺς
καλουμένους Ῥοτόλους καὶ δυσημεροῦντι κατὰ τὰς μάχας ἀγγέλλεται τὰ
γινόμενα ἐπὶ τὸ φοβερώτατον, ὡς ἀνάστατος αὐτοῦ γίνεται πᾶσα ἡ παράλιος
ὑπερορίῳ στρατιᾷ, καὶ εἰ μὴ σὺν τάχει κωλύσει τὰ δρώμενα χρυσὸς αὐτῷ
φανήσεται ὁ πρὸς τοὺς ἀστυγείτονας ἀγών. ἀκούσαντι δὲ τῷ ἀνδρὶ δέος
εἰσέρχεται καὶ αὐτίκα τοῦ παρόντος πολέμου μεθέμενος ἐπὶ τοὺς Τρῶας
ἐλαύνει πολλῇ στρατιᾷ.
3. Ὁρῶν δὲ αὐτοὺς ὡπλισμένους τε ὡς Ἕλληνας καὶ ἐν τάξει εὐκόσμῳ
ἀκαταπλήκτως τὸ δεινὸν ὑπομένοντας, τῆς μὲν αὐτίκα παρακινδυνεύσεως,
ὡς οὐκ ἂν ἐξ ἐφόδου αὐτοὺς ἔτι χειρωσάμενος, ἣν ἔσχε διάνοιαν οἴκοθεν
ὁρμώμενος, ἀποτρέπεται· στρατοπεδευσάμενος δ´ ἐπὶ λόφου τινὸς τὸ πρῶτον
ἀναλαβεῖν ᾤετο δεῖν τὴν δύναμιν ἐκ τοῦ παρόντος κόπου, ὃς πολὺς ἐκ
μακρᾶς ὁδοῦ καὶ συντόνου διώξεως αὐτοῖς ἐγένετο.
4. Αὐλισάμενος δὲ διὰ νυκτὸς αὐτόθι γνώμην ἐποιεῖτο ἀρχομένης ἕω
συμφέρεσθαι τοῖς πολεμίοις. Ἐγνωκότι δὲ αὐτῷ ταῦτα λέγει τις ἐπιστὰς καθ´
ὕπνον ἐπιχώριος δαίμων δέχεσθαι τοὺς Ἕλληνας τῇ χώρᾳ συνοίκους· ἥκειν
γὰρ αὐτοὺς μέγα ὠφέλημα Λατίνῳ καὶ κοινὸν Ἀβοριγίνων ἀγαθόν· Αἰνείᾳ τε
οἱ πατρῷοι θεοὶ τῆς αὐτῆς νυκτὸς φανέντες παρακελεύονται πείθειν Λατῖνον
ἑκόντα παρασχεῖν σφίσι τὴν οἴκησιν ἐν ᾧ βούλονται χωρίῳ, καὶ χρήσασθαι
δυνάμει Ἑλληνικῇ συμμάχῳ μᾶλλον ἢ διαφόρῳ· ἀμφοτέρους δὲ τὸ ὄναρ
ἐκώλυεν ἄρχειν μάχης. Ὡς δὲ ἡμέρα τε ἐγένετο, καὶ διεκοσμήθησαν εἰς μάχην
αἱ δυνάμεις, κήρυκες ἧκον ὡς τοὺς ἡγεμόνας ἑκατέρωθεν τὸ αὐτὸ ἀξιοῦντες,
συνελθεῖν ἀλλήλοις εἰς λόγους· καὶ ἐγένετο τοῦτο.
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Traduction française :
[1,57] LVII. 1. Énée sacrifia la truie avec ses jeunes à ses dieux ancestraux à l'endroit
où se trouve maintenant la chapelle, que les Laviniens considèrent comme
sacrée et en interdisent l'accès à tous sauf à eux-mêmes. Puis, après avoir
ordonné aux Troyens de transférer leur camp sur la colline, il y plaça les images
des dieux dans le meilleure endroit et s'attaqua immédiatement à bâtir la ville
avec la plus grande ardeur. Et faisant des incursions dans les alentours, il y prit
tout ce qui lui était utile pour ses bâtiments et dont la perte était susceptible d'être
très pénible à ses propriétaires, tels que le fer, le bois de construction et des
instruments agricoles.
2. Mais Latinus, le roi du pays à l'époque, qui était en guerre avec un peuple
voisin appelé les Rutules et avait livré quelques batailles avec des revers, reçoit
sur ce qui se passait des nouvelles très alarmantes : toute sa côte était dévastée
par une armée étrangère et, s'il ne mettait pas immédiatement fin à leurs
déprédations, la guerre avec ses voisins lui semblerait facile en comparaison.
Latinus, saisi de crainte à ces nouvelles et abandonnant aussitôt la guerre dans
laquelle il était alors engagé, marcha contre les Troyens avec une grande armée.
3. Mais les voyant armés comme des Grecs, alignés en bon ordre et attendant de
pied ferme le choc, il renonça à l'idée de se hasarder à un engagement immédiat,
puisqu'il n'avait aucune chance maintenant de les vaincre au premier assaut,
comme il y comptait quand il s'élançait hors de son camp. Et campant sur une
colline, il pensa qu'il devait d'abord laisser ses troupes récupérer de leur fatigue,
qui était grande à cause de la longueur la marche et de l'ardeur de la poursuite;
4. et passant la nuit là, il résolut d'engager le combat contre l'ennemi à la fin
du jour. Mais quand il eut pris cette décision, une divinité indigène lui apparut
dans son sommeil et lui conseilla de recevoir les Grecs dans son pays pour
qu'ils y vivent avec ses propres sujets, ajoutant que leur venue était un grand
avantage pour lui et une aubaine pour les Aborigènes. Les dieux ancestraux
apparurent à Énée cette même nuit pour lui ordonner de persuader Latinus de
leur accorder de son plein gré de s'installer dans la partie du pays qu'ils
désiraient et de traiter les forces grecques plutôt comme des alliés que comme
des ennemis. Ainsi les deux furent empêches par un rêve de commencer les
hostilités. Et le jour venu quand les armées furent en ordre de bataille, des
hérauts se rendirent chacun chez les commandants de l'autre avec la même
requête : on devait se rencontrer pour négocier; et c'est ce qui se passa. |
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