Texte grec :
[1,46] XLVI. 1. Ἰλίου κρατηθέντος ὑπ´ Ἀχαιῶν, εἴτε τοῦ δουρείου ἵππου τῇ ἀπάτῃ,
ὡς Ὁμήρῳ πεποίηται, εἴτε τῇ προδοσίᾳ τῶν Ἀντηνοριδῶν εἴτε ἄλλως πως, τὸ
μὲν ἄλλο πλῆθος ἐν τῇ πόλει Τρωικόν τε καὶ συμμαχικὸν ἐν ταῖς εὐναῖς ἔτι
καταλαμβανόμενον ἐφονεύετο (νυκτὸς γὰρ δὴ τὸ δεινὸν ἀφυλάκτοις αὐτοῖς
ἐπιστῆναι ἔοικεν), Αἰνείας δὲ καὶ οἱ σὺν αὐτῷ παρόντες Ἰλιεῦσιν ἐπίκουροι
Τρῶες ἐκ Δαρδάνου τε πόλεως καὶ Ὀφρυνίου τῶν τε ἄλλων ὅσοι τῆς κάτω
πόλεως ἁλισκομένης ἔφθασαν αἴσθησιν τοῦ δεινοῦ λαβεῖν, ἐπὶ τὰ καρτερὰ
τοῦ Περγάμου συμφυγόντες τὴν ἀκρόπολιν ἰδίῳ τείχει φρουρουμένην
καταλαμβάνονται, ἐν ᾗ καὶ ἱερὰ τὰ πατρῷα τοῖς Τρωσὶν ἦν καὶ χρημάτων ὁ
πολὺς πλοῦτος, οἷα εἰκὸς ἐν ἐχυρῷ, καὶ τοῦ στρατιωτικοῦ τὸ κράτιστον·
2. ἔνθα ὑπομένοντες ἀπεκρούοντο τοὺς πειρωμένους ἐπιβαίνειν τῆς ἄκρας
καὶ τὸ διαπῖπτον ὑπὸ τῆς ἁλώσεως πλῆθος ἐμπειρίᾳ στενωπῶν ὑποθέοντες
ἀνελάμβανον· καὶ ἐγένετο τοῦ καταληφθέντος πλεῖον τὸ διαφυγόν. τὴν μὲν
δὴ αὐτίκα ὁρμὴν τῶν πολεμίων, ἣν εἶχον ὅλην διαχρήσασθαι τὴν πόλιν, καὶ
τὸ μὴ πᾶν ἐξ ἐφόδου καταληφθῆναι τὸ ἄστυ τοῦτο τὸ μηχάνημα ἐξευρὼν
Αἰνείας ἐπέσχε. Λογισμὸν δὲ τὸν εἰκότα περὶ τοῦ μέλλοντος λαμβάνων, ὡς
ἀμήχανον εἴη πρᾶγμα σῶσαι πόλιν, ἧς τὰ πλείω ἤδη ἐκρατεῖτο, εἰς νοῦν
βάλλεται τοῦ μὲν τείχους ἐρήμου παραχωρῆσαι τοῖς πολεμίοις, τὰ δὲ σώματα
αὐτὰ καὶ τὰ ἱερὰ τὰ πατρῷα καὶ χρήματα ὁπόσα φέρειν δύναιτο
διασώσασθαι.
3. Δόξαν δὲ αὐτῷ, παῖδας μὲν καὶ γυναῖκας καὶ τὰ γηραιὰ σώματα καὶ
ὁπόσοις ἄλλοις βραδείας ἔδει φυγῆς προεξελθεῖν κελεύει τῆς πόλεως κατὰ
τὰς ἐπὶ τὴν Ἴδην φερούσας ὁδοὺς, ἕως Ἀχαιοὶ τὴν ἄκραν ἑλεῖν
προθυμούμενοι διώξεως τοῦ διαπίπτοντος ἐκ τῆς πόλεως πλήθους οὐδὲν
προεμηχανῶντο, τοῦ δὲ στρατιωτικοῦ τὸ μὲν ἐπὶ φυλακῇ τῶν ἐξιόντων
ἔταξεν, ὡς ἀσφαλής τε καὶ ἀταλαίπωρος ἐκ τῶν ἐνόντων φυγὴ αὐτοῖς
γένοιτο, εἴρητο δὲ τούτοις τὰ καρτερώτατα καταλαβέσθαι τῆς Ἴδης· τὸ δὲ
λοιπὸν, ὃ δὴ κράτιστον ἦν, αὐτὸς ἔχων ὑπέμενεν ἐπὶ τοῦ τείχους καὶ παρεῖχε
τοῖς προεξελθοῦσιν ἧττον ἐπιπόνους διηρτημένων τειχομαχίᾳ τῶν πολεμίων
τὰς φυγάς.
4. Νεοπτολέμου δὲ σὺν τοῖς ἀμφ´ αὐτὸν ἐπιβάντος μέρους τινὸς τῆς ἄκρας καὶ
προσβοηθησάντων αὐτοῖς Ἀχαιῶν ἁπάντων τῆς μὲν ἄκρας μεθίεται, ἀνοίξας
δὲ τὰς πύλας ἀπῄει συντεταγμένους ἔχων τοὺς λοιποὺς φυγάδας, ἀγόμενος
ἐπὶ ταῖς κρατίσταις συνωρίσι τόν τε πατέρα καὶ θεοὺς τοὺς πατρῴους
γυναῖκά τε καὶ τέκνα καὶ τῶν ἄλλων εἴ τι πλείστου ἄξιον ἦν σῶμα ἢ χρῆμα.
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Traduction française :
[1,46] XLVI. 1. Quand Troie fut prise par les Achéens, soit par le stratagème du cheval
en bois, comme le représente Homère, soit par la trahison des Antenorides, soit
d'une autre façon, la plus grande partie des Troyens et de leurs alliés dans la
ville furent massacrées alors surpris dans leurs lits; (il semble que cette calamité
s'abattit sur eux la nuit, alors qu'ils n'étaient pas sur leur garde.) Mais Énée et
ses alliés de Troie qu'il avait ammenés des villes de Dardanus et d'Ophrynium
pour venir en aide aux gens d'Ilium, et aussi d'autres qui s'étaient aperçus tôt
de la calamité, au moment où les Grecs prenaient la ville basse, se sauvèrent
ensemble dans la forteresse de Pergame, et occupèrent la citadelle défendue par
son propre mur : là étaient déposé le patrimoine sacré de Troie hérité de leurs
pères et de grandes richesses en objets de valeur, comme il est normal dans une
citadelle, là aussi se trouvait postée l'élite de leur armée.
2. Les attendant là, ils repoussaient l'ennemi qui essayaient de gagner une
position avantageuse sur l'acropole, et ils pouvaient grâce à leur connaissance
des rues étroites, sauver la multitude qui cherchait à échapper à la prise de la
ville; et c'est ainsi qu'il y en eut plus qui s'échappèrent que ceux qui furent
pris comme prisonniers. En touvant ce stratagème, Énée empêcha l'assaut
immédiat des ennemis, qui avait comme but de faire périr tous les citoyens et
que la ville ne fût prise d'emblée. Mais pour ce qui allait arriver ensuite, il arriva
à la conclusion sensée qu'il serait impossible de sauver une ville dont la plus
grande partie était déjà aux mains de l'ennemi, et il décida donc d'abandonner à
l'ennemi les remparts désertés par ses défenseurs, et de sauver les habitants
eux-mêmes aussi bien que les objets sacrés hérités de leurs pères et tous les
objets de valeur qu'il pourrait emporter.
3. Après avoir pris cette décision, il envoie d'abord hors de la ville les femmes et
les enfants ainsi que vieillards et tous les autres dont la condition rendait la fuite
plus lente, avec ordre de prendre les routes menant au mont Ida, pendant que les
Achéens, occupés à s'emparer de citadelle, ne s'occupaient pas de
poursuivre la multitude qui s'échappait de la ville. Il assigna à une partie de
l'armée d'escorter les habitants qui s'enfuyaient afin que leur fuite soit sans
danger et libérée des difficultés qui pourraient leur arriver; et il leur ordonna de
prendre possession des positions les plus sûres du mont Ida. Avec le reste des
troupes, les plus vaillantes, il resta sur le mur du citadelle et, occupant l'ennemi
en l'assaillant, il rendit moins difficile la fuite de ceux qui étaient partis les
premiers.
4. Mais quand Néoptolème et ses hommes eurent pris pied sur une partie de
l'acropole et que tous les Achéens vinrent les aider, Énée abandonna l'endroit; et
ouvrant les portes, il se retira avec le reste des fugitifs en bon ordre, portant avec
lui dans les meilleurs chariots son père et les dieux de son pays, ainsi que son
épouse et ses enfants et tout ce qui était le plus précieux, personne ou chose. |
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