HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Mémoires sur les anciens orateurs, III (Démosthène)

καὶ



Texte grec :

[3,3] Γ'. Τρίτη λέξεως ἦν ἡ μικτή τε καὶ σύνθετος ἐκ τούτων τῶν δυεῖν· ἣν ὁ μὲν πρῶτος ἁρμοσάμενος καὶ καταστήσας εἰς τὸν νῦν ὑπάρχοντα κόσμον, εἴτε Θρασύμαχος ὁ Καλχηδόνιος ἦν, ὡς οἴεται Θεόφραστος· εἴτε ἄλλος τις, οὐκ ἔχω λέγειν. Οἱ δὲ ἐκδεξάμενοι καὶ ἀναθρέψαντες, καὶ οὐ πολὺ ἀποσχόντες τοῦ τελειῶσαι, ῥητόρων μὲν, Ἰσοκράτης ὁ Ἀθηναῖος ἐγένετο· φιλοσόφων δὲ, Πλάτων ὁ Σωκρατικός. Τούτων γὰρ ἀμήχανον εὑρεῖν τῶν ἀνδρῶν ἑτέρους τινὰς, ἔξω Δημοσθένους, ἢ τἀναγκαῖα καὶ χρήσιμα κρεῖττον ἀσκήσαντας, ἢ τὴν καλλιλογίαν καὶ τὰς ἐπιθέτους κατασκευὰς βέλτιον ἀποδειξαμένους. Ἡ μὲν οὖν Θρασυμάχου λέξις ἡ λοιμὴ, τῆς ὄντως μεσότητος αὐτὴν τὴν προαίρεσιν ἔοικεν ἔχειν σπουδῆς ἀξίαν· κέκραται γὰρ εὖ πως, καὶ αὐτὸ τὸ χρήσιμον εἴληφεν ἑκατέρας δυνάμεως· ὡς οὐκ ἴσῃ βουλήσει κέχρηται, παράδειγμα ἐξ ἑνὸς θήσω τῶν δημηγορικῶν λόγων τόδε· « Ἐβουλόμην μέν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, μετασχεῖν ἐκείνου τοῦ χρόνου τοῦ παλαιοῦ καὶ τῶν πραγμάτων, ἡνίκα σιωπᾶν ἀπέχρη τοῖς νεωτέροις, τῶν τε πραγμάτων οὐκ ἀναγκαζόντων ἀγορεύειν, καὶ τῶν πρεσβυτέρων ὀρθῶς τὴν πόλιν ἐπιτροπευόντων. Καὶ ἐπειδὴ εἰς τοιοῦτον ἡμᾶς ἀνέθετο χρόνον ὁ δαίμων, ὥστε --- τῆς πόλεως ἀκούειν· τὰς δὲ συμφορὰς --- αὐτοὺς καὶ τούτων τὰ μέγιστα μὴ θεῶν ἔργα εἶναι, μηδὲ τῆς τύχης, ἀλλὰ τῶν ἐπιμεληθέντων, ἀνάγκη δὲ λέγειν. Ἢ γὰρ ἀναίσθητος, ἢ καρτερικώτατός ἐστιν, ὅστις ἐξαμαρτάνειν ἑαυτὸν ἔτι παρέξει τοῖς βουλομένοις, καὶ τῆς ἑτέρων ἐπιβουλῆς τε καὶ κακίας αὐτὸς ὑποσχήσει τὰς αἰτίας. Ἅλις γὰρ ἡμῖν ὁ παρελθὼν χρόνος· καὶ ἀντὶ μὲν εἰρήνης, ἐν πολέμῳ γενέσθαι, καὶ διὰ κινδύνων, εἰς τόνδε τὸν χρόνον τὴν μὲν παρελθοῦσαν ἡμέραν ἀγαπῶσι, τὴν δ´ ἐπιοῦσαν δεδιόσιν· ἀντὶ δ´ ὁμονοίας, εἰς ἔχθραν καὶ ταραχὰς πρὸς ἀλλήλους ἀφικέσθαι. Καὶ τοὺς μὲν ἄλλους τὸ πλῆθος τῶν ἀγαθῶν ὑβρίζειν τε ποιεῖ καὶ στασιάζειν· ἡμεῖς δὲ μετὰ μὲν τῶν ἀγαθῶν ἐσωφρονοῦμεν, ἐν δὲ τοῖς κακοῖς ἐμάνημεν, ἃ τοὺς ἄλλους σωφρονίζειν εἴωθεν. Τί δῆτα μέλλοι τις ἂν γεγωνίσκειν εἰπεῖν, ὅτῳ γε λυπεῖσθαι ἐπὶ τοῖς παροῦσι καὶ νομίζειν εἴωθεν; Τι δῆτα ἔχειν τοιοῦτον, ὡς μηδὲν ἔτι τοιοῦτον ἔσται; Πρῶτον μὲν οὖν τοὺς διαφερομένους πρὸς ἀλλήλους καὶ τῶν ῥητόρων καὶ τῶν ἄλλων ἀποδείξω γε, προλέγων πεπονθότας πρὸς ἀλλήλους ὅπερ ἀνάγκη τοὺς ἄνευ γνώμης φιλονικοῦντας πάσχειν· οἰόμενοι γὰρ ἐναντία λέγειν ἀλλήλοις, οὐκ αἰσθάνονται τὰ αὐτὰ πράττοντες· οὐδὲ τὸν τῶν ἑτέρων λόγον ἐν τῷ σφετέρῳ λόγῳ ἐνόντα. Σκέψασθε γὰρ ἐξ ἀρχῆς ἃ ζητοῦσιν ἑκάτεροι. Πρῶτον μὲν, ἡ πάτριος πολιτεία ταραχὴν αὐτοῖς παρέχει, ῥᾴστη γνωσθῆναι, καὶ κοινοτάτη τοῖς πολίταις οὖσα πᾶσιν. Ὁπόσα μὲν οὖν ἐκείνων τῆς ἡμετέρας γνώμης ἐστίν ἀκούειν, ἀνάγκη λέγειν τῶν παλαιοτέρων· ὁπόσα δ´ αὐτοὶ ἐπεῖδον οἱ πρεσβύτεροι, ταῦτα δὲ παρὰ τῶν εἰδότων πυνθάνεσθαι. » Τοιαύτη μὲν οὖν τις ἡ Θρασυμάχειος ἑρμηνεία, μέση τοῖν δυεῖν, καὶ εὔκρατος, καὶ εἰς ἀμφοτέρους τοὺς χαρακτῆρας ἐπίκαιρον ἀφετήριον.

Traduction française :

[3,3] III. Il est un troisième genre de style où les deux autres viennent se mêler et se confondre. Est-ce Thrasymaque de Chalcédoine, comme le croit Théophraste, qui l'a inventé et conduit au point où nous le voyons, ou bien est-ce tout autre? Je ne peux rien affirmer à cet égard. Quant aux écrivains qui l'ont adopté et qui, par leurs ouvrages, l'ont à-peu-près porté à toute sa perfection, ce sont parmi les orateurs, Isocrate d'Athènes, et parmi les philosophes, Platon, disciple de Socrate. A l'exception de Démosthène, il est difficile de trouver des écrivains qui aient mieux observé une juste mesure et donné plus heureusement à leur style les grâces et tous les ornements de l'art. Thrasymaque, dont il me reste à parler, semble avoir attaché à ce style tempéré le plus grand prix : sa diction est un sage mélange de ce qu'il y a de plus parfait dans le style élevé et dans le style simple. L'exemple suivant, qui est tiré d'une harangue politique, prouve qu'il ne s'attacha pas à un seul et même genre. « Athéniens, je voudrais vivre à cette époque et dans ces conjonctures, où il suffisait à la jeunesse de se taire, lorsqu'aucune affaire ne l'obligeait à prendre la parole, parce que la république était bien gouvernée par les vieillards. Mais une sorte de fatalité nous a fait naître dans un temps où nous ne pouvons connaître que par tradition la prospérité de la patrie; tandis que nous sommes témoins de ses désastres, et que les plus grands ne peuvent être imputés ni aux dieux, ni à la fortune, mais à nos magistrats : la nécessité me force donc à rompre le silence. Il faut être stupide ou patient à l'excès pour aller au-devant de la méchanceté du premier venu, et fournir soi-même un aliment à la perfidie et à l'injustice d'autrui. Le passé le prouve assez : c'est parce que, même au milieu des dangers, nous nous sommes jusqu'à ce moment contentés du passé, dans la crainte d'un plus triste avenir, que nous avons eu la guerre au lieu de la paix, et que, loin de vivre dans l'union, nous avons été entraînés à des haines et à de mutuelles dissensions. Les autres peuples ne s'abandonnent à de tels excès et aux divisions qu'au sein de la bonne fortune : nous, au contraire, sages dans la prospérité, nous nous livrons aux aveugles transports de la discorde dans l'adversité, qui d'ordinaire rend les hommes plus sages. Que pourra penser ou dire le citoyen accoutumé à s'affliger du sort de la patrie et à le regarder comme désespéré? Comment pourra-t-il affirmer que de semblables désastres ne viendront pas l'accabler encore ? Je prouverai d'abord que les orateurs et ceux qui délibèrent sont loin de s'entendre : ils en sont venus au point où doivent aboutir tous ceux qui ne prennent point la raison pour arbitre dans leurs discussions. Persuadés qu'ils soutiennent des opinions contraires, ils ne voient pas qu'ils pensent de la même manière, et que l'opinion de l'un est renfermée dans l'opinion de l'autre. Examinez, dans son principe, ce qu'ils veulent tous. La cause première de leurs débats, c'est la constitution de la république : elle est pourtant bien utile à connaître et commune à tous les citoyens. C'est de nos ancêtres que nous devons apprendre les choses que nous ne pouvons savoir que par tradition; quant à celles que les vieillards ont pu voir eux-mêmes, c'est à eux à nous les faire connaître, puisqu'ils en sont bien instruits. » Telle est la diction de Thrasymaque : on y trouve un heureux mélange du style élevé et du style simple; ou plutôt, c'est la limite placée entre l'un et l'autre.





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Dernière mise à jour : 4/09/2009