HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Mémoires sur les anciens orateurs, III (Démosthène)

καὶ



Texte grec :

[3,18] Ιη'. Ἡ μὲν οὖν Ἰσοκράτους λέξις ἡ κάλλιστα τῶν ἄλλων δοκοῦσα ἔχειν, τοιαύτη τίς ἐστι, πολλῶν μὲν ἕνεκα θαυμάζειν ἀξία· καθαρεύει τε γὰρ εἴ τις ἄλλη τοῖς νοήμασι, καὶ τὴν διάλεκτόν ἐστιν ἀκριβής· φανερά τ´ ἐστὶ καὶ κοινὴ· καὶ τὰς ἄλλας ἀρετὰς ἁπάσας περιείληφεν, ἐξ ὧν ἂν μάλιστα γένοιτο διάλεκτος σαφής· πολλοὺς δὲ καὶ τῶν ἐπιθέτων κόσμων ἔχει. Καὶ γὰρ ὑψηλὴ, καὶ σεμνὴ, καὶ ἀξιωματικὴ, καλλιρρήμων τε, καὶ ἡδεῖα, καὶ εὔμορφος, ἀποχρώντως ἐστίν. Οὐ μὴν τελεία γε κατὰ τοῦτο τὸ μέρος· ἀλλ´ ἔστιν ὧν ἄν τις αὐτὴν ὡς ἐλλειπόντων μέμψαιτο, καὶ οὐ, μὰ Δία, τῶν φαυλοτάτων. Πρῶτον μὲν, τῆς συντομίας· στοχαζομένη γὰρ τοῦ σαφοῦς, ὀλιγωρεῖ πολλάκις τοῦ μετρίου; ἐχρῆν δὲ ὁμοίως προνοεῖν ἀμφοτέρων. Μετὰ τοῦτο, τῆς συστροφῆς· ὑπτία γάρ ἐστι καὶ ὑπαγωγικὴ καὶ περιρρέουσα τοῖς νοήμασιν, ὥσπερ εἰσὶν αἱ τῶν ἱστορικῶν· ἡ δ´ ἐναγώνιος, στρογγύλη τε εἶναι βούλεται, καὶ συγκεκροτημένη, καὶ μηδὲν ἔχουσα κολπῶδες. Ἔτι πρὸς τούτοις κἀκεῖνα πρόσεστι τῷ ἀνδρί· ἄτολμός ἐστι περὶ τὰς τροπικὰς κατασκευὰς καὶ ψοφοδεὴς, καὶ οὐκ εἰσφέρεται τόνους κραταιούς· καίτοι γε τοῖς ἀθληταῖς τῆς ἀληθινῆς λέξεως ἰσχυρὰς τὰς ἁφὰς προσεῖναι δεῖ, καὶ ἀφύκτους τὰς λαβάς. Παθαίνειν τε οὐ δύναται τοὺς ἀκροωμένους, ὁπόσα βούλεται· τὰ πολλὰ δὲ οὐδὲ βούλεται· πείθεται δὲ ἀποχρῆν τῷ πολιτικῷ διάνοιαν ἀποδείξασθαι σπουδαίαν, καὶ ἦθος ἐπιεικές· καὶ τυγχάνει μέντοι γε τούτων ἑκατέρου· δεῖ γὰρ τἀληθῆ μαρτυρεῖν. Ἦν δὲ ἄρα πάντων ἰσχυρότατον τῷ μέλλοντι πείθειν δῆμον ἢ δικαστήριον, ἐπὶ τὰ πάθη τοὺς ἀκροατὰς ἀγαγεῖν. Οὐδὲ δὴ τοῦ πρέποντος ἐν ἅπασιν ἐπιτυγχάνει. Ἀνθηρὰν δὲ καὶ θεατρικὴν ἐκ παντὸς ἀξιῶν εἶναι τὴν διάλεκτον, ὡς τῆς ἡδονῆς ἅπαν ἐχούσης ἐν λόγοις τὸ κράτος, ἀπολείπεταί ποτε τοῦ πρέποντος. Οὐχ ἅπαντα δέ γε τὰ πράγματα τὴν αὐτὴν ἀπαιτεῖ διάλεκτον· ἀλλ´ ἔστιν ὥσπερ σώμασι πρέπουσά τις ἐσθής, οὕτως καὶ νοήμασιν ἁρμόττουσά τις ὀνομασία. τὸ δ´ ἐκ παντὸς ἡδύνειν τὰς ἀκοὰς εὐφώνων τε καὶ ἐκλεκτῶν ὀνομάτων ἐκλογῇ, καὶ πάντα ἀξιοῦν εἰς εὐρύθμους κατακλείειν περιόδων ἁρμονίας, καὶ διὰ τῶν θεατρικῶν σχημάτων καλλωπίζειν τὸν λόγον, οὐκ ἦν πανταχῇ χρήσιμον· ἀλλὰ τοῦτό γε διδάσκουσιν ἡμᾶς καὶ οἱ τὰ ἔπη, καὶ οἱ τὰς τραγῳδίας, καὶ οἱ τὰ μέλη τὰ σπουδαῖα γράψαντες, οὐ τοσαύτην ποιούμενοι τῆς ἡδονῆς δόσιν, ὅσην τῆς ἀληθείας.

Traduction française :

[3,18] XVIII. Tel est ce discours d'Isocrate, qui passe pour la plus belle de ses compositions. Il présente, en effet, des beautés du premier ordre et dignes de notre admiration. Les pensées sont bien choisies, la diction correcte, facile à comprendre et sanctionnée par l'usage; elle renferme toutes les qualités qui contribuent le plus à la clarté, et même plusieurs ornements accessoires : elle est élevée, noble, majestueuse, coulante, agréable et assez gracieuse. Toutefois, elle n'est point parfaite sous ce rapport , et l'on peut lui reprocher plusieurs défauts assez graves. D'abord, elle manque de concision : trop occupé de la clarté, l'orateur néglige souvent une juste mesure, tandis que les soins donnée à l'une ne devaient pas lui faire perdre l'autre de vue. En second lieu, elle n'est pas assez serrée : lâche et diffus, Isocrate noie les pensées dans une grande abondance de mots, et donne à son style tous les caractères du style historique; tandis que, dans les discussions du barreau, la diction doit être arrondie, rapide, et marcher sans détour. On peut dire aussi que ses figures manquent de hardiesse : il est trop circonspect, et jamais il n'a rien de cette vigueur irrésistible qui entraîne tout, tandis que l'orateur, jaloux de se former à la diction convenable aux débats animés, doit imprimer à ses paroles une énergie qui enchaîne l'âme par des liens auxquels elle ne peut échapper. Il ne sait point remuer, à son gré, les passions de l'auditeur : le plus souvent, il ne le tente pas même. Persuadé que l'éloquence civile n'exige que des pensées louables et des émotions douces, il sait employer sagement les unes et exciter à propos les autres ; je lui dois ce témoignage. Mais n'oublions pas que pour persuader la multitude dans une assemblée publique, ou les juges au barreau, il n'est point d'arme plus puissante que le pathétique. De plus, Isocrate n'observe pas toujours les convenances. Trop attentif à rendre son style fleuri et brillant, comme si la grâce seule constituait le mérite du discours, il s'éloigne quelquefois des convenances ; car le même style ne doit pas être toujours employé : de même que chaque personne doit avoir un vêtement particulier, de même chaque pensée demande une diction qui lui soit assortie. Il n'est pas toujours nécessaire de charmer l'oreille, de choisir les mots les plus harmonieux et les plus coulants, de renfermer les pensées dans des périodes cadencées, ou de rechercher les ornements qui ne sont faits que pour le théâtre. Pour s'en convaincre, il suffit d'étudier les poètes épiques, tragiques ou lyriques : ils attachent moins de prix à la grâce qu'au naturel.





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Dernière mise à jour : 4/09/2009