[10,44] Ταῦθ´ ὁρῶσι τοῖς ὑπάτοις ἐδόκει μηκέτι
διατρίβειν τὸν πόλεμον. ἦν δ´ ἐν ἐκείναις ταῖς ἡμέραις
ἡ τοῦ πολεμεῖν ἐξουσία Ῥωμιλίῳ προσήκουσα, καὶ ὁ
τὸ σύνθημα διδοὺς καὶ εἰς τάξιν καθιστὰς ἄρχειν τε
καὶ παύεσθαι μάχης τὸν καιρὸν ταμιεύων ἐκεῖνος ἦν·
ὃς ἐπειδὴ τὰ σημεῖα ἐκέλευσεν ἀρθῆναι ἐκ τῆς μάχης
καὶ προῆγεν ἐκ τοῦ χάρακος τὸν στρατόν, τοὺς μὲν
ἄλλους ἔτασσεν ἱππεῖς τε καὶ τοὺς πεζοὺς κατὰ σπείρας
ἐν τοῖς ἐπιτηδείοις ἑκάστους τόποις, τὸν δὲ Σίκκιον
καλέσας λέγει· Ἡμεῖς μέν, ὦ Σίκκιε, μαχούμεθα τοῖς
πολεμίοις ἐνθάδε, σὺ δ´ ἐν ὅσῳ μέλλομεν ἔτι καὶ
παρασκευαζόμεθα τὰ πρὸς τὸν ἀγῶνα ἀμφότεροι, χώρει
τὴν πλαγίαν ἐκείνην ὁδὸν ἐπὶ τὸ ὄρος, ἔνθα ἡ τῶν
πολεμίων ἐστὶ παρεμβολή, καὶ μάχην τίθεσο πρὸς τοὺς
ἐν τῷ χάρακι, ἵν´ ἢ περὶ τῷ φρουρίῳ δείσαντες οἱ
πρὸς ἡμᾶς μαχόμενοι καὶ βοηθεῖν προθυμούμενοι νῶτά
τε δείξωσι καὶ εὐκατέργαστοι γένωνται, καθάπερ εἰκὸς
ἐν ἀναχωρήσει ταχείᾳ, καὶ εἰς μίαν ὁδὸν ἅπαντες βιαζόμενοι, ἢ μένοντες αὐτόθι τὸν
χάρακα ἀποβάλωσιν.
οὔτε γὰρ ἡ φυλάττουσα αὐτὸν δύναμις ἀξιόμαχός
ἐστιν, ὡς εἰκάσειεν ἄν τις, ἐπὶ τῷ ἐρυμνῷ τοῦ τόπου
δοκοῦσα εἶναι πᾶν τὸ ἀσφαλές· ἥ τε ἅμα σοι δύναμις
ἀποχρῶσα γένοιτ´ ἄν, ἄνδρες ὀκτακόσιοι πολλῶν ἀθληταὶ πολέμων, τεταραγμένους
σκηνοφύλακας ἀπροσδόκητοι προσπεσόντες τῷ τολμηρῷ ἑλεῖν. καὶ ὁ Σίκκιος
ἔφησεν· Ἀλλ´ ἔγωγε ἅπαντα μὲν ἕτοιμος ὑπηρετεῖν·
τὸ μέντοι ἔργον οὐ ῥᾴδιον ὥσπερ σοι δοκεῖ. ὑψηλή
τε γὰρ ἡ πέτρα καὶ ἀπότομος, ἐφ´ ἧς ὁ χάραξ, ὁδόν
τε οὐδεμίαν ὁρῶ φέρουσαν ἐπ´ αὐτοὺς ἔξω τῆς μιᾶς,
ᾗ καταβήσονται οἱ πολέμιοι πρὸς ἡμᾶς, φυλακήν τ´
εἰκὸς ἀξιόμαχον εἶναι ἐν αὐτῇ· κἂν ὀλίγη δὲ πάνυ καὶ
φαύλη τις οὖσα τύχῃ, πρὸς πολλῷ πλείονα ἢ τὴν σὺν
ἐμοὶ δύναμιν ἀντέχειν οἵα τε ἔσται, τό τε χωρίον αὐτὸ
παρέξει τῇ φυλακῇ τοῦ μὴ ἁλώσεσθαι τὸ ἀσφαλές.
ἀλλὰ μάλιστα μὲν ἀνάθου τὴν γνώμην - ἡ πεῖρα γὰρ
ἐπισφαλής - εἰ δὲ πάντως ἔγνωσταί σοι δύο τίθεσθαι
μάχας ἐν ἑνὶ καιρῷ, δύναμιν ἀξιόχρεων ἀνδρῶν ἐπιλέκτων τάξον ἀκολουθεῖν μοι
σὺν τοῖς πρεσβυτέροις.
οὐ γὰρ κλέψοντες τὸ χωρίον, ἀλλὰ βίᾳ καὶ φανερῶς
ἐξελοῦντες ἄνιμεν.
| [10,44] XXXII. Les consuls piqués d'honneur, furent d'avis de ne pas différer plus longtemps à tenter le hasard d'une action générale. Ces jours-là Romilius avait le commandement de l'armée. C'était lui qui donnait le mot du guet, qui rangeait les troupes en bataille, qui marquait le temps de commencer et de finir le combat. Ce consul ordonne qu'on lève l'étendard, il fait sortir son armée des retranchements. Il poste les troupes par cohortes, tant infanterie que cavalerie, dans les endroits convenables.
XXXIII. Toutes choses ainsi disposées, il fait venir Siccius, et lui parle en ces termes.
« Nous allons rester ici pour livrer bataille aux ennemis : pour vous, Siccius, pendant que les deux armées se disposent au combat, montez par ce chemin détourné sur la montagne où les ennemis ont leur camp, et livrez bataille à la garnison qui le garde. Par cette manœuvre l'ennemi à qui nous aurons affaire, sera contraint de quitter prise : il craindra pour ses retranchements ; il se pressera de les secourir, et se renfermant dans un chemin étroit, comme il arrive ordinairement dans une retraite précipitée, il nous facilitera les moyens de le défaire avec avantage s'il nous tourne le dos, ou au moins de nous emparer de ses lignes, s'il reste ici pour nous faire tête. En effet la garnison que les Aeques ont laissé dans leurs retranchements, n'est pas suffisante pour soutenir l'assaut, comme on le peut conjecturer de ce qu'ils semblent mettre toute leur confiance dans la situation avantageuse de leur poste. D'ailleurs votre troupe composée de huit cents hommes, tous vieux soldats qui ont acquis beaucoup d'expérience dans plusieurs guerres, épouvantera la garnison du camp par sa hardiesse à affronter les périls, et viendra facilement à bout d'un petit nombre de soldats qui seront consternés dès qu'ils vous verront paraître. »
XXXIV. « Pour moi, répartit Siccius, je suis prêt à exécuter vos ordres: mais ce que vous me commandez n'est pas si facile que vous le pourriez croire. Le camp des ennemis est sur un rocher haut et escarpé : je ne vois qu'un seul chemin pour y aller, et c'est justement par ce chemin que les Aeques tomberont sur nous. D'ailleurs, quelle apparence qu'ils n'aient pas laissé une garnison suffisante dans le camp? Mais quand même cette garnison serait aussi faible que vous le dites, elle est toujours capable de résister à une plus forte troupe que n'est la mienne, outre que la situation du poste, la met tellement en sureté qu'elle ne peut y être forcée. Vous ferez donc mieux de changer de dessein : celui que vous me proposez, est trop hasardeux dans l'exécution. Si néanmoins vous avez absolument résolu de livrer deux combats en même temps, donnez moi une troupe de gens choisis pour appuyer mes vieux soldats. Ce secours est nécessaire, puisqu'il ne s'agit pas d'attaquer le camp des ennemis par surprise, mais à force ouverte. »
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