[10,4] Μετὰ δὲ ταῦτα οἵ τε ὕπατοι καὶ τῶν πατρικίων
οἱ πλεῖστον δυνάμενοι τραχύτερον ἤδη αὐτῶν
προσιόντες καθήπτοντο λέγοντες, ὡς οὐκ ἐπιτρέψουσιν
αὐτοῖς νόμους εἰσηγεῖσθαι καὶ τούτους ἀπροβουλεύτους.
συνθήκας γὰρ εἶναι κοινὰς πόλεων τοὺς νόμους, οὐχὶ
μέρους τῶν ἐν ταῖς πόλεσιν οἰκούντων. τοῦ τε πονηροτάτου
ὀλέθρου καὶ ἀνηκέστου καὶ οὐδ´ εὐσχήμονος
ἀρχὴν ἀπέφαινον εἶναι πόλεσί τε καὶ οἴκοις, ὅταν τὸ
κάκιστον τῷ κρατίστῳ νομοθετῇ. Ποίαν δὲ ὑμεῖς,
ἔφασαν, ὦ δήμαρχοι, νόμων εἰσφορᾶς ἢ ἀναιρέσεως
ἐξουσίαν ἔχετε; οὐκ ἐπὶ ῥητοῖς μὲν δικαίοις ταύτην
τὴν ἀρχὴν παρὰ τῆς βουλῆς ἐλάβετε, τοῖς δ´ ἀδικουμένοις
ἢ κατισχυομένοις τῶν πενήτων βοηθεῖν ᾐτήσασθε
τοὺς δημάρχους, ἄλλο δὲ μηδὲν πολυπραγμονεῖν; εἰ δ´
οὖν καὶ πρότερον ἦν τις ὑμῖν δύναμις, ἣν οὐκ ἐκ τοῦ
δικαίου βιασάμενοι ἡμᾶς ἐλάβετε, ὑποκατακλινομένης
ἑκάστῳ πλεονεκτήματι τῆς βουλῆς, οὐχὶ καὶ ταύτην
νῦν ἀπολωλέκατε τῇ μεταβολῇ τῶν ἀρχαιρεσιῶν; οὔτε
γὰρ βουλῆς δόγμα ὑμᾶς οὐκέτι ἀποδείκνυσιν ἐπὶ τὴν
ἀρχήν, οὔτε αἱ φρᾶτραι τὴν ψῆφον ὑπὲρ ὑμῶν ἐπιφέρουσιν,
οὔτε ἱερὰ προθύεται τοῖς θεοῖς πρὸ τῶν
ἀρχαιρεσιῶν, ἃ κατὰ νόμους ἐχρῆν ἐπιτελεῖσθαι, οὔτε
ἄλλο τῶν πρὸς τοὺς θεοὺς εὐσεβῶν ἢ πρὸς ἀνθρώπους
ὁσίων οὐθὲν ἐπὶ τῆς ἀρχῆς τῆς ὑμετέρας γίνεται.
τίνος οὖν ὑμῖν ἔτι μέτεστι τῶν ἱερῶν καὶ σεβασμοῦ
δεομένων, ὧν ἕν τι καὶ ὁ νόμος ἦν, ἐξαρνησαμένοις
ἅπαντα τὰ νόμιμα; Ταῦτά τε δὴ τοῖς δημάρχοις ἔλεγον
οἱ πρεσβύτεροι καὶ οἱ νέοι αὐτῶν καθ´ ἑταιρίας διεξιόντες ἀνὰ
τὴν πόλιν καὶ τοὺς μὲν ἐπιεικεστέρους τῶν
δημοτῶν ὁμιλίαις ἀνελάμβανον κεχαρισμέναις, τοὺς δ´
ἀπειθεῖς καὶ ταραχώδεις ἀπειλαῖς κατεπλήττοντο κινδύνων,
εἰ μὴ συμφρονήσειαν· ἤδη δέ τινας τῶν πάνυ
ἀπόρων καὶ ἀπερριμμένων, οἷς οὐθενὸς τῶν κοινῶν
παρὰ τὰ ἴδια κέρδη φροντὶς ἦν, παίοντες ὥσπερ ἀνδράποδα ἀνεῖργον
ἐκ τῆς ἀγορᾶς.
| [10,4] V. Les consuls et les plus puissants des patriciens commencent alors à traiter les tribuns avec plus de hauteur. Ils de plaignent ouvertement de leur procédé: ils protestent qu'ils ne leur permettront jamais d'introduire de nouvelles lois, principalement celles qui n'auront pas encore passé par les délibérations du sénat, que les lois font une espèce de convention de toute une ville, et non pas seulement d'une partie de ses citoyens, et que c'est le commencement de la ruine non seulement la plus certaine {et la plus inévitable,} mais encore la plus honteuse et des villes et des familles, quand la partie la plus méchante prescrit des lois à la meilleure et à la plus saine.
« Quel est donc votre pouvoir, disaient- ils, quel droit avez-vous, vous autres tribuns, ou de faire les lois, ou de les abolir? Votre puissance n'est-elle pas une émanation de celle du sénat? Ne l'avez-vous pas reçue à de certaines conditions ? N'avez-vous pas demandé que les tribuns eussent droit de secourir les pauvres à qui on ferait quelque injustice ou violence, à condition qu'ils n'entreprendraient rien de plus? Si donc vous avez eu ci-devant une autorité extorquée du sénat par la force et contre toute justice, ne l'avez-vous pas perdue aujourd'hui en changeant la discipline observée de tous temps dans les comices. En effet, ce n'est plus un décret du sénat qui vous constitue en dignité ; les curies ne donnent plus leurs suffrages pour vous y confirmer, vous n'offrez point aux dieux les sacrifices prescrits par les lois avant que de tenir vos assemblées, en un mot, dans vos élections vous n'observez plus aucune des cérémonies qui peuvent inspirer des sentiments de religion envers les dieux, ou marquer le respect qui est dû aux coutumes établies par les hommes. Pourquoi donc vous mêlez-vous encore de la religion et des saintes cérémonies du culte divin, du nombre desquelles sont les lois mêmes ? Pourquoi, dis-je, vous en mêlez-vous, vous qui avez renoncé à tout droit divin et humain ; vous qui foulez aux pieds toute justice ? »
VI. Voilà les reproches que les patriciens, tant jeunes que vieux, ne cessaient de faire aux tribuns : ils allaient çà et là par bandes, et répandaient ces discours dans tous les quartiers de la ville. D'un autre côté ils n'oubliaient rien pour gagner le cœur des citoyens. Ils s'insinuaient dans les esprits par des discours agréables et flatteurs, et mettaient dans leur parti les plus raisonnables et les plus modérés des citoyens. Ils épouvantaient en même temps les plus séditieux et les plus entêtés. Ils ne cessaient de les menacer des plus terribles malheurs, s'ils ne devenaient plus sages et plus soumis. Ils en vinrent même jusqu'à chasser de la place publique et à frapper comme de vils esclaves les plus pauvres des citoyens, qui n'avaient en vue que leurs intérêts particuliers, et qui s'embarrassaient peu de ceux de la république.
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