[10,13] Ταῦτα τὰ βουλεύματα ἦν αὐτῶν, ὦ βουλή,
καὶ τὸν μεταξὺ χρόνον ὃν ἑωρᾶτε συνεδρεύοντας αὐτούς, οὗτος ὁ δόλος ὑπ´ αὐτῶν
ὑφαίνετο ἐπὶ τοῖς
ἀρίστοις ὑμῶν, καὶ τοῦτο τὸ δίκτυον κατὰ τῶν εὐγενεστάτων ἱππέων ἐπλέκετο. καὶ
ὅτι ἀληθῆ ταῦτ´
ἐστί, βραχέος μοι πάνυ δεῖ λόγου. φέρε γὰρ εἴπατε
μοι, Οὐεργίνιε, οἱ τὰ δεινὰ πεισόμενοι, παρὰ τίνων
ἐδέξασθε τὰ γράμματα ξένων; τῶν ποῦ κατοικούντων,
ἢ πόθεν ὑμᾶς εἰδότων, ἢ πῶς τἀνθάδε συνεδρευόμενα
ἐπισταμένων; τί ἀναβάλλεσθε καὶ μετὰ ταῦτ´ ἐρεῖν
αὐτοὺς ὑπισχνεῖσθε, ἀλλ´ οὐ πάλαι λέγετε; τίς δ´ ὁ
τὰ γράμματα κομίσας ὑμῖν ἀνήρ ἐστι; τί οὐ κατάγετε
αὐτὸν εἰς μέσον, ἵν´ ἀπ´ ἐκείνου πρῶτον ἀρξώμεθα
ζητεῖν, εἴτε ἀληθῆ ταῦτ´ ἐστίν, εἴτε ὡς ἐγώ φημι
πλάσματα ὑμέτερα; αἱ δὲ δὴ συνᾴδουσαι τοῖς ξενικοῖς
γράμμασι μηνύσεις παρὰ τῶν ἐνθάδε τίνες τ´ εἰσὶ καὶ
ὑπὸ τίνων γενόμεναι; τί κρύπτετε τὰς πίστεις, ἀλλ´
οὐκ εἰς τὸ ἐμφανὲς ἄγετε; ἀλλ´ οἶμαι τῶν μήτε γενομένων μήτε ἐσομένων ἀδύνατον
εὑρεθῆναι πίστιν.
ταῦτ´ ἐστίν, ὦ βουλή, μηνύματα οὐ κατὰ τούτων συνωμοσίας, ἀλλὰ καθ´ ὑμῶν δόλου
καὶ πονηρᾶς γνώμης,
ᾗ κέχρηνται κρύψαντες οὗτοι· τὰ γὰρ πράγματα αὐτὰ
βοᾷ. αἴτιοι δ´ ὑμεῖς οἱ τὰ πρῶτα ἐπιτρέψαντες αὐτοῖς
καὶ τὸ ἀνόητον τῆς ἀρχῆς μεγάλῃ καθοπλίσαντες ἐξουσίᾳ, ὅτε Κοίντιον Καίσωνα τῷ
παρελθόντι ἐνιαυτῷ
κρίνειν ἐπ´ αἰτίαις ψευδέσιν εἰάσατε, καὶ τοσοῦτον
φύλακα τῆς ἀριστοκρατίας ἀναρπαζόμενον ὑπ´ αὐτῶν
περιείδετε. τοιγαροῦν οὐκέτι μετριάζουσιν οὐδὲ καθ´
ἕνα τῶν εὐγενῶν περικόπτουσιν, ἀλλ´ ἀθρόους ἤδη
περιβαλόντες τοὺς ἀγαθοὺς ἐλαύνουσιν ἐκ τῆς πόλεως·
καὶ πρὸς τοῖς ἄλλοις κακοῖς οὐδ´ ἀντειπεῖν αὐτοῖς
ἀξιοῦσιν οὐθένα ὑμῶν, ἀλλ´ εἰς ὑποψίας καὶ διαβολὰς
ἄγοντες ὡς κοινωνοῦντα τῶν ἀπορρήτων δεδίττονται
καὶ μισόδημον εὐθὺς εἶναί φασι, καὶ προλέγουσιν
ἥκειν ἐπὶ τὸν δῆμον ὑφέξοντα τῶν ἐνθάδε ῥηθέντων
δίκας. ἀλλ´ ὑπὲρ μὲν τούτων ἕτερος ἔσται καιρὸς
ἐπιτηδειότερος τοῖς λόγοις, νυνὶ δὲ συντεμῶ τὸν λόγον
καὶ παύσομαι τὰ πλείω διατεινόμενος· φυλάττεσθαι
ὑμῖν παραινῶ τούσδε τοὺς ἄνδρας ὡς συνταράττοντας
τὴν πόλιν καὶ μεγάλων ἐκφέροντας ἀρχὰς κακῶν καὶ
οὐκ ἐνθάδε μὲν ταῦτα λέγω, πρὸς δὲ τὸν δῆμον ἀποκρύψομαι, ἀλλὰ κἀκεῖ παρρησίᾳ
δικαίᾳ χρήσομαι,
διδάσκων ὡς οὐδὲν αὐτοῖς ἐπικρέμαται δεινόν, ὅτι μὴ
κακοὶ καὶ δόλιοι προστάται πολεμίων ἔργα ἐν προσποιήματι φίλων διαπραττόμενοι.
Ταῦτ´ εἰπόντος τοῦ
ὑπάτου κραυγή τε καὶ πολὺς ἔπαινος ἐκ τῶν παρόντων ἐγένετο, καὶ οὐδὲ λόγου τοῖς
δημάρχοις ἔτι
μεταδόντες διέλυσαν τὸν σύλλογον. ἔπειθ´ ὁ μὲν
Οὐεργίνιος ἐκκλησίαν συναγαγὼν κατηγόρει τῆς τε
βουλῆς καὶ τῶν ὑπάτων, ὁ δὲ Κλαύδιος ἀπελογεῖτο
τοὺς αὐτοὺς λόγους διεξιών, οὓς εἶπεν ἐπὶ τῆς βουλῆς. οἱ μὲν οὖν ἐπιεικέστεροι τῶν
δημοτικῶν κενὸν
ὑπώπτευον εἶναι τὸν φόβον, οἱ δ´ εὐηθέστεροι πιστεύοντες ταῖς φήμαις ἀληθῆ· ὅσοι
δὲ κακοήθεις ἦσαν
ἐν αὐτοῖς καὶ μεταβολῆς ἀεὶ δεόμενοι, τοῦ μὲν ἐξετάζειν τἀληθὲς ἢ ψεῦδος οὐκ εἶχον
πρόνοιαν, ἀφορμὴν
δὲ διχοστασίας ἐζήτουν καὶ θορύβου.
| [10,13] IX. Tel était, Messieurs, leur dessein : voilà ce qu'ils machinaient contre les premières têtes de l'ordre respectable des sénateurs et des chevaliers pendant tout le temps que vous les avez vus tenir séance et délibérer ente eux. Il ne faut pas un long discours pour vous faire voir que ce que j'avance est véritable. Dites-nous, Virginius, et vous tous qui vous croyez menacés de si grands périls, qui sont ces étrangers de qui vous avez reçu des lettres ? Dans quel pays demeurent-ils ? D'où vous connaissent- ils? Comment ont-ils su les délibérations et les complots qu'on fait ici ? Que différez-vous de le dire ? Pourquoi promettre de les nommer bientôt ? Ne devriez-vous pas déjà l'avoir fait ? Mais qui est celui qui vous a donné ces lettres ? Que ne le produisiez-vous en plein sénat, afin que nous commencions par lui demander si ce que vous dites est fondé sur la vérité, ou si c'est un de vos stratagèmes, comme je m'en doute ? Et ces indices que vous prétendez avoir au dedans, qui, selon vous, s'accordent entièrement à ce qu'on vous mande par vos lettres, de quelle nature sont-ils ? Qui est-ce qui vous les a donnés ? Pourquoi ne pas produire vos preuves ? A quoi sert-il de les tenir secrètes ? Je vois votre embarras : c'est qu'il est impossible de trouver des preuves, d'une chose qui n'est point et qui ne sera jamais.
X. Voila, Messieurs, des indices, non pas d'une conjuration formée contre les tribuns, mais de leur mauvaise intention et des pièges secrets qu'ils nous tendent, la chose parle d'elle-même. Mais vous en êtes la cause: prenez-vous en donc à vous mêmes, vous qui leur en avez tant souffert d'abord, vous qui avez armé de tant de pouvoir la fureur de ces magistrats, vous qui leur avez permis l'an passé de juger Caeson Quintius sur de fausses accusations ; vous enfin qui vous êtes laissé enlever dans la personne de ce jeune patricien, le plus grand défenseur de l'Aristocratie. C'est pour cela qu'ils ne gardent plus aucunes mesures : ils n'en veulent pas seulement à quelque noble en particulier, ils attaquent tout le corps des patriciens : ils ne seront point contents qu'ils n'aient chassé de Rome tous les gens de bien. Mais ce qu'il y a de plus criant, c'est qu'ils ne peuvent souffrir que nous leur résistions. Ils nous ferment la bouche, ils nous intimident, et le premier qui ose se déclarer contre eux, ils le rendent suspect, ils le calomnient, ils l'épouvantent par leurs menaces, ils l'accusent d'être complice des plus noires intrigues, ils le traitent d'ennemi du peuple, ils l'assignent à comparaître à son tribunal et à rendre compte de ce qui a été dit dans vos assemblées. Mais il viendra quelque occasion plus favorable pour parler de cette matière. Quant à présent j'abrégerai le discours, et je ne m'étendrai pas davantage à contester. Je vous conseille d'observer les tribuns comme des perturbateurs du repos public ; défiez-vous d'eux, éclairez leur conduite de peur qu'ils ne jettent les semences de quelque grand malheur. Ce que je déclare en votre présence, je ne le cacherai pas au peuple : je lui dirai la même chose en pleine assemblée avec une entière liberté, et je lui ferai voir qu'il n'est menacé d'aucun péril, si ce n'est de la part de ses magistrats, esprits fourbes et trompeurs, qui sous les apparences d'un zèle ardent pour le bien public, cachent la haine la plus outrée. »
XI. Ce discours du consul fut suivi des acclamations de tout le sénat : on le combla de louanges, et sans laisser parler les tribuns, on renvoya l'assemblée. Virginius ayant convoqué le peuple, se déchaîne fortement contre le sénat et contre les consuls. Claudius lui répond sur le champ, et répète le même discours qu'il avait prononcé dans le sénat. Les plus raisonnables d*entre les plébéiens, s'aperçoivent alors qu'on veut les intimider par de vaines terreurs, tandis que les plus légers et les moins sensés se confirment dans leur première opinion, persuadés que les faux bruits qu'on a répandus sont autant de vérités. Les plus médians citoyens qui ne demandaient que le changement, profitaient volontiers de cette occasion pour exciter des troubles et pour allumer le feu de la sédition, sans de mettre en peine d'éclaircir le fait, ou d'examiner si leur crainte était bien fondée.
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