[10,11] Ἐν τοσούτῳ δὴ κινδύνῳ σαλεύοντες ἱκέται
γινόμεθα ὑμῶν, ὦ πατέρες, ἐπισκήπτοντες θεούς τε
καὶ δαίμονας, οἷς κοινῇ θύομεν, καὶ πολέμων ὑπομιμνήσκοντες, οὓς πολλοὺς καὶ
μεγάλους σὺν ὑμῖν
ἠράμεθα, μὴ περιιδεῖν ὠμὰ καὶ ἀνόσια ὑπὸ τῶν
ἐχθρῶν παθόντας ἡμᾶς, ἀλλ´ ἐπαμῦναί τε καὶ συναγανακτῆσαι τιμωρίας ἡμῖν
συνεισπράξαντας παρὰ τῶν
ταῦτα βουλευσαμένων τὰς προσηκούσας, μάλιστα μὲν
παρὰ πάντων, εἰ δὲ μή γε, παρὰ τῶν ἀρξάντων τῆς
ἀθεμίτου συνωμοσίας. πρῶτον δὲ πάντων ἀξιοῦμεν
ὑμᾶς, ὦ βουλή, ψηφίσασθαι πρᾶγμα, ὅπερ ἐστὶ δικαιότατον, τὴν ὑπὲρ τῶν
μηνυομένων ζήτησιν ὑφ´ ἡμῶν
τῶν δημάρχων γίνεσθαι. χωρὶς γὰρ τοῦ δικαίου καὶ
ἀκριβεστάτας ἀνάγκη γίνεσθαι ζητήσεις, ἃς ἂν οἱ κινδυνεύοντες ὑπὲρ αὑτῶν
ποιήσωνται. εἰ δέ τινες ὑμῶν
εἰσιν οἷοι μηδὲ καθ´ ἓν εὐγνωμονεῖν, ἀλλὰ πρὸς ἅπαντας τοὺς ὑπὲρ τοῦ δήμου
λέγοντας ἀντιτάττεσθαι,
ἡδέως ἂν πυθοίμην παρ´ αὐτῶν, ἐπὶ τῷ δυσχεραίνουσι τῶν ἀξιουμένων καὶ τί
μέλλουσιν ὑμᾶς πείθειν·
πότερα μηδεμίαν ποιεῖσθαι ζήτησιν, ἀλλ´ ὑπεριδεῖν
ἔργον οὕτω μέγα καὶ μιαρὸν ἐπὶ τῷ δήμῳ συνιστάμενον; καὶ τίς ἂν τοὺς ταῦτα
λέγοντας ὑγιαίνειν
φήσειεν, ἀλλ´ οὐχὶ συνδιεφθάρθαι καὶ κοινωνεῖν τῆς
συνωμοσίας, ἔπειτα ὑπὲρ αὑτῶν δεδιότας, ἵνα μὴ
γένωνται καταφανεῖς, ἀποσπεύδειν τὴν τῆς ἀληθείας
ἐξέτασιν; οἷς οὐκ ἂν δικαίως προσέχοιτε δήπου τὸν
νοῦν. ἢ τῆς διαγνώσεως τῶν μηνυομένων οὐχ ἡμᾶς
εἶναι κυρίους ἀξιώσουσιν, ἀλλὰ τὴν βουλὴν καὶ τοὺς
ὑπάτους; τί οὖν τὸ κωλύον ἔσται τὸ αὐτὸ τοῦτο καὶ
τοὺς προεστηκότας τοῦ δήμου λέγειν, ἐάν τινες ἐκ
τῶν δημοτικῶν ἐπὶ τοῖς ὑπάτοις καὶ τῇ βουλῇ συστάντες πράττωσι τὴν τοῦ συνεδρίου
κατάλυσιν, ὅτι τὴν
περὶ τῶν δημοτῶν ἐξέτασιν αὐτοὺς δίκαιόν ἐστι ποιεῖσθαι τοὺς ἀνειληφότας τὴν τοῦ
δήμου φυλακήν; τί
οὖν ἐκ τούτου συμβήσεται; μηδεμίαν πώποτε γενέσθαι ζήτησιν περὶ μηθενὸς
πράγματος ἀπορρήτου.
ἀλλ´ οὔθ´ ἡμεῖς ἂν ταῦτ´ ἀξιώσαιμεν· ὕποπτος γὰρ
ἡ φιλοτιμία· ὑμεῖς τ´ οὐκ ἂν ὀρθῶς ποιοῖτε τοῖς τὰ
ὅμοια ἀξιοῦσι καθ´ ἡμῶν προσέχοντες τὸν νοῦν, ἀλλὰ
κοινοὺς ἡγούμενοι τῆς πόλεως ἐχθρούς. οὐδενὸς μέντοιγε, ὦ βουλή, τοῖς πράγμασιν
ὡς τάχους δεῖ. ὁ
γὰρ κίνδυνος ὀξύς, καὶ ἡ μέλλησις τῆς ἀσφαλείας
ἄωρος ἐν οὐ μέλλουσι δεινοῖς. ὥστ´ ἀφέντες τὸ φιλονεικεῖν καὶ λόγους διεξιέναι
μακροὺς ψηφίσασθε ὅ τι
ἂν δοκῇ κοινῇ συμφέρειν ἤδη.
| [10,11] VI. Dans ce danger évident qui nous menace, nous nous adressons à vous, Pères conscrits. Nous vous conjurons par les dieux et par les génies auxquels nous faisons les mêmes sacrifices, et par le souvenir de tant de guerres importantes que nous avons soutenues avec vous, de ne nous pas abandonner. Ne souffrez pas que nos ennemis exercent sur nous leur cruauté. Ne nous livrez pas à la rage de ces impies qui nous persécutent. Secourez-nous plutôt : aidez-nous à tirer une juste vengeance de ceux qui ont formé une si détestable entreprise. Que pas un de ces scélérats ne nous échappe, ou qu'au moins les principaux chefs de la conjuration portent la peine due à leurs crimes. La première grâce que nous vous demandons, Messieurs, c'est d'ordonner qu'il soit informé par les tribuns contre les coupables, et qu'ils se règlent sur les indices qu'on leur a déjà donnés. N'est-il pas juste en effet, et même nécessaire, que ceux-là mêmes qui sont en danger de leur vie, fassent d'exactes informations sur le péril qui les menace ? S'il y en a quelques-uns parmi vous, qui peu disposés à embrasser le sentiment des autres, aient résolu de se déclarer contre tous ceux qui parleront en faveur du peuple, je voudrais bien leur demander ce qui leur fait peine dans notre requête, et quel parti ils nous conseillent de prendre. Prétendent-ils que sans faire les informations nécessaires, nous devons dissimuler une horrible conjuration qu'on a formée contre le peuple ? Mais peut-on se persuader, que ceux qui parlent de la sorte, aient l'esprit sain ? Qui ne croirait au contraire, qu'ils se sont laissés corrompre que complices de la conjuration, s'ils empêchent qu'on n'informe plus amplement, c'est qu'ils craignent pour eux-êmes, et qu'ils appréhendent qu'on ne les découvre? Vous feriez donc très mal de les écouter. Peut-être prétendent-ils que ce n'est pas à nous, mais au sénat et aux consuls, à prendre connaissance de ce qu'on nous a déjà découvert de la conjuration. Que si leurs prétentions sont justes, qu'est ce qui empêchera les magistrats du peuple de s'appuyer sur les mêmes raisons, lorsque quelques-uns des plébéiens portant l'insolence jusqu'à se révolter contre les consuls et contre la magistrature, entreprendront d'abolir l'ordre des sénateurs? Les tribuns, dis-je, ne pourront-ils pas soutenir qu'il est juste que ceux qui sont chargés de protéger le peuple, prennent connaissance des affaires qui regardent les plébéiens? Mais qu'arriverait-il de là, sinon que jamais on ne pourrait faire d'informations sur une intrigue pour peu qu'elle fût secrète ? Pour nous, nous sommes bien éloignés d'avoir de semblables prétentions qui ne pourraient manquer de nous rendre suspects. C'est à vous à voir si vous devez écouter des gens qui veulent vous engager à en user ainsi à notre égard, ou s'il faut les regarder comme les ennemis communs de la république. Au reste, Messieurs, rien n'est plus nécessaire qu'une prompte diligence dans l'affaire dont il s'agit, le danger est pressant. Dans des maux qui font à chaque moment de nouveaux progrès, le délai n'est pas de saison, les retardements sont dangereux, il faut prendre ses sûretés, et chercher un prompt remède. C'est pourquoi laissez là les disputes et les longs discours : ordonnez tout présentement ce qui vous paraîtra de plus utile à l'état. »
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